Monnières, un village dynamisé au pied du mont Roland

Située à environ 4 km au nord-ouest du centre-ville de Dole, Monnières est une commune limitrophe de Dole. Célèbre pour le mont Roland et les jonquilles du mont Joly, ce village connut une histoire mouvementée. Sans discontinuité du bâti depuis Dole, petit arrêt dans cette localité authentique.

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Le village de Monnières. © Patrick Viverge.

Proche géographiquement de Dole, cette localité de la communauté d’agglomération du Grand Dole offre un cadre de vie verdoyant aux Monniérons et aux Monniéronnes, tout en leur permettant de bénéficier de toutes les commodités urbaines. Un village de 2,1 km2 où les randonneurs et les croyants sont souvent de passage.

Un passage largement ancré dans le passé de Monnières, village développé à flanc de colline, dont l’origine est à mettre en lien avec celle du mont Roland. Le toponyme de la commune témoigne de cette histoire. D’après le site internet de Monnières, « le nom de Monnières aurait pour origine le mot « Monasterium », nom qui fut attribué au village lors de la construction du monastère de la chapelle Notre Dame de Mont-Roland au XIe siècle ». Il s’agit sûrement là de l’hypothèse la plus probable. Mais Marcelle-Charlotte Baudard explique dans son livre Si Monnières m’était conté qu’une autre étymologie est aussi possible, puisque dans un ouvrage, Albert Dauzat, note « que vers 800, Monnières fut appelé Mollinearias du latin molinum signifiant : moulin ». Armand Marquiset, quant à lui, expose une autre explication tout en en reconnaissant les limites : « Monnières, d’après Bullet, tire son nom des mots celtiques mon, élévation, côte ; er, sur ; mais cette étymologique, quoique juste dans ses divers rapports, ne saurait être exacte dans son application ».

Au fil des siècles, la démographie évolua considérablement à Monnières. En 1793, le village abritait 200 habitants. La population stagna ensuite aux alentours des 200 habitants pendant de nombreuses décennies. À la fin du XIXe siècle, l’exode rural et le développement du phylloxéra provoquèrent une chute brutale du nombre de villageois, cette localité comptant 147 habitants en 1886 et plus que 125 personnes en 1896. Bien qu’il y ait eu un regain de la population de Monnières ensuite, en 1921, celle-ci était de 116 habitants. Cinquante ans plus tard, la population avait plus que doublée, puisqu’en 1982, 342 Monniérons et Monniéronnes étaient recensés. Cette augmentation s’explique sûrement avec la proximité avec Dole, véritable bassin économique des alentours, ce qui génère donc un attrait pour les espaces qui en sont proches. Au début du XXIe siècle, en 2005, 458 individus vivaient dans la commune. Il s’agit là de l’apogée démographique de Monnières. Depuis, la tendance est plutôt à la perte d’habitants, puisque cette localité compte aujourd’hui environ 400 âmes.

 

Histoire et origine de cette localité

L’histoire de Monnières commence dès la Préhistoire. Des fouilles archéologiques permirent de le prouver, puisque des silex du Néolithique furent, par exemple, découverts sur le mont de Lourchaux. Des sépultures y furent également trouvées, ainsi que sur le mont Roland.

D’après Alphonse Rousset, « les premières habitations de Monnières paraissent avoir été bâties sur la grande voie ouverte par les Romains, pour communiquer de Dijon et d’Auxonne avec Dole et Salins », avant de noter que « les Bourguignons furent probablement les fondateurs de ce village ». Il est donc correct d’affirmer, comme le fait Marcelle-Charlotte Baudard, que « Monnières a d’antiques origines ». En revanche, pour Armand Marquiset, Monnières en tant que tel, « ne date guère que du quinzième siècle, époque à laquelle son territoire était encore couvert de bois ».

Il est correct également de préciser que le mont Roland et ses lieux de culte sont à l’origine du village. Ainsi, autour « de la chapelle de Mont-Roland et grâce au célèbre pèlerinage s’élevèrent quelques habitations », note l’autrice de Si Monnières m’était conté.

 

L’église Saint-Roch de Monnières. © Patrick Viverge.

En 1565, la peste fit de véritables ravages à Monnières. Des vestiges de ces difficultés auxquels ont été confrontés les Monniérons et les Monniéronnes subsistent encore aujourd’hui. Ainsi, l’église Saint-Roch de Monnières tire ses racines d’une chapelle construite dans un tel contexte, placé sous le vocable du saint protecteur de la peste. Cette chapelle fut reconstruite en 1758. En proie des flammes, elle fut rebâtie au milieu du XIXe siècle. Dans les années 1950, des travaux de réfection furent conduits, suite notamment à l’ébranlement provoqué par l’explosion d’un train de munitions en 1945. Pendant ces travaux, il fut découvert sous le clocher, une crypte voutée, ainsi que des crânes.

 

Comme l’explique Alphonse Rousset, « Chaque fois que Dole fut victime d’une calamité, Monnières en ressentit le contre-coup ». Une affirmation qui s’applique notamment dans le domaine militaire. Ainsi, en 1636, alors que les Français assiégèrent Dole, Monnières fut incendié par les forces armées du prince de Condé. Une proximité avec l’ancienne capitale de la Franche-Comté profitable, mais également dangereuse.

