L’invité de la semaine : Pierre Pribile

Après deux années sous tension, le système médical français continue de souffrir. Pas seulement à l’hôpital mais aussi dans les villes et villages. La population s’inquiète tandis que les pouvoirs publics cherchent le traitement adéquat.

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Pierre Pribile.

Quelle est la situation des urgences en Bourgogne Franche-Comté ? Est-ce particulièrement inquiétant ?
Fragilisé par plus de deux années de crise sanitaire, notre système de santé traverse cet été, une situation de tension importante et la Bourgogne-Franche-Comté n’est pas épargnée. La région, confrontée au vieillissement de sa population et au poids des maladies chroniques est d’autant plus touchée que la démographie médicale y est défavorable.
La situation des urgences est une manifestation particulièrement forte de ces tensions ; elle n’est toutefois que la partie émergée de difficultés plus profondes. Ces difficultés tiennent surtout aux problématiques majeures de recrutement rencontrées par notre système de santé, dans tous les territoires. En Bourgogne-Franche-Comté, ces difficultés se mesurent aussi bien à Besançon qu’à Dole, Lons, Dijon ou Nevers…

Des recrutements sont-ils nécessaires ? Ou prévus ? Que dit le rapport de la mission flash ?
Le ministre de la Santé et de la Prévention a diffusé une instruction et pris des dispositions réglementaires qui permettent le plein déploiement des recommandations de la « mission flash » sur les urgences et les soins non programmés pour cet été.
Nous disposons ainsi, jusqu’à la fin du mois de septembre, d’une série de leviers nouveaux permettant par exemple de nouvelles coopérations entre professionnels, dans une logique de responsabilité collective. De reconnaître l’engagement supplémentaire des professionnels pour augmenter le temps soignant disponible. D’accompagner la pénibilité attachée au travail de nuit, notamment dans les hôpitaux. Ce plan « été » fera l’objet d’une évaluation tout au long de son déploiement, pour décider des suites à donner à ces mesures sur le plus long terme.

Quels conseils de l’ARS en cas d’urgence?
L’ARS Bourgogne-Franche-Comté et ses partenaires, représentants des médecins libéraux, des établissements de santé publics et privés, des usagers, ont lancé dès la fin juin une vaste campagne de sensibilisation du public aux règles du bon recours aux urgences.
Les bons réflexes, c’est de ne pas se rendre spontanément dans un service d’urgence, mais de contacter son médecin traitant en première intention, ou de composer le 15, la régulation médicale assurant la meilleure orientation du patient au regard de son besoin de prise en charge.
Cette campagne complète une palette d’actions engagées pour concilier continuité des soins et congés des soignants.
Une cellule de veille et de concertation locale est installée dans chaque département, où les délégations de l’ARS réunissent chaque semaine les acteurs territoriaux des soins : établissements publics et privés, professionnels de santé, transporteurs sanitaires, services départementaux d’incendie et de secours… L’occasion de faire le point sur les situations à risque de rupture de la continuité des soins, et de construire des solutions en amont dans le but précisément, de les éviter.

Justement s’agissant du médecin traitant, encore faut-il en avoir un…. Ce qui n’est pas le cas partout et pour tous. Là aussi, quels remèdes pour nos déserts médicaux ?
Les remèdes contre les déserts médicaux sont de plusieurs ordres et là encore, l’ARS est mobilisée, avec l’ensemble des acteurs, pour les faire reculer, en tous points du territoires !
C’est le soutien à l’exercice coordonné en maison de santé par exemple, dont on sait qu’il correspond aux aspirations des jeunes professionnels souhaitant travailler en équipe ;  c’est la montée en puissance des communautés professionnelles territoriales de santé, des initiatives de professionnels de santé d’un territoire pour construire un projet adapté aux besoins de leur population, (et notamment trouver un médecin traitant pour les patients qui n’en ont pas) ; c’est encore le déploiement de la télémédecine, qui a d’ailleurs connu un véritable bond en avant pendant la crise sanitaire, et bien sûr l’engagement de l’ARS aux côtés des collectivités territoriales, Région, départements, communautés de communes, pour valoriser l’attractivité de la Bourgogne-Franche-Comté en termes d’emploi, d’accès à la formation, à la culture, aux loisirs, et de qualité de vie….