Poligny : soirée débat sur la réintégration des personnels soignants suspendus

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Une soirée-débat avait déjà été organisée en juillet dernier à Poligny. Photo d'archives.

Après une première réunion publique organisée à Dole le 23 juin, c’est L’Entracte à Poligny, qui accueillait jeudi 7 juillet une soirée-débat organisée par Réinfocovid39 et Agir 39 et animée par Armand Spicher, journaliste auteur du livre témoignages « Les Oubliés, paroles de soignants suspendus » et Gilles Sené. Les 700 exemplaires du livre ont été vendus. Le collectif est en rupture de stock, si un éditeur souhaite l’aider : comiteagir39@gmail.com ou 06.24.85.36.20.
Pour rappel, cet ouvrage recense 16 témoignages en grande partie du personnel hospitalier. Les suspensions de personnel ont commencé le 15 septembre 2021 et Armand Spicher a débuté son travail de collecte et de retranscription début octobre pour terminer le livre en février 2022. Le journaliste précise qu’il n’y a pas de haine, pas d’appels à la violence, chez ces personnes, juste de la colère, un sentiment d’injustice.

Quelques témoignages lors de la soirée (*les prénoms ont été changés)

Claude*, praticien hospitalier suspendu affirme « Jamais je ne retournerai travailler à l’hôpital, même si l’on me payait tous les mois suspendus, même en me déroulant le tapis rouge. Approchant bientôt de la retraite, il me manque quelques trimestres et quand vous êtes toubib, vous n’avez aucun diplôme qui vous permet de faire autre chose que de la médecine. Ayant pris la décision de démissionner en novembre dernier –sinon je ne pouvais pas travailler-, j’ai fait une formation de cariste pour travailler en usine. On est des sous-citoyens, ajoute-t-il, jamais un coup de fil des anciens confrères, collègues. Une seule question m’a été posée par la hiérarchie : au fait vous pensez réintégrer votre poste ou on peut le mettre en vacation ? ».

Hélène*, médecin généraliste « Hors de question pour moi de revenir dans le circuit. Je voulais apprendre à soigner et non à remplir des cases et ça n’a fait que s’aggraver. Moi j’ai besoin de relations humaines, je ne reviendrai pas dans ce système et je suis presque satisfaite qu’il soit en train de s’écrouler même si c’est extrêmement inconfortable pour tous ».

Marc*, aide-soignant durant 24 ans dans les Hôpitaux de Paris est arrivé dans le Jura après le 1er confinement. « A Paris, c’était un désastre dans les services. Ils mettaient les gens par deux qu’ils soient contaminants ou pas. On a plein d’anecdotes où les médecins n’osaient même pas rentrer dans les chambres pour aller voir les patients. Je ne retournerai jamais dans une structure hospitalière. A l’hôpital on ne soigne pas les gens ».

Une jeune préparatrice en pharmacie suspendue, elle, parce qu’elle n’a pas voulu faire la troisième dose de vaccin précise : « J’ai fait appel à la députée du Jura. J’ai reçu un courrier mais j’attends toujours de la rencontrer ».

Un Syndicat Liberté-Santé*

Regroupant tous les professionnels du secteur sanitaire ce syndicat compte aujourd’hui 9 000 adhérents, dont 150 membres actifs, explique Hélène*. Il est là pour défendre notre droit à soigner, à faire notre travail et surtout défendre l’accès aux soins pour tous, injectés (vaccinés) ou non. Et puis, il était nécessaire pour accueillir une caisse de solidarité.
Une association a vu le jour également en Franche-Comté, un système d’échanges solidaire Comtoise Fleur de Vie. « L’idée est de créer quelque chose qui nous ressemble et qui nous rassemble, poursuit Hélène*. Cette association s’avérait nécessaire également pour être solidaire avec les suspendus. L’argent issu de dons ou de la vente du livre peut ainsi leur être reversé ».
Une idée est lancée par V. dont l’épouse médecin a été suspendue : « Il faudrait recenser les souffrances des patients. Créer un genre d’antenne de collecte des plaintes des patients. On pourrait aller devant le juge avec un tel package et des juristes qui mettront les textes de lois en appui derrière. Là où exerçait mon épouse, ce sont près de 1 500 patients qui n’ont plus de médecins et sont en plein désarroi ».

*Syndicat Liberté Santé : contact@syndicat-liberte-sante.fr