Une monnaie locale est une monnaie complémentaire de la monnaie officielle, l’Euro. Toutes les monnaies locales sont adossées à la monnaie nationale.
Une monnaie locale ne peut être utilisée que sur un territoire restreint : ville, région, et ne concerne qu’un éventail réduit de biens et services. Elle est mise en place par une association qui en assure la gestion avec l’aide d’un établissement financier. On ne peut payer avec la monnaie locale que certaines marchandises.
La loi du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire a donné une base légale aux monnaies locales complémentaires. Son article 16 reconnaît les monnaies locales comme titres de paiement, si ces titres sont émis par des entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) et que ces monnaies respectent l’encadrement fixé par le code monétaire et financier.
A quoi peut servir une monnaie locale, comment fonctionne-t-elle ?
Une monnaie locale peut servir à payer des achats du quotidien dans le cadre du commerce de proximité, de la vente de produits locaux.
La monnaie locale sert en général à développer l’économie en favorisant le commerce et la production de proximité. Par exemple, il n’est pas possible d’utiliser une monnaie locale dans un supermarché ou un hypermarché. La monnaie locale peut également servir à développer des projets solidaires.
Il n’est pas possible de déposer de la monnaie locale sur un compte en banque.
La monnaie locale est généralement mise en place par une association. Certaines collectivités peuvent également participer à la mise en place de ces monnaies.
La monnaie locale permet de payer des transactions entre particuliers et entreprises ou entre entreprises.
Objectif, stimuler le développement de proximité
Constituée par un groupe de Francs-Comtois, l’association « la Pive » lance une campagne de financement participatif et conduit à une première impression de 10 000 pives en mai 2017 pour un total de 45 000 pives en fin d’année. Les 45 000 Euros correspondants étant déposés sur un fond de garantie au Crédit coopératif. Les premiers lieux à utiliser la pive ont été le Grand Besançon, le Pays du Revermont et le pays lédonien avant de s’étendre sur une grande partie de la Franche-Comté dont l’agglomération doloise et Saint- Claude.
On dénombre actuellement 365 établissements au sein de l’annuaire officiel et plus de 125 000 pives en circulation. L’idée d’un paiement dématérialisé a germé dès le début, mais de par le coût élevé de l’investissement la mise en place ne s’est faite qu’en 2021 à la suite de l’évolution de l’association et du nombre d’utilisateurs
Une monnaie locale égale une monnaie éthique
Une Pive équivaut à un euro. Ce choix a été fait pour une raison de simplicité pour les différents acteurs. La pive est déclinée en cinq billets de 1, 2, 5, 10 et 20 Pives. Chaque billet dispose d’un code-barres enregistré au sein d’une base de données pour limiter les risques de falsification. Il n’existe pas de pièces, la monnaie ou l’appoint se fait en euros. Il est possible de se procurer des Pives dans les comptoirs d’échanges contre des euros, il est pour cela nécessaire d’adhérer à l’association.
Une charte a été mise en place qui résume l’objectif et les valeurs que défendent cette monnaie locale. Privilégier les circuits courts et de qualité, apporter une réponse de proximité à nos besoins, favoriser et développer l’emploi sur le territoire, s’appuyer sur la coopération de tous les membres impliqués pour la faire vivre, promouvoir la transparence dans son fonctionnement, inciter chacun à adopter des pratiques respectueuses de l’humain et de l’environnement.
Une quarantaine d’entreprises sur le bassin lédonien.
Olivier Anthonioz, membre du groupe local de l’association sur le bassin lédonien définit ainsi son engagement : « C’est un outil à la disposition de la communauté qui permet que chacun à sa mesure puisse se questionner sur ses habitudes de consommation qui met en relation autant les professionnels que les consommateurs que nous sommes. Chaque fois que j’ai un achat à faire, je dois me poser la question de l’acha payé en monnaie locale. Sur le pays lédonien, il y a une quarantaine d’entreprise qui acceptent cette monnaie, autant commerçants qu’artisans. Si on parle d’épiceries, il y a 5 ou 6 commerçants qui l’acceptent. Des pros comme la biocoop peuvent trouver de nombreux fournisseurs locaux. La Pive étant disponible sur toute la Franche-Comté, le choix est assez large. Toutes les monnaies ont un fonctionnement analogue avec une charte malgré tout un peu différente mais avec des valeurs communes. Nous incitons tous les citoyens responsables pour soutenir l’économie locale à devenir utilisateurs de la Pive, la monnaie locale de Franche-Comté ».
Des valeurs à défendre définies par une charte
Chaque monnaie possède une charte spécifique mais qui défend les mêmes valeurs en orientant le public vers une consommation locale plus responsable et les commerçants vers des fournisseurs plus proches de chez eux, ce qui diminue d’autant les gaz à effet de serre. Elle permet également de lutter contre la spéculation financière car la Pive n’a qu’une fonction, celle de la faire tourner et de ne pas rester bloquée sur un compte en banque…
Il faut savoir aussi qu’une grande partie du fond de garantie est placé à la N.E.F. qui est une banque coopérative de finance solidaire qui s’engage à utiliser ce fond pour financer des projets locaux. De plus, la N.E.F. s’engage à doubler ce fond pour le même usage cité précédemment. Une Pive en circulation favorise donc doublement le commerce et les initiatives créatrices de proximité.
Le problème reste de démocratiser son utilisation et la faire dépasser le cercle des « déjà convaincus »
il y a actuellement un potentiel de plus de 200 adhérents qui utilisent la pive. Des salariés dont 7 à Biocoop ont accepté d’être partiellement rémunérés en Pive. Il est vrai que la Covid a porté un coup d’arrêt à son développement puisque le paiement sans contact était préconisé. Il existe 3 banques d’échange sur Lons, la Biocoop, le marché paysan, la librairie Guivelle, la maison du haut à St Lothain le pratique aussi. L’association attend également qu’ils soient utilisateurs et prescripteurs.
A partir de début septembre, la pive dématérialisée est en circulation avec la possibilité de convertir la pive monnaie en pive numérique, ce qui permettra au plus grand nombre d’accéder à ce moyen de paiement. Une salariée a été engagée à plein temps à Besançon qui s’occupe de la communication et qui est active au niveau de la presse. L’association était également présente au forum des associations de Lons et au festival des solutions écologiques. Des permanences sont aussi assurées chez les commerçants adhérents qui prennent la pive. Il existe un annuaire sur le site de l’association où sont répertoriés les commerçants adhérents.
www.pive.fr