Jura. La forêt, source de préoccupations

Sa gestion inquiète le gouvernement, qui multiplie les annonces. Sur le terrain, l’Office national des forêts a par exemple sensibilisé dernièrement les élus de Poligny aux difficultés rencontrées.

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Les regards se portent ces dernières semaines sur la forêt… « C’est un massacre », se désolait une randonneuse récemment. « Il vaut mieux couper les bois qui tombent », rétorquait un Jurassien.

On se souvient que le président de la République, Emmanuel Macron, avait choisi le Jura, 4e département forestier de France, fin novembre, pour lancer son programme « 1 jeune, 1 arbre ». Il avait alors été annoncé que l’objectif était de replanter un milliard d’arbres d’ici 2030. Une façon de lutter contre les épisodes de sécheresse, le dépérissement de certaines essences, les scolytes, mais aussi les feux de forêt.

Sa gestion monte dans les préoccupations du gouvernement. Après avoir voté 500 millions d’euros dans la loi de finances pour 2024, il vient de créer un poste de délégué interministériel à la forêt pour « promouvoir, coordonner et suivre la mise en œuvre de la planification écologique de la forêt, de la transformation et des usages du bois ». C’est Jean-Michel Servant, ex-président de France Bois Forêt, qui représente la filière, qui a été promu.

Un sujet stratégique

Dans Les Echos du 18 avril, Antoine Pellion, secrétaire général à la planification écologique à Matignon, déclarait : « La forêt est un sujet stratégique à plusieurs égards : elle joue un rôle essentiel en tant que puits de carbone (elle stocke deux fois moins de carbone qu’il y a dix ans) et pour la biodiversité, mais aussi pour l’économie et l’industrie à travers son exploitation ». Et aussi : « Le gouvernement a la volonté d’accélérer sur de nombreux chantiers » : la plantation annoncée de millions d’arbres, l’utilisation du bois des forêts pour la biomasse ou encore la structuration d’une filière aval pour que le bois puisse être travaillé en France, au lieu d’être exporté puis réimporté en produits finis ».

Il y a quelques jours, les élus polinois ont été sensibilisés à l’état de leur forêt qui pèse 2 900 hectares, ce qui en fait une des plus grosses forêts communales de France. Grâce aux professionnels de l’Office national des forêts, ils ont observé un frêne qui s’était couché, attaqué par un champignon, le Chalara. « Même si les arbres sont couchés, il y a des graines, a expliqué Sébastien Vincent. Le frêne repoussera un jour. Cela mettra 200-300 ans. A l’échelle de la forêt, ce n’est rien, à l’échelle humaine, ça fait beaucoup. La forêt sera toujours là. »

Le bois scolyté peut être utilisé

Le conseil municipal a également constaté les dégâts provoqués par le scolyte. Quand il s’installe dans l’épicéa, celui-ci n’a aucune chance. Mais on peut faire une charpente avec du bois scolyté. Ils ont pris connaissance des efforts de replantation, parfois mis à mal par la chaleur, le vent ou les engins d’exploitation qui tassent le sol.

« On a vu des choses catastrophiques à l’œil humain. Dans l’ambiance forestière, il n’y a pas de dépérissement à l’extrême », a conclu Thierry Chaussignand, responsable de l’unité territoriale. Dans le Jura, il y a neuf UT de 8 à 10 agents. « Nous sommes toujours contents d’expliquer ce que nous faisons et que les gens s’intéressent à la forêt. »

La forêt est pour certaines communes du département leur seule ressource. « Nous vendons 11 000 m3 par an, a expliqué André Jourd’hui, adjoint en charge de la question à Poligny. Trois quarts de résineux, un quart de feuillus. 70 % de secs et dépérissants. » En moyenne, le m3 de résineux se vend 60 €, 150 à 250 euros pour les feuillus. Certains bois polinois sont labellisés AOC et rapportent ainsi une vingtaine d’euros supplémentaires le m3.