Encore un soir

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Fin d’été. Soir d’orage. Fraîcheur de début de nuit. Connexion aux éléments.
Crépusculaire présage de l’évaporation des plaisirs de saison : passions brûlantes, exaltations déraisonnables, évanescentes effervescences…
Quelques moments récréatifs volés à notre morne, linéaire et ordinaire quotidien.
Sourire ému, en repensant à ces chemins de traverses empruntés dans l’ombre, à la hâte, toute honte bue.
Puis, après le grand éblouissement (aussi grisant que déstabilisant), survient l’instant de la réintégration. Du réveil désenchanté. Où tout redevient normal, prévisible, habituel…
Il n’y a plus de retour en arrière possible, ce qui a été vécu appartient désormais au passé.
Il ne reste alors plus qu’à reprendre sa place dans le trafic, se dire au revoir, parmi la foule anonyme des destinées qui s’entrecroisent. Faire avec ce que l’on a, avec qui l’on est. Avec qui l’on n’est plus, surtout… Inexorable issue de la réintégration du principe de réalité.
Et voilà que se profile déjà l’automne : la brume, l’ennui, le froid, la pluie. Mélancolie anticipée. Illusoire réflexe de croire que s’y préparer, l’envisager, s’y projeter, atténuera l’amertume de s’y confronter…
J’aurais voulu que tout cesse ici et maintenant. Pouvoir dire stop.
Nous arrêter là, pendant que l’été, même s’il déclinait, faisait encore pulser l’ouragan des sensations.
Que tournoyaient naturellement, partout autour de nous, la valse des sentiments, les désirs palpables, les amoureux qui s’enlacent sur les bancs publics.
Demeurer ensemble, enracinés au cœur du cyclone, à l’abri de ce paradis d’ores et déjà perdu, que l’impitoyable marche du temps allait nous arracher très bientôt.
Fermer les yeux, y croire encore, juste un peu. Au moins jusqu’au lever du jour.
C’était si bon…