Le salon international de l’agriculture (SIA) a revu sa copie. Pour la première fois, les organisateurs ont mis en place des modèles de discussion avec la presse régionale. L’occasion de mettre en avant que les 18 Régions seront représentées. Côté chiffres, le SIA annonce également 8 Départements, 142 stands (transformateurs, distributeurs, producteurs…) et une centaine d’éleveurs.
Les cornichons de retour
La thématique cette année ? « L’agriculture, cette fierté française. » « Le monde agricole va de sursauts en crises depuis de nombreuses années. Le tableau est plus noir, pose le directeur du Centre des expositions agricoles (Ceneca), Arnaud Lemoine. La fierté française est une façon de soutenir. Il faut de la passion et de l’engagement pour faire ce métier. Mais il y a du positif et collectivement, nous pouvons relever cette agriculture. La fierté française, c’est aussi pouvoir produire tout et partout. Les champignons, les cornichons… reviennent en France ! »
Cette année, sur l’affiche, une nouvelle vache sera mise en valeur, mais elle ne sera pas seule. « Il y aura aussi l’éleveur pour mettre également en avant l’humain, le savoir-faire, les métiers. » Et troisième nouveauté, un pays sera à l’honneur, pour la première fois après soixante ans d’existence du salon : le Maroc. « L’international avait été un peu délaissé. » Le ministre de l’agriculture du pays conduira une délégation d’une centaine de personnes du 22 février au 2 mars à Paris.
« Une des valeurs fondamentales du SIA est la pédagogie », poursuit Arnaud Lemoine. 1 % des Français viennent au salon, soit 600 à 620 000 visiteurs chaque année. « Nous remarquons une catégorie grandissante de personnes qui viennent avec des questions averties : la traçabilité, la sécurité alimentaire, des questions sur comment sont élevées les vaches, qu’est-ce qu’elles mangent, comment est géré l’abattage… ? »
Le Lorrain constate : « On voit arriver un public de jeunes urbains qui n’ont jamais vu une vache, un cochon, un cheval de près… Aujourd’hui, il y a moins de 360 000 agriculteurs dans le pays. Leur quotidien est moins évoqué. Et dans les villages français, de moins en moins d’habitants interrogent l’agriculteur à côté de chez eux sur son quotidien. » Au salon, « il n’y a pas de filtre. Le rôle du salon est de répondre à ces questions, de montrer les évolutions. Si on commence à s’expliquer et échanger, c’est le début de la compréhension ».
Si le SIA accueille le grand public, il accorde une place importante aussi aux professionnels. « Nous passons à une professionnalisation des professionnels, nous voulons avoir une valeur ajoutée. » Les organisateurs souhaitent aussi que les exposants puissent faire du business, vendre leurs produits ailleurs…
« En 2023, il y a eu un after. Ce sont des images que nous ne voulons pas revoir », enchaîne Valérie Le Roy, directrice de la communication du SIA. L’an dernier, un code de conduite a été créé : respect du vivre ensemble, des animaux et de l’environnement dans cette grande ville éphémère qui est ouverte presque un mois. Les 4 000 animaux, les 12 000 personnes qui travaillent sur place chaque jour, doivent pouvoir être sereins. « Nous voulons conserver le caractère festif mais gommer les excès. Toutes les populations doivent être accueillies confortablement pour faire leur visite. »
Des règles pour les politiques
Cette année, une charte a été mise en place à destination des politiques pour faciliter le déroulé du salon. « Nous avons accueilli plus de 80 visites de politiques l’an dernier. Une délégation de 25 personnes maximum sur une seule journée est raisonnable pour un salon comme le nôtre, après ça devient vite un bouchon sur le périphérique parisien. » Arnaud Lemoine dit ne rien vouloir bloquer mais mieux organiser le salon pour que tout le monde soit à l’aise. « La charte sera envoyée avant le salon mais il n’y a rien de révolutionnaire. Ce sont des règles de bon sens paysan qu’on veut instaurer. »