Le courant passe malgré la flambée de l’électricité

Les entreprises impactées par la flambée de la fée électricité ont obtenu un répit pour 2022, mais la situation reste tendue. Explications.

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Des usines temporairement fermées, d’autres avec des factures électriques multipliées par 3, 4 ou 5 : l’année 2022 avait plutôt mal commencé pour de grandes entreprises consommatrices d’énergie (minerais et métaux, ciment et autres matériaux de construction, verre, pâte et papier, chimie, raffinage, automobile, transports et agroalimentaire, etc.).
A tel point que l’UNIDEN avait tiré la sonnette d’alarme : l’organisme qui représente ces industries intensives en énergie (environ 70% de la consommation énergétique industrielle en France) avait alerté les pouvoirs publics.
« Au-delà de l’envolée des prix du gaz et du CO2, la crise énergétique est, aujourd’hui en France, largement aggravée par un facteur particulier : la faiblesse historique de la disponibilité du parc nucléaire. Plus de dix-huit mois après la fin du premier confinement, force est de constater qu’il n’est pas en ordre de marche, avec 22 GW à l’arrêt, soit plus d’un tiers de la capacité du parc. Les conséquences sur les prix et pour les industriels électro-intensifs sont désastreuses : absence totale de visibilité, compétitivité laminée. L’UNIDEN évalue la perte de valeur pour l’économie française – sur la base de 3,5 TWh manquants chaque semaine – à 1,5 milliard € et + 2,5 Mt CO2 émises par semaine pour produire ailleurs l’électricité importée en France ».
Des arguments entendus par le gouvernement, qui a prévu environ 16 milliards € sur la table pour amender la situation jusqu’au 1e février 2023. Premier levier d’action, à hauteur d’environ 8 milliards € : la TICFE (Taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité) est quasiment annulée (baisse de 22,5 à 0.5 €/MWh) pour toutes les entreprises à partir du 1er février 2022 et pour une durée d’un an.

Plus 4% pour les particuliers et les PME

Deuxième levier plus complexe : la remontée du plafond de l’Arenh à 120 TWh, pour 9 mois, du 1er avril 2022 au 31 décembre 2022.
Selon l’UNIDEN, « l’ARENH (Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique) est à ce jour – et jusqu’à son expiration à fin 2025 – le principal vecteur de visibilité pour l’approvisionnement électrique des industries électro-intensives ».
Ce mécanisme de compensation qui oblige EDF à mettre environ 8 milliards € pour vendre de l’électricité moins chère que les prix de marché, n’est pas sans poser question sur le devenir du géant de l’électricité en France. Son cours en Bourse a dévissé d’environ 15% à l’annonce de la nouvelle, et affiche une chute d’environ 60% par rapport à son introduction en 2005. De ce fait, nombreux sont les boursicoteurs à se demander si le titre ne devrait pas être retiré de la cote. Il est en tout cas probable qu’EDF devra être une fois de plus être recapitalisé par l’Etat, c’est-à-dire le contribuable…
Dans ce contexte de forte tension énergétique, les pro nucléaires ont en tout cas vu de l’eau abonder à leur moulin, et le mix énergétique français dédié à l’atome semble avoir encore de beaux jours devant lui..

Stéphane Hovaere

Les PME et les particuliers protégés

4% : c’est la hausse du tarif réglementé dont « bénéficieront » les particuliers et les petites entreprises en 2022, loin des 35% de hausse qui auraient pu les frapper selon la pure logique de marché…