Signés en 1678, les traités de Nimègue eurent notamment pour effet le passage du comté de Bourgogne sous l’autorité du roi de France. Alors, Monnières devint officiellement français.

Le village se développa ensuite notamment grâce au passage de la route Paris-Genève, qui vint séparer Monnières du mont Roland.

Au milieu du XIXe siècle, Monnières était un village viticole particulièrement connu pour ses vins. Contemporain des faits, Armand Marquiset explique que « les vignes, qui en occupent près des deux tiers [de son territoire], donnent des vins rouges et blancs qu’on cite pour les meilleurs du canton de Dole ». Malheureusement, à la fin du XIXe siècle, le développement du phylloxéra détruisit la plupart des pieds de vigne.

Au XIXe siècle, et plus précisément en 1852, un lavoir fut aussi construit.

Durant la Première Guerre mondiale, quelques personnes nées à Monnières furent physiquement victimes du conflit, comme Édouard Berthoumieux. Né le 29 août 1893, il était maréchal des Logis du 259e régiment d’artillerie lorsqu’il mourut pour la France le 23 octobre 1917 à Allemant (Aisne).

 

Le passé riche du mont Roland

Le mont Roland. © Patrick Viverge.

Des fouilles archéologiques menées au début du XXe siècle démontrent que le mont Roland connut une occupation préhistorique. Durant l’Antiquité, il aurait même été un lieu de culte.

Comme le note Marcelle-Charlotte Baudard, il fut véritablement le « premier souffle de Monnières ». Au mont Roland, de nombreux pèlerins et personnages historiques passèrent, comme saint Martin (316-397), évêque de Tours. Tout un culte s’y serait ensuite développé. Au Moyen Âge, il fut connu comme étant un lieu de miracles.

C’est dans ce contexte que Roland (736-778), neveu de Charlemagne (si on en croit la légende), vint sur ce mont. Il y aurait alors fondé un monastère, et « dès lors le mont s’honora du nom de Roland », note l’autrice de Si Monnières m’était conté. D’autres explications, peut-être plus plausibles, sont possibles. Il se pourrait aussi qu’un seigneur nommé Roland ait eu une maison sur cette colline. D’autres spécialistes estiment que la fondation du monastère de Mont-Roland fut notamment réalisée par Jean de Vienne (v.1325-1396), seigneur de Roulans.

Connus toutefois depuis le XIIe siècle, les miracles du mont Roland se poursuivirent jusqu’à l’époque contemporaine. Ainsi, un jour de minuit du XIXe siècle, alors qu’une foule était présente sur la colline, « trois cierges allumés arrivant par la voie de l’espace, vinrent saluer la Vierge dans sa chapelle », précise Marcelle-Charlotte Baudard dans son livre.

Une chose est certaine,  Notre-Dame de Mont-Roland connut de multiples vicissitudes au cours de son histoire. Ainsi, en 1636, par exemple, les Suédois, alliés des Français, détruisirent l’église et le monastère. Après la Révolution française (1789-1799), et ce jusqu’au milieu du XIXe siècle, le sanctuaire de Mont-Roland fut abandonné. Dans les années 1850, les travaux de la nouvelle église furent menés et elle fut consacrée en 1859.

Durant la guerre franco-prussienne (1870-1871), le mont Roland fut de nouveau occupé.

Aujourd’hui, le sanctuaire Notre-Dame de Mont-Roland, situé sur un des chemins de Compostelle, est encore un lieu de pèlerinage marial. Beaucoup s’y déplacent aussi pour randonner et admirer, lorsque le temps est dégagé, le mont Blanc.

 

Une biodiversité florissante

Monnières compte un patrimoine naturel tout à fait remarquable. Le mont Joly, surnommé ainsi par les Monniérons et les Monniéronnes au vu du panorama à son sommet, en est l’illustration la plus parfaite. Le véritable nom de celui-ci est Lourchaux ; le terme Chaux signifiant forêt. Outre être un endroit où les amateurs de jonquilles se pressent lors de l’apparition de ces fleurs jaunes à la fin de l’hiver et au début du printemps, cet endroit compte de réelles richesses naturelles, où le rossignol philomèle côtoie le pouillot véloce.

À Monnières, cette richesse se traduit aussi par l’eau. Au pied du mont Roland, la source de la Jouhe est célèbre dans l’histoire pour la qualité de ses eaux, pour lesquelles des bienfaits médicaux lui furent prêtés.

Une biodiversité florissante passant également par le fleurissement de la commune. Après avoir obtenu une première fleur en 2011, puis sa deuxième en 2012, Monnières est aujourd’hui un village fleuri en comptant trois. Une réussite dont la population est fière.

 

Un endroit où les amateurs de jonquilles se pressent lors de l’apparition de ces fleurs jaunes à la fin de l’hiver et au début du printemps.

