Après tant d’or, tant d’argent qui a fait notre bonheur et tant de bronze il est temps de se demander ce qu’est -au juste- une médaille.
Nos anciens ont emprunté ce mot à l’italien medaglia en 1496. À l’origine medaglia désignait une monnaie d’autrefois utilisé à Malte et dans le nord de l’Italie. Ça valait -excusez du peu ! – un demi-setier ce qui en anciens francs ne représentait guère plus qu’un pet de lapin. Pas de quoi faire pendant des années des longueurs de bassin à marcher sur l’eau pour devenir un Marchand de France adulé.
Médaille a une origine commune avec maille. Mais, si l’on dit (parfois) il n’y a que maille qui m’aille, on ne dit jamais il n’y a que médaille qui m’édaille. Et on fait bien de ne pas le dire. Ce serait ridicule.
La maille, cousine de la médaille, était une monnaie de très faible valeur utilisée chez les capétiens avant que Charles IV le Bel ne s’éteigne en 1328 laissant la place aux Valois. Il en reste « avoir maille à partir » où partir a son sens originel de partager avant que cette idée de partager en séparant produise le nouveau sens de partir.
Déjà à l’époque se partager l’argent était souvent douloureux -surtout pour ceux qui n’avaient ni sou ni maille- et avoir « maille à partir » provoquait de vive empoignades. Et quelques jurons de l’époque que nous avons heureusement oubliés. Comme ventre de biche ! qui a ma préférence mais il y en a bien d’autres.
En Comté ne pas faire la maille est pour un poisson une chance de survie. D’autant plus si le garde-pêche ne soit pas trop loin.
On dit que chaque médaille a son revers. « Et vice-versa » ajoutait ma grand-mère avec malice avant d’ajouter que, de quelque côté qu’on regarde, le revers est toujours de l’autre côté.
Jean Giraudoux, écrivain français resté célèbre pour ses pièces de théâtre disait : « L’homme se tient debout sur ses pattes de derrière pour recevoir moins de pluie et pouvoir accrocher des médailles sur sa poitrine ».
Et Bernard Werber dans l’Empire des Anges écrivait : Pour connaitre la valeur d’une minute, interroge l’homme pressé qui vient de rater son autobus. Pour connaître la valeur d’un millième de seconde, interroge le médaillé d’argent d’une finale olympique…
Courage, c’est bientôt la rentrée pour la version papier de votre Hebdo !
Gérard Bouvier
