Jura. Un décret inquiète les gérantes de micro-crèches

S’il est appliqué au 1er septembre 2026, cela imposera des coûts importants pour les structures et des personnels risquent de perdre leur emploi. Explications…

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Les gérantes de micro-crèche avec Danielle Brulebois
Les gérantes de micro-crèches ont invité la députée Danielle Brulebois dans la structure de Messia-sur-Sorne.

Le décret relatif aux autorisations de création, d’extension et de transformation des établissements d’accueil de jeunes enfants (EAJE) et à l’accueil dans les micro-crèches a été publié au début du mois. Le volet qui renforce les obligations relatives aux micro-crèches est très critiqué par les représentants du secteur.


Parmi les principaux changements devant permettre de renforcer la qualité d’accueil au sein de ces micro-crèches (qui peuvent accueillir jusqu’à douze enfants) en renforçant les exigences en termes, notamment, de personnels… La mission de « référent technique » est supprimée, seule compte désormais celle de « direction ».

Le temps minimal consacré à la direction est porté à 0,5 équivalent temps plein, contre 0,2 jusqu’ici. Ce qui implique qu’ « une même personne ne peut plus diriger, au plus, que deux micro-crèches », avait souligné le ministère.

Au moins un professionnel diplômé doit être présent dans l’équipe d’encadrement. Pour l’accueil simultané de trois enfants par un seul professionnel, celui-ci devra être titulaire du diplôme d’auxiliaire de puériculture (et non plus du CAP petite enfance). Les sorties à l’extérieur avec un seul professionnel sont interdites.

Une réunion à la micro-crèche de Messia

Les gérantes de micro-crèches dans la région lédonienne sont inquiètes. Elles viennent d’inviter la députée Danielle Brulebois pour qu’elle fasse remonter leurs remarques à Paris. Maryline Richerataux de Voiteur témoigne qu’avec cette réforme, elle ne pourra plus ouvrir le matin. Elle est prête à « enclencher une Validation des acquis de l’expérience (VAE) » mais cela demandera du temps et de l’argent.

A Montmorot, Anne Letondal envisage de réduire son temps d’ouverture. Elle ne pourra plus répondre aux besoins des parents avant 8 h et après 18 h.

Julie Trossat, à la tête de six structures, témoigne que ses salariées sont « inquiètes sur leur devenir. Si j’embauche une auxiliaire de puériculture dans chaque micro-crèche, je vais devoir me séparer d’une ou deux CAP petite enfance. J’ai une directrice qui gère aujourd’hui quatre micro-crèches. Comme elle n’aura le droit désormais que d’en gérer deux, il va falloir recruter une autre éducatrice de jeunes enfants. »

« Vous allez être obligés de recruter, mais qui ?, s’interroge Danielle Brulebois. On va se battre pour trouver des solutions. » La députée s’est engagée à s’entretenir une nouvelle fois avec la ministre Catherine Vautrin sur le sujet. La sénatrice, Sylvie Vermeillet, lui a déjà relayé les inquiétudes des micro-crèches jurassiennes par courrier.

« Ouvrir cette micro-crèche a créé une bouffée d’air pour les parents. C’est très complémentaire avec nos assistantes maternelles. A l’heure actuelle, on ne satisfait pas à toutes les demandes des parents. Avec ça, on risque encore moins de satisfaire », témoigne la maire de Messia-sur-Sorne, Patricia Chanet.

Avec ses collègues présents, André Barbarin, maire de Montmorot ; Daniel Segut, maire d’Hauteroche et Christine Rome, adjointe au maire de Voiteur, ils ont décidé d’interpeller également l’Association des maires du Jura par courrier.