Dole. Comment attirer et fidéliser les professionnels du secteur sanitaire et social ?

Cruel dilemme pour un secteur qui, encore plus que les autres, peine à recruter et pérenniser ses effectifs. Avec pour conséquence, les carences que l'on sait, en terme d'offre de soins et de désertification médicale.

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Réunion

Pas moins de 150 participants des métiers de la santé, du social et du médico-social, se sont réunis jeudi dernier, à la Commanderie de Dole, sous la houlette de l’ARS, de la Région, de la Préfecture de région, de l’association Soins aux Professionnels de la Santé (SPS), et de leurs partenaires, à l’image de France Travail, ou la Conférence Régionale de la Santé et de l’Autonomie (CRSA).

L’objectif de cette rencontre ? Attirer et former les jeunes et demandeurs d’emploi, améliorer la qualité de vie et les conditions de travail, accompagner la montée en compétence et faciliter les transitions professionnelles, et bien sûr, conserver les professionnels sur les territoires locaux. Des enjeux majeurs pour le secteur sanitaire qui est « le secteur le plus en tension de notre région », comme le soulignait Michel Swieton, directeur régional de France Travail.

Dans notre région, le secteur de la santé regroupe 6 activités pour la santé humaine, 87 hébergements médico-social et social, 88 établissements d’action sociale sans hébergement. Il représente 4 % des demandeurs d’emploi de la région. En Bourgogne-Franche-Comté, au 30 septembre 2024, 7 370 demandeurs d’emploi en catégories A, B et C recherchent un emploi dans les métiers de la santé. Entre octobre 2023 et septembre 2024, France Travail a enregistré 7 140 offres d’emploi pour des métiers de la santé en Bourgogne-Franche-Comté. Il y a donc presque autant de postes proposés que de candidats…  D’autant plus que 69 % des offres d’emploi du secteur concernent des emplois durables (CDI et CDD de plus de 6 mois).

Enfin, 235 660 déclarations préalables à l’embauche (DPAE) hors intérim ont été déposées dans la région par les entreprises du secteur de la santé entre octobre 2023 et septembre 2024. Ce volume est en hausse de 9 % sur un an, contre une baisse de 0,2 % pour l’ensemble des DPAE.

Plus de 5 M€ supplémentaires investis en 3 ans par l’ARS

En 2022 et 2023, plus de 80 millions d’euros ont été financés par l’ARS et des crédits santé nationaux pour la formation des infirmières en pratique avancée (IPA), le développement des terrains de stage des étudiants en médecine, le financement de lits médicalisés, de rails de transfert dans les EHPAD, ou encore des investissements du quotidien au bénéfice des professionnels et des résidents en EHPAD.

Entre 2023 et 2025, ce seront plus de 5 millions d’euros supplémentaires engagés par l’ARS pour dynamiser le plan de mobilisation. À cet engagement, s’ajoute celui de la Région, qui a mobilisé près de 11 M€ pour soutenir une importante augmentation des places de formations d’infirmiers, d’aides-soignants et d’accompagnants éducatifs et sociaux sur les années 2020 à 2023.

L’ARS a notamment proposé 170 contrats d’allocation d’étude pour 2024 pour accompagner les étudiants en dernière année d’étude d’infirmiers, masseurs-kinés, orthophonistes, ergothérapeutes… en contrepartie d’un engagement de servir de 18 mois dans des établissements de la région. Le plan joue également la carte de l’apprentissage : l’ARS aide les établissements qui libèrent le temps nécessaire à un maître d’apprentissage pour l’encadrement d’un apprenti (à hauteur de 6 000 euros par maître d’apprentissage).
L’ARS a aussi missionné l’ARACT, Agence Régionale d’Amélioration des Conditions de Travail, pour inciter les employeurs à renforcer leur démarche de qualité de vie et des conditions de travail.

Enfin, L’ARS a par ailleurs lancé un appel à manifestation d’intérêt pour promouvoir et valoriser les initiatives managériales innovantes ayant pour finalité d’améliorer le recrutement et la fidélisation dans les structures sanitaires et médico-sociales.

Frais de logement et de déplacement couverts

Le plan de mobilisation, c’est aussi l’expérimentation d’une allocation d’attractivité territoriale pour les internes en médecine. Avec pour principe, de donner aux internes qui effectuent des stages éloignés des CHU, une allocation forfaitaire leur permettant de couvrir des frais de logement et de déplacement. L’expérimentation est prévue à partir de ce semestre d’internat. D’autres initiatives viendront renforcer la connaissance et l’attractivité des métiers comme le développement des « Cordées de la réussite » dans les IFSI, avec les établissements scolaires de Bourgogne-Franche-Comté.

La Préfecture de Région quant à elle, en lien avec tous les acteurs de l’emploi concernés, s’empare de la loi plein emploi pour contribuer à résorber les métiers en tensions de la santé et du médico-social, mais également ceux du secteur social, en recherchant des solutions au plus près des territoires.

La Région se mobilise

Depuis le transfert de la compétence de la formation sanitaire et sociale aux régions, il y a 20 ans, la Région a investi, rénové et construit des bâtiments dédiés à la formation pour plus de 70 millions d’euros. Ainsi, le budget des formations sanitaires et sociales est passé en 6 ans de 50 à 63 millions d’euros !
Un effort conséquent mais qui n’est pas sans effet puisque près de 10 000 apprenants (étudiants, demandeurs d’emploi et salariés) sont inscrits en formation dans près de 10 filières en travail social et 14 filières paramédicales et sages-femmes, dans une cinquantaine d’établissements qui maillent le territoire.

 

réunion

L’avis de la députée Justine Gruet :

 

Justine Gruet
La députée doloise Justine Gruet ouvrait les débats.

« La société a changé, on ne fera plus 40 ans le même métier dans la même entreprise.
Nous sommes amenés à pratiquer plusieurs vies dans une vie professionnelle.
Si l’on souhaite améliorer les choses, il faut parvenir à retrouver du sens à notre cœur de métier, c’est à dire ne plus remplir des papiers mais soigner les patients, avec un temps qualitatif, ce qui manque parfois dans les EHPAD.

Il faut surtout mieux valoriser, le libéral, qui contraint encore à devoir accomplir beaucoup d’administratif en dehors des heures de travail. Sur les 5 branches de la sécurité sociale, toutes ne sont pas gérées de la même manière. Il y a du public, du privé, un reste à charge différent… Tout cela aussi demande une meilleure harmonisation.

On ne s’engage pas dans ces métiers sans la vocation du sens de l’humain. Or, on constate souvent que l’on donne pas tous les moyens qu’il faudrait aux personnels. Il y a certainement une simplification administrative à accomplir lorsque je vois que des jeunes de Dole vont étudier à Strasbourg, et que des jeunes de Strasbourg étudient à Dole… De même qu’un travail de souplesse du système qui est encore aujourd’hui trop figé et empêche certaines passerelles entre les métiers ».