L’invitée de la semaine : Anissa Putois

Rencontre avec la responsable communication de PETA France, association pour une éthique dans le traitement des animaux, qui milite pour le renoncement à la viande et au poisson dans les cantines scolaires. Explications des enjeux et des alternatives...

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Anissa, pourquoi supprimer la viande dans les cantines comme vous venez de le demander récemment à la municipalité de Besançon ?
Besançon est jumelée avec la ville de Fribourg qui a déjà fait ce choix. C’est une excellente idée selon nous de supprimer la viande et le poisson des menus des cantines scolaires. Car c’est une initiative qui serait plus inclusive, éthique et meilleure pour l’environnement et pour la santé de nos enfants. Nous savons que la mairie a déjà fait le choix de supprimer par exemple le foie gras lors de ses réceptions, donc nous l’invitons à franchir un pas supplémentaire.

Vous n’avez pourtant pas été entendus…
Nous n’avons pas reçu de réponse officielle mais nous avons appris par le biais des médias que la ville estimait que ce n’était pas à l’ordre du jour et qu’elle pensait faire déjà beaucoup d’efforts pour se fournir en produits bio et privilégier les circuits courts. C’est peut-être vrai mais ça ne change strictement rien à la défense animale que nous prônons.

Justement, que propose concrètement PETA ?
Chaque jour, partout dans le monde, des animaux se battent pour rester vivants. Ils sont mutilés et enfermés dans de minuscules cages afin qu’on les tue et qu’on les mange, électrocutés, étranglés, dépecés vivants pour que des gens puisse parader dans leurs manteaux, brûlés, rendus aveugles, empoisonnés, et mutilés vivant au nom de la « science », réduits en esclavage, battus et enchaînés pour se produire dans le cadre de « divertissements » pour les humains et pire encore. Le mauvais traitement que les animaux subissent de la main des humains est déchirant, écœurant et révoltant. Mais aussi difficile qu’il soit d’y réfléchir, nous ne pouvons faire cesser la souffrance animale si nous détournons le regard en prétendant que tout ça n’existe pas.

Comment pensez-vous changer les choses ?
Nous avons tous le pouvoir d’arrêter la maltraitance des animaux, simplement en modifiant nos habitudes quotidiennes, à commencer par ce que nous mangeons au déjeuner, le shampoing que nous achetons, ou les vêtements que nous portons. PETA défend donc le véganisme, c’est-à-dire ne consommer aucun produit d’origine animale ni issu des animaux, dans tous les aspects de sa vie que ce soit l’alimentation, l’habillement ou encore les loisirs. Pour la nourriture en particulier, ça ne peut être que bénéfique pour lutter contre l’obésité, le diabète et les maladies cardio-vasculaires qui sont un fléau dans la société actuelle.

Que répondez-vous à ceux qui vous qualifient d’extrémistes ?
Qui est le plus extrémiste entre ceux comme nous qui défendons la cause animale et ceux qui infligent à ces mêmes animaux souffrances et mises à mort ?
C’est particulièrement cynique de retourner l’accusation de la part de ceux qui soutiennent un tel système alors que des solutions alternatives existent. C’est ce que nous essayons de faire comprendre, non pas par des actions chocs mais par le dialogue et la pédagogie.

Mais l’homme s’est toujours nourri ainsi… tout cela est pourtant « naturel »…
Oui, l’homme préhistorique tuait déjà des animaux. Mais la société évolue et heureusement sinon l’esclavage entre humains existerait encore et la place des femmes ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Quand on sait que la souffrance animale est une réalité scientifiquement prouvée, on ne peut pas continuer comme ça. Quand on connait aussi les dégâts de la consommation de produits carnés sur la santé et l’impact de la production de viande pour la planète. Il est donc temps de changer sur cette question-là aussi.

Des propos difficiles à assimiler sur les terres du Comté et de la Saucisse de Morteau…
C’est un choix pour les professionnels de ces filières mais surtout pour les consommateurs. Évidemment, on n’imagine pas une rupture brutale mais une évolution par étapes, une transition vers d’autres produits respectueux. Comprenez bien que nous ne sommes pas anti-agriculteurs. Nous les invitons juste à évoluer vers des productions qui ne nécessitent pas d’élever des animaux, de les exploiter et finalement les tuer. PETA dit donc clairement aux consommateurs de ne pas attendre des décisions des institutions mais de faire un choix individuel. A chacun de se responsabiliser à son niveau…