Un Orgelétain à l’origine de la découverte de la pierre de Rosette

Cette fameuse Pierre noire de plus de 750 kilos, découverte en juillet 1799 dans la région du Nil, s’est révélée très importante dans les connaissances de l’écriture hiéroglyphe des anciens Egyptiens.

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Crédit photos : Nathalie Coron.

Pierre-François Xavier Bouchard est un Jurassien célèbre à Orgelet, où il est né le 29 avril 1771, mais sans doute moins connu des autres habitants du département. Pierre Bouchard est à l’origine de la découverte de la pierre de Rosette.
L’Orgelétain est né dans une famille modeste. Bon élève au collège, il y devient régent en 1791. En 1793, il est pris par la réquisition. Il sert dans les grenadiers puis dans les aérostiers. Il est même professeur de mathématiques à leur école de Meudon. Le Jurassien est admis à l’école Polytechnique en 1796.
Le 31 octobre 1798, Bonaparte ayant décidé pour assurer la défense de la ville de Rashid (qui signifie Rosette) de faire réparer une ancienne fortification désignée sous le nom de Borg Rashid, il semble que Pierre Bouchard ait été, dès sa nomination dans le Génie, affecté à cette tâche pour prêter main fort au capitaine Dhautpoul. Au cours de ses travaux dans la région du Nil, il découvre la pierre de Rosette. C’est en juillet 1799 qu’il révèle ce fragment de stèle sur la rive gauche de la branche ouest du Nil, lors de travaux de terrassement dans le Fort Julien.

Trois langues gravées

Cette fameuse Pierre noire pèse plus de 750 kilos. Elle porte les inscriptions de trois langues gravées en hiéroglyphes, démotique et grec. De nombreuses copies et estampages ont été réalisés et diffusés, permettant à plusieurs savants de tenter de relever le défi que représentait le déchiffrement des hiéroglyphes.
Ce fragment porte, en écriture égyptienne hiéroglyphique et démotique, ainsi qu’en grec, un décret promulgué par l’assemblée des prêtres réunis à Memphis pour célébrer le premier anniversaire du couronnement du souverain. On connaît des exemples complets de ce décret, notamment dans le célèbre temple d’Isis, à Philae.
Bouchard fut d’emblée convaincu de l’importance de sa trouvaille. Le général Menou, qui commandait alors le district d’Alexandrie et de Rosette, fit établir immédiatement une traduction. La déclaration officielle de la découverte, révélée dans le « Courrier de l’Egypte », organe de presse de l’armée, ne parut que le 15 septembre 1799, c’est-à-dire le jour même du retour de Bonaparte en France. Entre temps, Pierre Bouchard avait été chargé d’assurer le transport de la pierre qui fut remise à la mi-août à l’Institut d’Egypte où l’on releva sans retard des empreintes pour faciliter l’étude du précieux document.
Car cette découverte était effectivement très importante dans les connaissances de l’écriture hiéroglyphe des anciens Egyptiens.

Aujourd’hui au British Museum

Cette pierre sera saisie par les Anglais lors de la capitulation des Français, en 1801, en guise de butin de guerre, et transférée au British Museum, où elle se trouve encore aujourd’hui.
La carrière du Jurassien est mouvementée : après l’Egypte, direction Saint Domingue puis l’Espagne et le Portugal. Sous la Restauration, chef de bataillon du Génie, Pierre Bouchard meurt en service à Givet le 5 avril 1822.
Le Docteur Ahmed Youssef est venu à Orgelet l’année dernière pour proposer une conférence sur le Jurassien. Il s’agit d’un historien égyptien de renommée internationale, actuellement directeur exécutif du Centre des études du Moyen-Orient à Paris.