La santé des élevages jurassiens sous surveillance

Le Groupement de Défense Sanitaire du Jura (GDS 39) s’est fixé comme objectif de réduire l’impact de certaines maladies bovines (si possible de les éradiquer), et pilote par ailleurs une cellule de prévention pour la bientraitance animale. Une thématique dans l'air du temps...

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Vache Montbéliardes dans les prés
L'amour est-il dans le pré ?

Après les différents scandales sanitaires, ayant récemment alimenté le flux de l’actualité nationale et locale, qu’en est-il du Jura sur sa situation en matière d’élevage ?
« On a la chance de bénéficier d’un département  propre, au plan sanitaire » : pour Franck Morel, directeur du GDS 39 arrivé le 14 décembre 2020, le Jura jouit d’une relative sérénité en lien avec la bonne « santé » économique de la filière laitière. A la différence du Covid, nos montbéliardes n’ont pas trop pâti de turpitudes virales ces derniers temps.
« Le dépistage précoce, la surveillance épidémiologique, les mesures de biosécurité et parfois la vaccination sont des outils à notre disposition pour limiter la prévalence de certaines maladies » comme la BVD (diarrhée virale  bovine) et l’IBR (rhinotrachéite infectieuse bovine) explique Franck Morel.
« Nous avons de la chance, car ces mesures de lutte, comme la vaccination par exemple, peuvent être imposées en milieu animal », et de ce fait, ces deux dernières pathologies se trouvent en voie d’extinction (en particulier l’IBR).
Quant à la fièvre aphteuse et la tuberculose bovine, elles ne sont plus qu’un lointain et douloureux souvenir dans notre département.
« Tout cela ne s’est pas fait en un jour et il ne faut surtout pas baisser la garde sous peine de ruiner les efforts consentis précédemment. Les règles imposées aux éleveurs sont élaborées avec en filigrane, l’idée qu’elles doivent servir l’intérêt collectif. Si 5 ou 10 % d’entre eux ne les respectent pas, nous risquons de manquer notre cible » confie le directeur.
C’est aussi un travail de longue haleine puisque les plans de lutte s’étalent sur plusieurs années, voire 5 ans à 10 ans pour arriver à juguler certains virus ou certaines bactéries.

La « mutuelle santé » des vaches

Grâce à tout ce travail de l’ombre, les consommateurs peuvent être rassurés : d’énormes précautions sont prises au sein du premier maillon de la chaine alimentaire (les élevages) pour permettre une traçabilité et une qualité des produits conforme.
Une exigence à la hauteur des enjeux, puisque certains fromages au lait cru (Morbier, tomme du Jura, etc.) font la réputation du département et ne supportent pas la moindre salmonelle.
Pour ce faire, le GDS fonctionne un peu comme une mutuelle explique Franck Morel :
« Nos ressources proviennent pour partie des éleveurs, abondées également par des subventions de la région et du Conseil départemental du Jura ».
En retour, les exploitants peuvent obtenir une prise en charge par le GDS de certains frais liés à la santé de leurs troupeaux : analyses sanguines ou autres, biopsies, vaccinations, analyses de mesures prophylactiques, etc.
Le GDS Jura travaille donc en étroite relation avec les vétérinaires ruraux, qui malgré un maillage du territoire manquent à l’appel du fait des contraintes du métier (astreintes le week-end, déplacements, etc.).
Autant d’actions au quotidien pour que l’image de l’élevage jurassien et des emblématiques Comté et Morbier continuent à briller au firmament des plaisirs gustatifs. Qui plus est, à l’approche des fêtes de fin d’année.

Franck Morel, patron du GDS 39, estime que le bien-être des bovidés a connu une nette amélioration ces dernières décennies.

Bientraitance : éviter les dérapages

A propos de « révélations » hyper-médiatisées dénonçant une maltraitance généralisée dans le monde de l’élevage, le GDS dénonce quant à lui des attaques souvent injustifiées émanant de personnes « en décalage complet avec le monde agricole ».
« Une vache qui boite ou qui reste un jour sous la pluie ne suffit pas à taxer son éleveur de barbare » soulignent les responsables.
En effet selon le GDS depuis 30 ans, les élevages n’ont cessé de se moderniser et de suivre des normes de plus en plus contraignantes. Les éleveurs ont surtout compris depuis longtemps qu’un animal heureux et bien traité est un animal qui produit mieux et plus…
« Un éleveur ne maltraite jamais ses bêtes par plaisir » confie le GDS, mais cela peut arriver lorsqu’il perd hélas pied, par exemple à la suite de difficultés personnelles (santé, divorce, décès, etc.). Toutefois, ces tourments ne justifient en rien de tels comportements.
C’est pourquoi, pour traiter rapidement ces quelques rares cas de figure, le Groupement pilote une cellule départementale pour la bientraitance animale (financée entre autres par le Conseil départemental du Jura).
Ainsi, en collaboration avec tous les partenaires institutionnels et les services de l’état, la cellule propose des solutions palliatives et individualisées. Parfois il peut s’agir aussi d’un éleveur arrivé à 70 ans ou plus, qui ne peut plus physiquement gérer son troupeau, sans se résoudre pour autant à vendre. « L’élevage, c’est toute leur vie » constate Franck Morel, qui a lui-même exercé durant toute sa carrière dans ce milieu.
Chose que certains adeptes d’un anthropomorphisme excessif ou extrême ne peuvent sans doute que difficilement assimiler…