Pétrole : le coût caché des prix à la pompe

Alors que les prix du baril sont redescendus à leur niveau d'avant la guerre en Ukraine, les automobilistes comme sœur Anne ne voient rien venir du côté des prix à la pompe. A qui profite le crime ? Éléments de réponse.

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Les pompes françaises délivrent un carburant 16% plus cher que la moyenne de l'UE.

Partout en Europe, ils diminuent. Ils, ce sont les prix à la pompe. Selon la Commission européenne, qui calcule chaque semaine leur prix dans les pays de l’UE, fin avril dernier il fallait débourser en moyenne 0,84€ pour un litre d’or noir, soit une base peu ou prou équivalente à celle pré-existante au début des hostilités en Ukraine. Mais cet état de grâce s’est arrêté aux limites de l’hexagone puisque la même Commission a établi que les pompes françaises délivrent un carburant 16% plus cher que la moyenne de l’UE. Certes les boucliers tarifaires sur le gaz et l’électricité ont mis du beurre dans les épinards des français, mais pourquoi un tel écart ? D’autant plus qu’il y a un peu plus d’un an, le litre de carburant en France coûtait 66,6 centimes (toujours hors taxe) soit 10% moins cher que les 74,2 centimes de la zone euro. Selon Eric Layly, président de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage, l’explication serait à chercher du côté des mouvements sociaux qui ont impacté l’activité économique ces derniers mois : le blocage des raffineries tout d’abord à l’automne 2022 a conduit à « chercher du carburant en Espagne, Italie, au Royaume-Uni, beaucoup aux Pays-Bas, plus globalement en Europe. Là, il y a une taxe, une prime à l’importation du carburant prêt à l’emploi, qui représente une dizaine de centimes à la pompe ». Une taxe de plus donc, qui se rajoute aux 60% de taxes déjà prélevées par l’État sur les carburants. A celà s’ajoutent aussi les frais de transport pour ramener le précieux liquide en France et la désorganisation générée par les mouvements sociaux, qui ont donc bien fait gonfler la facture des automobiles.

Mais la grande distribution admet aussi que la priorité n’est plus forcément aux opérations « coup de poing » sur les prix à la pompe, d’autant plus que la loi lui a coupé les ailes (lire encadré). Ainsi, Dominique Schelcher, le patron de Système U a reconnu une très vraisemblable « reconstitution de marge ». Au final, ce sont donc bien le consommateur et les entreprises qui trinquent, une fois de plus.

La rédaction 

Fin des opérations à prix coûtant : une moindre perte

N’en déplaise à Michel-Edouard Leclerc, le PDG du groupe E. Leclerc, la fin des opérations « carburants à prix coûtant » ne changera pas la face du monde. Depuis la loi Climat et résilience, la grande distribution n’a désormais plus la possibilité de réaliser des « coups de com » sur ces opérations. Mais quand on sait que selon l’inspection générale des finances, la marge d’une enseigne de grande distribution sur le carburant est comprise entre 0,2 et 1 centime par litre, on comprendra que ce n’est au final pas une grosse perte. 50 centimes tout au plus sur un plein.

Toujours des tensions sur le gazole

Alors que 22 millions de voitures roulent au diesel en France (soit 60% du parc automobile), le blocus des importations de gazole russe a fait mal. Il faut dire que l’Europe a abandonné depuis de nombreuses années son raffinage sur son sol, et que 30% des besoins en carburant français étaient pourvus par la Russie. Et le sont sans doute toujours…, puisque le pétrole russe raffiné en Inde, au Moyen Orient ou en Afrique nous est ensuite revendu au prix fort, prouvant ainsi l’inefficacité d’un blocus qui n’est pas mondial.