Jura. Agents pénitentiaires : la peur doit changer de camp

Ils disaient depuis des années qu’un drame allait arriver. Ces professionnels sentent le gouvernement impuissant et s’inquiètent de la protection des citoyens.

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Un bouquet offert par un journaliste sur la porte de la maison d’arrêt à Lons-le-Saunier. Un autre dans un vase à côté amené par un policier du commissariat de la ville. Une femme qui stoppe sa voiture sur le trottoir pour dire son soutien aux agents pénitentiaires : « Il faut jouer collectif ».

Les gardiens de la prison jurassienne ont reçu de multiples messages de soutien à la suite de l’attaque mortelle d’un fourgon pénitentiaire dans l’Eure mardi 14 mai. La députée, Danielle Brulebois, a souhaité aussi venir témoigner son « soutien, respect et sympathie », vendredi 17 mai. « Je suis toujours préoccupée par votre sécurité face aux délinquants, aux criminels, auxquels vous avez affaire jour et nuit », leur a-t-elle indiqué.

Interdire les extractions à deux agents

Les professionnels lui ont fait part de leur peine et de leur colère.
« Cela fait des années que nous disions qu’un drame allait arriver. Vos paroles, c’est très bien, mais dans les actes, il n’y a pas grand-chose. Les budgets ont été rabotés. On ne vous parle pas de la revalorisation des salaires. Ce n’est pas parce qu’on nous donne plus d’argent que nous devons aller nous faire flinguer dehors », a répondu Laurent Boitrand, délégué régional adjoint de l’union régionale Ufap-Unsa Dijon.

Danielle Brulebois avait joint le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, la veille, lequel lui avait transmis son relevé de décisions suite à sa rencontre avec l’intersyndicale.
Les agents pénitentiaires ont dit leur souhait que le gouvernement aille plus loin sur certains projets. Par exemple, étendre les dispositifs anti-drones et de brouillage des téléphones portables à tous les établissements, doter la région d’un chien en spécialité stupéfiants, interdire et non pas « limiter » les extractions à deux agents…
Les Jurassiens ambitionnent aussi que les députés légifèrent afin d’obliger les juges à se déplacer dans les prisons pour les détenus dangereux.

« Il vaut mieux être un détenu de prison qu’un vieillard dans un Ehpad »

 

Pour eux, le vrai problème est le démantèlement des armes. « On sait où elles sont. On en a parlé au préfet qui hausse les épaules. Ce qui m’inquiète, c’est que vous semblez impuissants », a regretté Laurent Boitrand. « Dès qu’on touche à la liberté, à l’assemblée nationale, cela réagit. Le problème, c’est la protection des libertés. Par exemple, toutes les villes devraient être équipées de vidéosurveillance », lui a répondu Danielle Brulebois.

Les personnels ont eu des mots forts :
« Il faut avoir conscience que la population pénitentiaire a changé. En 2024, il vaut mieux être un détenu de prison qu’un vieillard dans un Ehpad », est intervenu Yannick Michaud, responsable local.
« Si les surveillants de prison, les policiers, les gendarmes… ont peur pour leur sécurité, est-ce que nous allons être capables de protéger les citoyens ?, a demandé Laurent Boitrand.  Il y a des voyous qui sèment la terreur et ça marche… Il faut inverser la vapeur ! »

La députée, Danielle Brulebois, a souhaité aussi venir témoigner son « soutien, respect et sympathie » aux agents pénitentiaires jurassiens.