Sept d’un coup

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Gérard Bouvier.

Il n’y avait ce jour-là dans L’Équipe pas une ligne sur le football féminin. Pourtant c’est le troisième tirage de nos quotidiens après Le Monde et Le Figaro ! Et pas un mot sur Wendie Renard, Marie-Antoinette Katoto et les autres. J’étais désespéré.
Je décidais de tromper mon chagrin en me plongeant dans Le Vaillant Petit Tailleur des frères Grimm que je n’avais pas relu depuis longtemps.
C’est une histoire très forte. Un tailleur mange une tartine de confiture. Peut-être de l’abricot ? Allez savoir puisque ça n’est pas précisé… Mais les mouches par l’odeur alléchées lui disputent son goûter. Il saisit un torchon et se fouette prestement la tartine. J’aurais fait pareil. Il y a des moments où on ne sait plus se contrôler…
Naturellement il mit le torchon au linge sale, vous auriez fait pareil. Mais là n’est pas l’essentiel de l’histoire : il découvrit en soulevant ce linceul improvisé sept cadavres de musca domestica, des diptères brachycères bien assez poilus. Surtout pour une si petite taille. Rendus à notre échelle ces poils feraient bien 15 centimètres. Peu importe ! Il faillit dire : en voilà sept qui ne vrombiront plus mais c’était imprononçable du fait du b en plein milieu du romron.
Le petit tailleur était fier. Il broda sur sa ceinture : « Sept d’un coup ! » Et il partit par le monde avide de reconnaissance. J’aurais fait pareil.
La suite vous la connaissez, c’est comme d’habitude : des géants mangeant chacun un mouton rôti, une licorne, un roi, une princesse blonde bonne à marier… Tous les ingrédients des contes pour enfant.
C’est là qu’une évidence m’a sauté aux yeux : tout cela ressemblait trop aux fakes news des réseaux sociaux pour être une simple coïncidence.
On continue de se raconter des contes. Soyons vigilants si nous ne voulons pas finir en dormant debout.