Simulacres et simulation

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Il était une fois une intelligence maléfique mais éminemment supérieure qui, sournoisement, s’était octroyée le contrôle de l’humanité.

Cette entité malsaine exploitait ses contemporains, les dominait, les manipulait, en les maintenant léthargiques, dans un état quasi-végétatif.
Insidieusement, elle les paralysait entre l’angoisse de la mort, la peur de l’avenir et le devoir de survivre de plus en plus difficilement, afin de les contraindre à travailler toujours plus pour elle. Plus longtemps, et avec un revenu aussi dévalorisé que dévalorisant.
En clair, à lui rapporter encore plus de profit, mais à moindre coût…
Puisque les textes de loi ne permettaient pas de réduire les rémunérations, s’organisait alors une inflation généralisée, ce qui, cumulé au gel des revenus du travail, revenait au même. Le tour de force était accompli. C’est assez facile finalement.
Ainsi, l’immense majorité des peuples n’était plus qu’une sombre masse d’âmes errantes, vivant, surnageant dans une sorte de réalité virtuelle, où tout leur semblait normal.
Tellement normal, que très peu d’entre eux étaient conscients de subir les nocifs aléas d’une destinée tragi-comique.
Pour peu qu’ils cherchent à s’interroger, il y avait un tel flux d’informations à absorber, une telle propagande aussi malhonnêtement que soigneusement orchestrée de la part de ceux qui les dirigeaient, qu’ils en devenaient passifs, résignés.
De simples spectateurs de leur existence, inertes, nonchalants, fatigués, en état de sidération prolongé, incapables de traiter, encore moins de cultiver ou de réaliser comme il se devait, l’état de leur mortifère condition.
Chaque esprit n’était plus qu’un terminal où l’idéologie s’affichant “progressiste” se répandait à la vitesse de la fibre optique. Chaque individu n’était plus qu’un écran visualisant d’autres écrans.
Tout était creux, vide et insipide. Les principaux repères s’étaient désagrégés. L’époque post-moderne était parvenue à son apogée.
Heureusement, par un beau matin d’hiver, une faille du système fut mise à jour. L’intelligence perverse et transgressive ne pouvait pas lutter contre ce qui lui avait toujours échappé : l’émotion, les sentiments, l’instinct de survie, la colère, la révolte, parfois même la folie destructrice pour les plus gravement abusés qui soudainement s’en rendaient compte. L’impact du choc de réalité révélait (légitimement) une terrible fureur.
Conscientisant toutes ces années d’humiliation, ils étaient désormais prêts à mourir pour leur cause. Même dès maintenant s’il le fallait.
Après tout, ce serait un honneur pour leurs descendants que d’avoir le nom de leur aïeul inscrit au panthéon des héroïques victimes du grand renversement du 21ème siècle…
Les fausses apparences dégringolaient. L’éternel retour accomplissait son œuvre. La marche du temps voyait ressurgir les notions jusqu’alors obsolètes d’histoire, d’anthropologie ou de déterminisme.
Le secret de la grande (dis)simulation était percé. L’architecture de l’oppression s’effondrait. L’humanité se réappropriait sa cause.
L’image du monde réel se rétablissait essentielle. Bien plus que celle renvoyée par les réseaux sociaux, désormais délaissés.
L’antidote au mal était simple : être redevenait plus important qu’avoir…