Dole. Annie Genevard, ministre de l’agriculture. « Ma méthode, c’est la proximité »

La ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire, Annie Genevard, était en visite dans le Jura ce vendredi 4 avril. Un déplacement qui a commencé par une première séquence au forum Agores, avec les professionnels de la restauration collective publique, avant de rejoindre une ferme polyculture à Foucherans et un exploitant vinicole à Toulouse-le-Château. Reportage.

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Annie Genevard a fait une visite au GAEC de Chevanny à Foucherans
Dans son déplacement jurassien, Annie Genevard a fait une visite du GAEC de Chevanny à Foucherans.

C’était un déplacement un peu comme à la maison pour la ministre de l’agriculture, Annie Genevard. En terre jurassienne, ce vendredi 4 avril, l’ancienne députée du Doubs et actuelle locataire de l’hôtel de Villeroy a exprimé son plaisir d’effectuer des visites en province pour être au plus près du terrain et pour gérer son ministère. Annie Genevard compte beaucoup sur les remontées de terrain. « Ma méthode, c’est la proximité. »


C’est à Dole que la journée jurassienne de la ministre a commencé. Cette dernière était attendue pour ouvrir la séance plénière du forum Agores et ses 400 professionnels de la restauration collective publique, qui se sont réunis pendant 3 jours dans la cité Pasteur.

« L’école est le lieu où l’on peut sublimer notre rapport avec l’alimentation »

La ministre a donné sa vision en matière d’alimentation devant les professionnels de la restauration collective publique.

C’est bien souvent à l’école, en partageant des repas avec ses petits camarades, que l’enfant construit son rapport avec la nourriture, avant de devenir le consommateur de demain. Un enjeu d’éducation que la ministre a souligné devant les professionnels du secteur. « L’école est le lieu où l’on peut sublimer le rapport que l’on a avec l’alimentation, vous êtes un maillon essentiel dans l’éducation au goût ! » et de donner avec franchise sa vision sur certains sujets : « Un repas équilibré c’est aussi des protéines et par conséquent de la viande et il faut rappeler que certains enfants issus de milieux défavorisés n’ont pas la possibilité d’en manger quotidiennement. Je souhaite que l’on ne diabolise pas la consommation de viande dans notre pays, car à travers elle, c’est une manière de soutenir nos éleveurs. En matière d’alimentation, il ne faut pas être dogmatique mais avoir de la mesure » en terminant avec subtilité « Comme en toute matière d’ailleurs« .

La ministre pointe quelques incohérences 

En ce qui concerne le Nutriscore (système d’étiquetage des produits sur les emballages), la ministre s’est dite surprise de certaines méthodes en prenant exemple sur un produit très apprécié des Franc-Comtois. « Prenez une saucisse de Morteau, je ne comprends pas pourquoi celle-ci est classée E, si vous l’achetez seule et à préparer, et que subitement elle soit classée A ou B, si elle est vendue en plat préparé avec une feuille de choux en accompagnement, on dévalorise parfois ce que l’on peut faire soi-même. »

Se battre pour notre souveraineté alimentaire 

Annie Genevard n’est pas seulement ministre de l’agriculture, mais également ministre de la souveraineté alimentaire et à ce titre cette dernière a réaffirmé tout l’engagement du gouvernement sur le sujet. « Nous avons un système agricole unique en France, avec une multitude d’AOC et IGP. Nos standards de production sont bien plus élevés que ceux de nos voisins, la ferme des 1 000 vaches, ça n’a jamais pris chez nous et je m’inquiète de voir arriver des viandes de l’étranger qui ne répondent par à nos critères ! » et de souligner avec force « La souveraineté alimentaire doit être un enjeu régalien ».

Une seconde partie de visite dans une exploitation agricole à Foucherans

Annie Genevard a ensuite quitté le forum pour rejoindre à un jet de pierre la commune de Foucherans et son exploitation agricole de polyculture, élevage le GAEC de Chevanny, tenu par la famille Lavrut. Elle a pu échanger et présider une table ronde avec les représentants des syndicats agricoles du département et plusieurs exploitants.

« C’est très important pour moi de me déplacer et me rendre directement au contact des agriculteurs, de recueillir leurs remarques et me nourrir du terrain pour ensuite prendre les meilleures décisions. »

Annie Genevard a présidé une table ronde avec des représentants du monde agricole.

Quelle attitude face aux Etats-Unis ?

Quand on demande à la ministre si elle effectue ce déplacement dans un contexte de crise à la suite des annonces venues d’outre-Atlantique par le Président Trump sur les droits de douane, Annie Genevard répond avec le sens de la répartie : « Vous savez, ce ministère a une particularité, c’est qu’une crise précède toujours une autre crise ! Plus concrètement,  les droits de douanes supplémentaires qu’a imposé le président des Etats-Unis a saisi l’ensemble du monde, c’est un problème mondial qui peut avoir des conséquences redoutables sur la rapidité des échanges ! » et en reprenant les mots du chef de l’Etat « On ne résout pas des déficits commerciaux par l’attaque, ce n’est pas la bonne façon de faire et cela compromet l’équilibre mondial ».

Le 1er salon de l’agriculture pour la ministre 

Il y a seulement quelques semaines s’ouvrait le salon de l’agriculture, un rendez-vous qui permet toujours de prendre la température du monde agricole. Pour la ministre, celui-ci marquait un certain « rebond ». « Le monde agricole avait besoin de tourner la page des périodes de grandes tensions passées et ce salon a été magnifique, nous avons pu dialoguer et les représentants du monde agricole ont pu rencontrer le nouveau commissaire européen, Christophe Hansen, pour parler de la future politique agricole commune (PAC), parce que notre prochain grand chantier, c’est celui-ci. » 

La ministre a ensuite rejoint Toulouse-le-Château pour une séquence sur la viticulture au Domaine de Frédéric Lambert.

Enzo Saad