La pomme de la discorde

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Gérard Bouvier.

Au printemps la sève monte dans les tiges. Une tendresse nouvelle pousse les corps à la rencontre les uns des autres…

Les corps et les partis. Ainsi ceux qui se haïssaient hier et vomissaient leurs injures, ô combien justifiées, se retrouvent enlacés dans des étreintes classées X qui font table rase du passé. Ils se mélangent à bouche que veux-tu. Le corps électoral ne se sent plus de joie et laisse tomber ses anciennes proies.

On ignore si les idylles vont durer. Car déjà dans les vergers des sournois cultivent les pommes de la discorde.

Éris, déesse de l’Olympe, était une chipie qui aimait plus que tout semer le caca dans l’Olympe. Et ça n’était pas pour porter bonheur aux va-nu-pieds qui d’aventure s’y serait étiaffé (c’était avant la lumineuse invention des réverbères) … À mi-chemin entre la pimbêche et la sorcière, cette mijaurée offrit une Pomme d’Or du jardin des Hespérides lors des noces de Pelée et Thétis. Sympa ! Mais au lieu d’annoncer sobrement « bon appétit, c’est moi qui régale ! » elle ne trouva rien de mieux que de dire « c’est pour la plus belle des déesses ! ». Sans citer des noms. Ce qui devait arriver advint : toutes les déesses se sentaient concernées et commença un arrachage des yeux à perte de vue.

Héra, Athéna et Aphrodite étaient les plus jouées par les bookmakers de l’Olympe. Elles se mirent une peignée et un rosse-menton qui aujourd’hui encore reste dans toutes les mémoires. Il fallut le Jugement de Pâris pour trancher la pomme : elle irait à Aphrodite. Ce choix ne plut pas à tous et s’en suivi une marmelade qui déboucha sur la guerre de Troie.

Espérons que les pommes de la discorde qui nous poussent aujourd’hui dans les partis s’arrêteront au stade du bourre-pif…

Je vous tiens au courant.