Il faut sauver le soldat Chalain

Après pas moins de cinq années d’études, de concertation et de travaux préparatoires, le Conseil départemental a lancé vendredi dernier, la phase concrète de sauvetage du lac de Chalain. Détails.

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« Nous sommes tous en responsabilité pour sauver le lac de Chalain. Il est le plus important des lacs naturels de notre célèbre Jura ! C’est notre devoir d’agir et il faut agir maintenant » expliquait Clément Pernot lors de la séance de vendredi dernier, largement dominée par l’impérieuse nécessité de sauver le site confronté à l’eutrophisation mais aussi au surtourisme.
Phénomène naturel bien connu dans d’autres retenues d’eau du même type,
l’eutrophisation se caractérise par un enrichissement en nitrates et phosphates, provoquant des déséquilibres écologiques tels que la prolifération de la végétation aquatique et l’appauvrissement du milieu en oxygène, avec un risque important de contamination par des cyanobactéries.
Remarquable par la richesse de sa biodiversité, pour ses ressources piscicoles et son classement au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, pour ses vestiges d’habitat sur pilotis datant de 6000 ans situés sur la rive ouest, le lac de Chalain est éminemment un site touristique majeur du Jura. Le Domaine, géré par la Régie Départementale de
Chalain réalise à lui seul 200 000 nuitées annuelles essentiellement l’été.
Étroitement surveillé depuis 2015 à la suite d’une alerte lancée par la Fédération de Pêche et soumis dès 2017 à d’importantes études accompagnées par la création d’un comité scientifique, Chalain n’a jamais été négligé.
« Il est le symbole d’une richesse jurassienne exceptionnelle, confrontée néanmoins aux défis écologiques à relever à l’heure où le climat mute au galop » soulignait le président, mettant en avant « des décisions politiques volontaristes en phase avec la prise de conscience portant haut cette nouvelle ère dédiée à la protection de notre environnement ».

Un stabilisation du niveau d’étiage naturel

« Pour donner au lac toutes les chances de se régénérer et après avoir tout mis en œuvre pour atteindre l’objectif « zéro rejet » tant pour l’assainissement que pour les pratiques agricoles, il faut lui redonner un fonctionnement le plus naturel possible en mettant fin au marnage artificiel en vigueur tous les étés ».
En effet, entre la mi-mai et la fin du mois de septembre, le lac fait l’objet (et ce depuis des décennies), d’une intervention par l’intermédiaire de la centrale hydro-électrique située à Marigny. L’opération abaisse son niveau de près de deux mètres, le déconnectant tout à la fois de ses affluents et de la zone humide en rive ouest, véritable poumon qui n’assure plus de fait son rôle épurateur.
Après une importante phase d’études et d’échanges, le Conseil départemental s’est donc prononcé ce 30 septembre sur la stabilisation du niveau du lac à la cote 488 NGF, correspondant à son niveau d’étiage naturel.
Après concertation, les collectivités riveraines devront à leur tour se prononcer sur cette approche et ainsi valider une série de mesures d’accompagnement visant à préserver le site.

 

Le lac de Chalain est éminemment un site touristique majeur du Jura.

 

Les mesures phares

Abandon de la plage située sur la commune de Marigny, rendue à la nature.
Maintien de la plage de Doucier.
Déboisement de la rive ouest.
Restauration écologique des deux rus de Fontenu et du Moulin, situés sur le Domaine de Chalain, fournissant 97% des apports d’eau du lac.
Requalification fonctionnelle des plages du Domaine afin de les adapter au nouveau contexte.
Fermeture de l’ensemble des hébergements du Domaine de Chalain pour faciliter le report de fréquentation de la plage de Marigny.
Maintien du centre aquatique des Lagons et des commerces, avec la volonté de développer de nouvelles activités sur cette rive, propriété du Département.

 

Une évolution radicale de son Domaine et de sa régie



La fermeture des hébergements du Domaine est une décision économique stratégique. Le Président du Conseil départemental tient d’ailleurs à ne laisser aucune ambiguïté s’installer sur cette orientation :  « La priorité ce n’est pas la rentabilité, c’est la préservation du lac ! ».
Le modèle économique du Domaine avec son camping doté de plus de 700 places correspond en effet à un tourisme de masse, désormais incompatible avec les efforts menés pour pérenniser le lac.
De surcroît, le site, vieillissant, méritait d’être entièrement repensé, tout à la fois au plan des hébergements, de son organisation générale et de son niveau de services. Une étude rendue en 2019 par le cabinet Protourisme chiffrait l’effort d’investissement à près de 18 millions d’euro…
Indépendamment de toute reconfiguration, le réseau d’assainissement du Domaine nécessite d’être entièrement repris pour un coût d’environ 2 millions d’euros.
S’ajoute à cela, la problématique des falaises devant être sécurisées pour 2 millions d’euros supplémentaires. Cet été, 68 emplacements ont donc été fermés pour constituer une ceinture de protection autour du site.
« Les efforts pour sauver le lac de Chalain doivent être partagés par tous les acteurs économiques du bord du lac » concluait le Président.