Avec une inflation jamais vue depuis plus de 30 ans, c’est aussi le monde des placements qui vacille. Pour essayer de juguler cette flambée des prix, les banques centrales et les marchés anticipent une hausse des taux d’intérêt, seul levier pour freiner l’économie. Leur corollaire, c’est que les taux des livrets réglementés vont subitement devenir, plus attractifs, en particulier le Livret d’Epargne Populaire (lire encadré). Avec des taux à plus de 2%, voire 4%, les traditionnels « fonds en euros » vont faire à côté bien pâle figure. Adossés à des obligations dont le rendement n’a fait que décroître au fil de la décennie, ils peinent maintenant à se hisser au-delà de 1%. Dérisoire face à une inflation qui atteint désormais près de 6% en juin (et 7% sur la fin d’année). Selon des sociétés de conseil en gestion de patrimoine, il existe un risque que les épargnants arbitrent ces fonds en euros au profit de ces livrets réglementés ou d’autres placements, obligeant les sociétés d’assurance-vie à solder leurs positions en moins-value sur leurs énormes portefeuilles obligataires. Même si le risque d’une banqueroute ne figure que comme hypothèse, celle-ci a été bel et bien anticipée par la loi Sapin : son article 49 dispose qu’en cas de « menace grave et caractérisée » pour le système financier, l’Etat -sur décision du Haut conseil de stabilité financière- peut suspendre ou limiter les retraits sur les contrats d’assurance-vie. Et ceci pendant une période de trois mois renouvelable.
Les unités de compte mieux placées
Si le spectre de cette arme atomique semble encore lointain, plusieurs garde-fous sont d’ores et déjà prévus pour y faire face. Depuis des années, les assureurs « stockent » des provisions pour participation aux excédents (PPE), afin de faire face à un coup dur : si la moyenne s’établit autour de 5%, certains culminent à 7%…tandis que d’autres ont déjà tout distribué et frisent le zéro. Combien de temps ces noisettes permettront-elles de faire office de filet de sécurité ? Si les taux devaient rester à des niveaux élevés pendant plus d’un an, les gros assureurs (encours de plusieurs dizaines de milliards €) seraient certainement en peine de faire face à toutes les moins values engrangées sur leurs portefeuilles obligataires… Par mesure de prudence, les épargnants peuvent donc se tourner vers les unités de compte (UC) de leurs contrats d’assurance-vie, des UC au capital non garanti mais qui leur permettent de continuer à bénéficier du cadre fiscal très avantageux de l’assurance-vie. Sans oublier bien sûr les livrets réglementés dont il peut être temps de faire le plein.
La rédaction
Le LEP à 4% en août ?
Si l’inflation poursuit sur sa lancée, le Livret d’Epargne Populaire (LEP) pourrait bien atteindre un niveau inédit : plus de 4% dès le 1er août. L’occasion peut-être de redécouvrir son attrait, car selon la Banque de France, seuls 13,3% des Français majeurs en détiennent un en 2020 alors que près de 50% y sont éligibles. Si les seniors n’ont pas loupé le coche, de nombreux jeunes méconnaissent ce dispositif qui pourrait leur bénéficier. Seules conditions pour y prétendre : déclarer moins de 20.297 € de revenus en 2020 (une personne), ou moins de 31.137 € de revenus (deux personnes). Le seul bémol de ce livret tient au fait de les encours se limitent à 7.700 € par personne…Pour le reste, les épargnants peuvent se tourner vers le bon vieux livret A (plafond 22.950 €), dont le taux pourrait en principe flirter avec les 1,7%, un niveau inconnu depuis près de 10 ans. En complément, le livret de développement durable et solidaire (LDDS, ex Codevi) devrait aussi voir son rendement revalorisé, permettant d’y placer 12.000 € en sécurité. Au total, ces trois livrets permettent ainsi de mettre environ 42.600 € au frais.
Faut-il encore les posséder…