Mouillette

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Gérard Bouvier.

Le 3 février Francisco Rabaneda y Cuervo, qui avait vêtu tant de femmes, s’est dérobé. C’était Paco Rabanne. Un génie de la mode. Mais tous les génies ont une faille. Lui, avait prédit l’apocalypse pour le 11 août 1999 lors d’une éclipse de soleil qui devait voir la station Mir s’écraser sur Paris.

Je me souviens du lendemain comme si c’était hier. Le 12 août était un jeudi et au petit matin, trempant ma mouillette dans mon œuf mollet, j’apostrophais ma femme : « – mais qu’est-ce que tu fais là ? ». Elle me répondit sobrement : « – et toi ? ». Nous venions de le constater : quel émoi ! nous étions vivants…

Il est encourageant d’être sain et sauf dès le saut du lit, mais -méfions-nous- ce ne sera pas toujours le cas.

J’eus une pensée pour Paco Rabanne. Comme il devait être dépité. Comme il avait dû se pincer jusqu’au sang pour se convaincre que Mir avait raté Paris et continuait de tourner d’ouest en est sur nos têtes. Il n’est jamais très agréable pour un survivant de se croire définitivement mort. Ça peut occasionner des transports au cerveau et des coliques venteuses. Parfois même jusqu’à un bégaiement transitoire qui est juste bon à se faire remarquer. Bien mal à propos.

Bien sûr, Paco avait fait la grasse matinée. Il n’était pas à ça près, lui qui venait d’expliquer dans une émission de radio, qu’il avait 75 000 ans. À quoi bon faire sonner son réveil pour un lendemain où l’on sera mort ? C’est bien user des piles pour rien.

Les fins du monde ont la vie dure. Elles furent prophétisées bien souvent. Ainsi un panneau publicitaire géant l’annonçait sur les voies rapides aux États-Unis pour le 21 mai 2011. Assorti de cette estampille : « La bible le garantit ».

Bof ! À moins que nous ne soyons des zombies errants dans un monde virtuel sans même l’avoir compris…