Jurassienne de Céramique Française : l’histoire d’une industrie ressuscitée

La présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté a effectué une visite de la Jurassienne de Céramique Française à Damparis. Mis en vente en septembre 2020 par son ancien propriétaire, le groupe américain Kholer, l'avenir du site a connu une longue période d'incertitude, des mois d'attente... avant l'arrivée de Manuel Rodriguez, PDG du groupe français Kramer qui décidait dans la foulée de racheter le site. Une acquisition que la Région, l'Agglomération et l’État ont accompagné... avec succès !

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Mercredi 8 novembre, un soleil automnal brille au-dessus du site de la Jurassienne de Céramique Française, ancien site Jacob Delafon à Damparis. Une lumière revenue également pour les 60 salariés que comptent l’entreprise. Forts de leur savoir-faire, tous sont heureux que leur usine fonctionne, et dire qu’il y a 3 ans en arrière, la perspective de voir des lavabos, des cuvettes et des éviers sortir de l’usine jurassienne paraissait bien incertaine…
En effet, la mise en vente par son ancien propriétaire, le groupe Kholer, avait jeté l’angoisse dans tout le bassin dolois tant la marque « Jacob Delafon » faisait partie du paysage pour ne pas dire du patrimoine industriel local.

Manuel Rodriguez : « tout part d’un simple coup de fil »

En juin 2021, le PDG du groupe français Kramer, Manuel Rodriguez, observe comme tout le monde le sort du site Damparisien. « Je reçois un appel de la direction du groupe Saint-Gobain, c’est un peu la stupeur, on se dit l’usine ferme, on se renseigne, il faut bien avoir en tête que lorsque que l’on travaille dans la robinetterie, le nom Jacob Delafon, c’est un peu la Mecque dans ce domaine. J’ai décidé de venir voir le site et je me suis aperçu du nombre de savoir-faire remarquables qu’il y avait ici ! j’ai rapidement fait part de mon intention de rachat et sur ce coup là, la région, les élu(e)s locaux et l’État ont vraiment été réactifs. Ainsi, nous avons pu collaborer ensemble. »
Une arrivée dans le Jura qui ne s’est pas avérée des plus aisée…
« Au départ certaines personnes et pas les habitants, je précise, m’ont pris pour le Bernard Tapie Meusien » lâche Manuel Rodriguez.
Avec le souvenir d’avoir visité la dernière fois une usine en souffrance, la présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay a fait part de son soulagement et de sa satisfaction :
« Alors comment ça va? vous avez le sourire, j’aime voir ça ! La dernière fois que l’on s’est vu, vous vous demandiez si cette reprise était vraiment réelle » se remémore-t-elle, avec un salarié rencontré pendant la période critique, entre plusieurs moules qui serviront à couler les futures pièces.

Marie-Guite Dufay « la bataille a été rude mais il était important de ne rien lâcher »

En parcourant les kilomètres d’usine, au fil des étapes de production de la matière première, la silice que l’on trouve dans le sable, à la pose de l’émail sur la céramique cuite, Marie-Guite Dufay tenait à voir comment l’usine se portait depuis le rachat.
Il y a eu le Covid, puis la crise de l’énergie et malgré tout « Nous avons tenu » expose Manuel Rodriguez conscient que les longues heures de cuisson à gaz de la céramique et le chauffage des 60.000 m2 du site représentent des postes de dépenses énergivores.
Une raison qui a conduit la direction à utiliser seulement la moitié de la surface.
« Il faut bien avoir en tête qu’il y a eu jusqu’à 600 personnes ici, tout a été dimensionné aux standards des années 70 » explique Manuel Rodriguez qui entend défendre dans son usine « La souveraineté industrielle française ».

Plusieurs étapes s’éffectuent encore à la main

Du Made in Jura au Made in France

Vaste programme face à la concurrence étrangère, en particulier chinoise, mais le dirigeant souhaite mettre fin à certaines idées reçues :
« Ce n’est pas parce que l’on fabrique en France que l’on est plus cher, c’est faux » en comparaison à des produits de moins bonne facture, Manuel Rodriguez préfère faire moins mais mieux.
« Ici il y a un vrai savoir-faire, prenez des pièces en résine, leur coût de fabrication est certes moins élevé mais elles n’auront jamais la durée de vie de la céramique, une matière, qui de surcroît, ne pollue absolument pas en déchets utiles. »

« Ici vous montrez un réel exemple de souveraineté économique en action » concluait la présidente de région.