Philanthropes…mais pas trop

Beaucoup plus discrets que leurs homologues américains, certains patrons français donnent tout ou partie de leur entreprise, après avoir tout donné pour réussir. Un choix qui interpelle.

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Ils donnent de leur vivant tout ou partie de leur entreprise et de leur fortune à des fondations...

Ils s’appellent Marc Ladreit de Lacharrière (patron de Fitch, leader mondial des agences de notation), Yvon Chouinard (patron de la marque de vêtements Patagonia), Charles Kloboukoff (Léa Nature), mais aussi d’autres moins connus (patrons de Bureau Vallée ou encore Archimbaud).

Signe distinctif : ont réussi, et donnent de leur vivant tout ou partie de leur entreprise et de leur fortune à des fondations ou des fonds destinés à œuvrer pour le bien commun et pour l’avenir de l’humanité ou de la Terre. Des fondations parfois créées spécialement pour l’occasion.

Une démarche qui interpelle forcément dans le monde des affaires, où -on le sait- les bisounours ne font en général pas de vieux os, et encore moins de petits. Mais comment peut-on en arriver à léguer tout ce que l’on a si durement acquis à autrui ?

Pour Charles Kloboukoff, il s’agissait de ne pas enrichir sa descendance avec une fortune tombée du ciel. Pour d’autres, comme Marc Ladreit de Lacharrière, il s’agissait qu’engagement et réussite se marient au service d’une société plus juste et plus fraternelle. De hautes valeurs morales qui peuvent tenir à une éducation ou un chemin de vie singulier, tel celui d’Alain Cojean. Après avoir gravi tous les échelons chez Mac Donald’s, il fonde une entreprise de restauration homonyme sur le thème du ‘fast good’. Après un accident, six mois d’hôpital et de fauteuil roulant, il crée sa fondation « Nourrir, Aimer, Donner » dont le seul nom suffit à saisir ses objectifs : l’accès à la nourriture et à l’eau pour le plus grand nombre. Même en période de fêtes, les esprits chagrins objecteront peut être, que rares sont encore ceux qui passent le cap du don partiel ou universel. Mais si les Etats-Unis donnent une fois de plus le « la » à l’ordre mondial des affaires, la tendance pourrait s’infléchir. On ne compte plus les grandes fortunes ouvrant grandes leurs cornes d’abondance outre Atlantique pour déverser des millions ou des milliards sur des causes souvent plus ciblées qu’en France (leur université, leur communauté, leur chapelle au sens propre ou figuré). En ces temps de fêtes et de vœux, on le leur pardonnera…

La rédaction

D’autres donateurs

Il n’y a pas que les grands patrons qui font la pluie et le beau temps sur la planète bienfaisance. Pour les associations et les ONG, 16% des Français représentent 45% des dons déclarés en France, selon une étude menée en 2021 par France Générosités. Comme quoi les riches ne seraient pas tous des pingres patentés, et qu’il y aurait parmi eux quelques bonnes âmes… Pour d’autres, il s’agit aussi d’échapper à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) : si leurs biens se sont fortement valorisés depuis la flambée du marché immobilier, le fait d’en faire don équivaut à une remise de 75% du coup de massue fiscal.

On a retrouvé la mère Noël

Depuis son divorce avec Jeff Bezos, ex patron du tentaculaire Amazon, son ex femme Mackenzie Scott révolutionne le petit monde de la philanthropie. Heureuse détentrice d’une participation dans Amazon évaluée jadis à quelques 60 milliards de dollars, elle s’est délestée de dons absolument colossaux (12 milliards de dollars depuis 3 ans par exemple) en faveur de communautés défavorisées, de banques alimentaires et de nombreuses autres œuvres caritatives. Et contrairement à ses prédécesseurs, elle n’a jamais assorti ses dons titanesques à d’innombrables conditions ou contrôles. Une confiance jamais connue au pays de l’oncle Sam, qui marque un nouvel essor dans la générosité et dans l’espoir d’un monde meilleur.