Commerces et associations

Dans cette commune de 400 habitants, aux portes de Dole, les commerces sont rares. Un pâtissier a toutefois pignon sur rue. Un camion pizza se déplace aussi dans le village le jeudi, tandis que le boulanger de Foucherans se déplace à la demande. Mais globalement, cette proximité avec Dole, qui peut certes être bénéfique, est un frein au développement économique de Monnières.

Mais Patrick Viverge, maire de Monnières depuis 2020, n’est pas fataliste et souhaite élargir l’offre de services proposée à la population. Pas question de devenir un village-dortoir ! « Il faut qu’on maintienne la vie. Sans école (fermée depuis plusieurs années), on manque un peu de vie. On a la chance d’avoir une carrière et des antennes sur le mont. Ça nous donne notre capacité à investir », confie Patrick Viverge.

Pour dynamiser le village, des associations existent à Monnières, à l’instar du Foyer rural, de celle de chasse, de pêche, de chorale ou encore de celle de football en partenariat avec d’autres communes.

 

Coucher de soleil sur l’église Saint-Roch de Monnières. © Patrick Viverge.

Faire de Monnières un exemple

« On s’est dit qu’il faut fixer les jeunes », confie le maire. C’est notamment pour cette raison qu’un parc multisports, à côté du terrain de football, a été réalisé. Parallèlement, la municipalité a fait un certain nombre d’études pour faire des investissements en connaissance de cause (circulation, sols…). Des investissements qui se traduisent, par exemple, par l’achat à l’automne d’une maison ancienne qui se vendait au cœur du village. Acheter cette bâtisse était une évidence pour la municipalité, dans l’optique de trouver des investisseurs pour en faire des appartements. Un grand terrain fut aussi acheté par la municipalité.

« Nous souhaitons recréer de la vie dans le village. Recréer de la vie pour éviter le village-dortoir à la périphérie de la ville de Dole. Recréer de la vie mais pas n’importe comment ni à n’importe quel prix », explique le premier magistrat de la commune, avant d’ajouter qu’il faut impliquer les citoyens dans la vie du village. Sur les 400 habitants de Monnières, une cinquantaine a participé à la réunion publique du début de l’automne, et Patrick Viverge s’en félicite. Impliquer les citoyens et créer de la solidarité entre les villageois sont les objectifs clairement définis par la municipalité. Pour mener à bien cette solidarité, un café citoyen sera créé. Il sera un réel lieu de sociabilité pour (re)créer des liens entre les Monniérons et les Monniéronnes. Le dispositif « Alerte Citoyens » qui permet aux administrés de recevoir instantanément des informations relatives à la commune (alertes météo, coupures d’électricité…) sera aussi déployé.

Un autre axe de la politique de la municipalité est d’assurer la sécurité des habitants du village. Cela passera par l’installation d’un système de vidéosurveillance aux entrées du village, à disposition des forces de l’ordre, ainsi que par le réaménagement de certaines rues jugées dangereuses.

Patrick Viverge souhaiterait aussi que Monnières soit « exemplaire en terme d’environnement et de biodiversité (accompagnement par le SIDEC, par le CPIE Bresse du Jura, par la FREDON et par le CAUE). Il faut faire en sorte que la goutte d’eau qui tombe sur le sol s’infiltre ». À terme, l’objectif sera de végétaliser globalement la commune avec un verger conservatoire accompagné par le CPIE et les croqueurs de pommes, tout en favorisant les déplacements doux, notamment par une redécouverte des chemins empruntés autrefois.

Les réseaux secs de la rue de Foucherans devraient aussi être enfouis, tandis qu’elle sera davantage sécurisée. Le maire voudrait aussi créer un lotissement à Monnières pour attirer des jeunes puisqu’aucun lotissement n’a été construit dans la commune depuis une vingtaine d’années. Il voudrait aussi accueillir des commerces ambulants.

Enfin, Patrick Viverge veut que Monnières devienne un village exemplaire sur la gestion des eaux, en faisant notamment changer les comportements de la population par rapport à cette ressource. Ainsi, il trouve cela regrettable que des personnes achètent de l’eau en bouteille, alors que l’eau du robinet proposée à la population est de qualité.

Distribuer des composteurs à la population de Monnières est aussi une piste que la municipalité étudie, tout comme celle visant à acheter un espace pour en faire un atelier municipal. Une réflexion sur une maison des aînés au centre de la commune est également menée.

 

D’après le site internet de Monnières, « le nom de Monnières aurait pour origine le mot « Monasterium », nom qui fut attribué au village lors de la construction du monastère de la chapelle Notre Dame de Mont-Roland au XIe siècle ». © Patrick Viverge.

Village au passé riche, Monnières s’inscrit pleinement dans les défis environnementaux de notre siècle.

 

Pour aller plus loin : bibliographie non exhaustive :

BAUDARD Marcelle-Charlotte, Si Monnières m’était conté, Éditions des Grands Ducs, Dijon, 1988.

MARQUISET Armand, Statistique historique de l’arrondissement de Dole, tome I, Besançon, Charles Deis, imprimeur-libraire, 1841, pp. 369-370.

ROUSSET Alphonse, MOREAU Frédéric, Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté (…), A. Robert, Lons-le-Saunier, tome IV,  1856, pp. 252-254.

 

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