Jura. Les conseillers départementaux s’opposent au schéma régional de santé

Il ne s’agissait que d’une révision, mais les élus ont voulu montrer que les Jurassiens sont démunis et que le territoire manque cruellement d’offres de soins.

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Photo d''illustration.

Le projet régional de santé (PRS) définit les objectifs pluriannuels de l’ARS (agence régionale de santé) dans ses domaines de compétence ainsi que les mesures tendant à les atteindre. Il est l’outil majeur de planification et de régulation de la politique de santé dans la région.


Le PRS 2018-2028 Bourgogne/Franche-Comté a fait l’objet d’une révision à mi-parcours après une évaluation et un diagnostic en 2023. Déjà à l’époque, le conseil départemental avait émis un avis défavorable. Comme le prévoient les textes, la collectivité a de nouveau été sollicitée pour émettre un avis sur cette révision de 2025, qui n’apporte pas de bouleversement particulier.

Le président, Gérôme Fassenet, a proposé d’émettre pour la seconde fois un avis défavorable. « L’objectif est de dire à l’ARS, nous souhaitons travailler mais pas dans ces conditions ! Les Jurassiens se trouvent complètement démunis, il y a un manque criant d’offres de soins sur le territoire. »

« C’est une révision, lui a répondu Danielle Brulebois, pour la minorité. Nous sommes favorables car cela donne des moyens supplémentaires. Cette révision n’impose rien, mais donne des possibilités. J’ai signalé en hémicycle à l’assemblée nationale que le Jura n’a pas d’unité de soins palliatifs. L’ARS s’est dite prête à réfléchir, je souligne sa bonne volonté. »

« Nous ne connaissons pas les moyens financiers. Tout le Jura n’est pas pris en compte. La santé mentale et les personnes âgées sont les oubliés », a tenu à souligner Florence Maupoil, vice-présidente en charge de l’autonomie des personnes âgées, du bien vieillir et du handicap.

Le sénateur Clément Pernot a prévenu que deux textes sont en gestation au niveau national concernant la santé. « Nous constatons au niveau national que nous avons atteint le fond de la piscine et qu’il faut qu’on rebondisse. La désespérance est générale. Le point positif est que le Département pourrait être amené à intervenir plus directement dans ce schéma. »

Pour la députée, Marie-Christine Dalloz, il y a dans ce pays un vrai problème de suradministration en matière de santé. « Nous avons essayé beaucoup de choses, rien ne marche. Les médecins veulent être libres, mais ils sont dépendants de la sécurité sociale. » Elle a rappelé que la santé est une compétence régalienne. « Les collectivités sont venues dans le financement des maisons de santé, ce qui a amené des collectivités à surenchérir. L’expérience des médecins juniors, je pense que ce peut être une option qui va dans le bon sens. J’ai échangé pendant deux heures avec le ministre de la Santé sur le sujet… »

Défaillance sur les soins palliatifs

Elle a souligné que le Jura est défaillant sur trois sujets : les soins palliatifs, la psychiatrie et la pédiatrie. « Sanctionner ce schéma n’est pas forcément la meilleure idée, on peut l’améliorer ! La défaillance est nationale. C’est un vrai sujet pour l’avenir de nos concitoyens. »

Jean-Louis Millet a répété qu’il faut « arrêter de démolir les hôpitaux de proximité comme cela continue à Saint-Claude. Les urgences sont menacées. Le bloc opératoire est fermé deux semaines sur quatre. On a refusé de renouveler les contrats des anesthésistes. Les médecins ne sont plus en sécurité car ils ne savent pas avec qui ils vont travailler, et on paie deux fois plus cher les intérimaires ».

Pour Thomas Barthelet de l’opposition, il faut « arrêter de laisser les médecins aller dans des zones surpeuplées ». « Il faudra me dire où sont les zones sur-denses, lui a répondu Clément Pernot. Je ne veux pas qu’on fasse croire à nos concitoyens que nous allons trouver des solutions avec ces rafistolages ».

Les conseillers départementaux ont émis un avis défavorable sauf le groupe de Danielle Brulebois qui a émis un avis favorable et Marie-Christine Dalloz qui s’est abstenue.