Rubrique. Grand Mots, Grands Remèdes : Machiavel

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Nicolas Machiavel était un humaniste de la Renaissance (1). Son ouvrage Le Prince
fut publié en 1532. On y trouve cette phrase : Gouverner, c’est faire croire (2).
Nous assimilons volontiers le Prince de Machiavel à ceux qui nous gouvernent, leur
famille et leurs obligés, tant notre suspicion et notre mauvaise foi sont sincères et
enracinées.

Les difficultés de gouvernance que nous venons de rencontrer évoquent bien des
citations. Mais en retrouverez-vous l’auteur ? (3)
Qui a dit :
« En politique le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le
moindre mal » ?
Qui a dit :
« La soif de dominer est celle qui s’éteint la dernière dans le cœur de l’homme » ?
À quel auteur attribuer :
« Un prince s’il est sage doit savoir se conduire en tout temps et en toutes manières
de sorte que ses sujets aient besoin de lui. Ils seront ainsi mieux disposés à le servir
avec zèle et fidélité » (4).
Qui a bien pu dire : « Le parti de la neutralité qu’embrassent le plus souvent les
princes irrésolus qu’effraient les dangers présents, le plus souvent aussi les conduits
à leur ruine » ?
Mais qui a bien pu dire : « Les grands hommes appellent honte le fait de perdre et
non celui de tromper pour gagner » ?
Et qui a eu le culot de dire : « Gouverner, c’est mettre vos sujets hors d’état de vous
nuire et même d’y penser » ?
Croyez-moi, il fallait un certain toupet pour affirmer : « Il y a de bonnes lois là où il y a
de bonnes armes »
Pire ! Qui a osé dire : « Il est plus sûr d’être craint que d’être aimé » ?
Ne cherchez plus ! Toutes ces citations sont de Nicolas Machiavel. Comment
s’étonner que lorsqu’ils s’interpellent sur les médias nos dirigeants ne puissent
s’abstenir de se traiter les uns les autres et à qui mieux-mieux de… machiavéliques
(5).
Notes pour compléter cette rubrique :
(1)- Machiavel, né en 1469 à Florence et mort en ce même lieu le jour du printemps
1527. Il est donc un contemporain de Nostradamus (1503-1566) célèbre pour ses
prophéties et c’est à se demander si ces deux là ne s’étaient pas concertés pour que
Machiavel décrive à ce point de précision les points de vue de nos politiques
actuelles… Même si beaucoup aujourd’hui pensent que les prophéties de
Nostradamus étaient des contes d’apothicaires.
(2)- Il faut bien reconnaitre qu’il y a un peu de ça quand même ! Il ajoutait : « Rien
n’est aussi désespérant que de ne pas trouver une nouvelle raison d’espérer ».
Parfois je me dis que nous en sommes là. Mais aussitôt je me dis que de
l’effervescence il ne peut pas naître que des bulles qui crèvent en surface.
(3)- La question n’est guère pertinente car retrouver l’auteur d’une citation au débotté
est un exercice bien difficile et le risque de se tromper est considérable. Ainsi : « À
l’inverse des hommes, l’océan se retire pour que la mer garde ses poissons » n’est
pas de Roselyne Bachelot mais de Pierre Dac. De même : « Il vaut mieux se taire et passer pour un con que de parler et de ne laisser aucun doute sur le sujet » n’est
pas une pensée déplaisante qui me serait venue en relisant une de mes rubriques
mais bien de Pierre Desproges.
(4)- Si la fidélité existe encore, le zèle est une denrée aujourd’hui disparue de
l’espace public à de bien rare exception près. Il est donc nécessaire pour les plus
jeunes d’en donner une brève description. Et pour les plus anciens aussi. Ce sera
d’ailleurs la même.
Il faut dire en premier que le zèle est très utile avec son « z » qui vaut dix points ce
qui fait trente sur un mot compte triple.
Si le zeste vient du citron, le zèle vient du latin classique zelus, emprunté au
vocabulaire religieux au sens de jalousie. Et zelus vient lui-même du grec zêlos :
rivalité, ambition. On ne sait pas d’où vient le grec zélos et quand bien même, je ne
vous l’aurais pas dit parce qu’il faut bien que ça s’arrête un jour cette histoire et qu’il
faut arrêter de faire du zèle. Bin si !
(5)- J’exagère, comme souvent, pour trouver une belle chute à ces commentaires.
Naturellement, ils ne se traitent jamais les uns les autres à qui mieux-mieux. C’est
bien pire.