Crotenay. Les pêcheurs ont profité les uns des autres

A Crotenay, la priorité n’est pas la pêche le jour de l’ouverture. Rencontre avec son président, Nicolas Germain…

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Les pêcheurs se sont retrouvés autour d'un bon feu avec des victuailles.

 Vous êtes toujours président de la société de pêche de Crotenay ?

Oui, je suis président de Crotenay depuis 23 ans maintenant. Si cela reste un réel plaisir de donner de mon temps avec mon équipe pour ce parcours sur la rivière d’Ain, je suis à la recherche d’un jeune passionné que je me propose d’accompagner pour prendre la suite.

D’où vous vient la passion de la pêche ?

La passion de la pêche vient d’une transmission familiale au départ. Et puis par la suite de belles rencontres. Mais au-delà de la passion de la pêche, c’est tout ce qui touche au monde rivière qui fait que j’y pense sans arrêt. Ce milieu naturel regorge de vie sauvage et c’est un vrai lieu de quiétude.

Quel type de pêche pratiquez-vous ?

Si j’ai pratiqué tous les modes de pêche possibles pour attraper une truite lors de mes premières années, je suis aujourd’hui un pêcheur à la mouche exclusif. C’est un mode de pêche bien à part qui débute chez soi par le montage des mouches et qui demande beaucoup d’observation avec une connaissance parfaite des lieux de pêche.

Comment s’est passée cette journée d’ouverture de la pêche ?

À Crotenay, curieusement, la pêche n’est pas la priorité en ce jour d’ouverture. Il faut bien comprendre que c’est le seul jour de la saison de pêche où tous les pêcheurs sont là à la même heure. De notre côté, on préfère donc profiter des uns et des autres autour d’un bon feu avec quelques victuailles et surtout le plein de bonne humeur.

Comment s’annonce la saison ?

La saison comme les dernières sera convenable si l’été n’est pas trop rude. Malheureusement, nous sommes dans une période où les températures estivales sont bien trop hautes pour les truites de la rivière d’Ain. Malgré ça, il faut rester positif puisque il y a toujours de la reproduction naturelle donc de la vie.

La rivière a-t-elle été rempoissonnée ?

Nous ne sommes pas adeptes du rempoissonnement en truites surdensitaires pour l’ouverture. Nous privilégions la qualité à la quantité, c’est-à-dire les poissons sauvages.

Quel est le coût d’une carte de pêche et comment se la procurer ?

Le Jura possède un très bon système réciprocitaire. Pour la somme de 110 €, un pêcheur pourra pratiquer sur l’ensemble du département ce qui représente un vaste réseau de lacs et de rivières. Pour prendre sa carte, le plus simple étant d’aller sur le site internet cartedepeche.fr

Etes-vous toujours inquiet pour la rivière Ain et ses affluents ?

Oui, bien sûr. D’autant que je pratique sur cette rivière depuis 38 ans. Je suis un témoin de son évolution. Mon sentiment est que la qualité de l’eau ne s’améliore pas. C’est visible au niveau des insectes par exemple, ce qu’on appelle aussi macro-faune. C’est terrible à quel point cela s’est dégradé. Même un non-pêcheur peut sans rendre compte avec un peu de mémoire. Il suffit de se souvenir à quel point un pare-brise était criblé de diverses bestioles il y a 20 ans en roulant le soir à proximité d’une rivière et voir qu’aujourd’hui il n’y a plus rien ou presque.

Quelles idées défendez-vous pour la nature ?

Loin de moi l’idée de donner des leçons ou de pointer du doigt un tel ou un tel vis-à-vis des pollutions qui touchent nos rivières jurassiennes. Mais de toutes évidences, nous devons modifier nos modes de vie. Mais sommes-nous prêts à ça ? J’en doute.  2

Un pêcheur sur les lots de Crotenay le matin de l’ouverture.