Val d’Amour. 11ᵉ Rencontre de l’Hydroélectricité : le chantier de la centrale hydroélectrique d’Ounans en lumière

Lors de la 11ᵉ Rencontre de l’Hydroélectricité, qui s’est tenue les 7 et 8 novembre, le chantier de la centrale hydroélectrique d’Ounans, mené par Hydro-Jura, a été mis à l’honneur. Ce projet incarne les défis techniques et financiers que rencontrent les projets hydroélectriques en France. Focus sur ce chantier de grande ampleur.

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Chantier en cours à la centrale hydroéléctrique
Chantier en cours de la centrale hydroéléctrique d'Ounans.

Depuis les premières réflexions en 2017 initiées par Ambroise Bailly et son associé Paul Joliet, de nombreuses étapes ont été franchies pour donner vie au projet de la centrale hydroélectrique à Ounans. « On savait qu’il y avait des choses à faire sur le seuil de la Loue », explique Ambroise Bailly, représentant d’Hydro-Jura et porteur du projet. Les démarches administratives ont été complexes, nécessitant des accords avec le département et la mairie d’Ounans. En mars 2020, la signature d’un bail de construction de 40 ans a apporté la première sécurité nécessaire au lancement concret de ce projet ambitieux.

Lilian Geney est référent nationale de l'ADEME sur l'hydroélectricité
Lilian Geney, référent nationale de l’ADEME sur l’hydroélectricité, au micro et Ambroise Bailly, représentant d’Hydro-Jura et porteur du projet, à sa droite.

L’ADEME, un soutien essentiel au projet

L’ADEME a accompagné Hydro-Jura dès les phases d’avant-projet et pour les études de faisabilité, confirmant le potentiel énergétique du site. Avec une chute d’eau de trois mètres et un débit de 30 m³ par seconde en moyenne, le site d’Ounans présente des conditions idéales pour une production stable. La centrale, équipée d’une turbine Kaplan à double réglage conçue par HPP, devrait produire en moyenne 2,8 millions de kWh par an sous contrat H16, ce qui équivaut aux besoins énergétiques d’une centaine de foyers.

Chantier à Ounans
Chantier en cours de la centrale hydroélectrique d’Ounans.

Défis techniques et financiers : un chantier sous haute surveillance

Estimé à 3,8 millions d’euros, le projet représente un investissement de grande envergure. « On ne pensait pas arriver à financer un tel projet. Plus nos discussions avançaient en 2022, plus les taux d’intérêts s’envolaient », explique le porteur de projet.
Les travaux ont débuté au printemps 2023 avec des partenaires reconnus, notamment le Bureau d’études Jacquel & Chatillon, HPP pour la turbine, Ferron pour le génie civil et le terrassement et BRUN frères pour les équipements techniques. « Dans ce type de projet, il faut quasiment tout suivre et vérifier tout le temps » souligne Ambroise Bailly.
Le chantier a aussi été confronté à des conditions météorologiques difficiles depuis l’automne 2023. Les crues de novembre ont compliqué le travail et ont engendré des complications techniques avec les palplanches de retenue, nécessitant des enrochements supplémentaires pour stabiliser le site. Ce retard a repoussé la mise en service à décembre 2024 ou janvier 2025.

Un impact majeur pour la transition énergétique régionale

Une fois en service, la centrale d’Ounans contribuera significativement à l’objectif de décarbonation de la Bourgogne-Franche-Comté, où l’hydroélectricité représente déjà 25 % de la production d’électricité renouvelable. Prévue pour fonctionner en moyenne 5 800 heures par an, la centrale concentrera sa production durant l’hiver, lorsque les débits et les tarifs de rachat sont à leur maximum, assurant ainsi un rendement optimal pour soutenir la transition énergétique locale.

L’ADEME (Agence de la transition écologique) est placé sous la tutelle du ministère de la Transition écologique, de l’énergie, du climat et de la prévention des risques. Dans le Jura, elle accompagne divers projets, de la rénovation du patrimoine bâti au développement des énergies renouvelables et des initiatives énergie climat des collectivités.

Selon Lilian Geney, référent national pour l’hydroélectricité, « l’ADEME intervient dès les phases d’étude, comme à Ounans, pour garantir la viabilité technique et financière des projets ». Dans ce projet, l’agence a aidé à sécuriser le financement en analysant l’hydrologie et les impacts du changement climatique.

Aujourd’hui, une dizaine de projets hydroélectriques sont en cours dans le Jura, certains entrant en phase de chantier, comme celui de Port-Lesney. L’ADEME veille à accompagner les porteurs de projet tout en intégrant des enjeux environnementaux, paysagers et patrimoniaux. « Nous cherchons à minimiser les impacts sur les cours d’eau et la biodiversité, » précise le représentant.

À horizon 2030, le Jura recèle encore un potentiel important pour l’hydroélectricité, avec un objectif national de production de 300 à 400 MW par an.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

B.B