Julien Compagnon et ses centaines de ruches

L’apiculteur professionnel, médaillé trois fois au concours général agricole en 2023, aimerait aller encore plus loin. Mais le métier se complexifie et il est difficile de recruter.

0
2530
Crédit photo : Auguste et Léopold.

Si Julien Compagnon s’est mis à son compte comme apiculteur en 2017, il a des ruches depuis une vingtaine d’années. « Mon grand-père m’a acheté la première ruche, raconte-t-il. J’en ai eu jusqu’à une quinzaine. » Le passionné a travaillé à la coopérative apicole du Jura pendant une dizaine d’années. « Le fait de côtoyer des apiculteurs m’a amené à me questionner pour me lancer. » A ce moment, il avait jusqu’à 150 ruches.
En 2017, quand il a décidé de s’installer, il a multiplié son cheptel par deux. « Aujourd’hui, je possède 400 ruches pour la production de miel et 200 qui servent à l’élevage de reines que je fais moi-même. Je maîtrise ainsi la filière du début à la fin, la génétique est stable et je sais lesquelles je peux greffer. »
Deux fois par an, le professionnel réalise entre 40 et 50 inséminations artificielles et environ 1 500 reines. « Quand les œufs ont trois jours, je prélève la larve que je plonge dans la gelée royale dans le cadre de la ruche et cela la transforme en reine. » En fait, une reine est une abeille qui a été nourrie de gelée royale dès qu’elle a été dans l’œuf. « Le greffage, c’est tous les cinq jours en saison, d’avril à fin juillet, par série de 100 à 150 », ajoute-t-il.
Le bâtiment de 540 m2 à Pannessières a été construit en 2019. « J’ai fait un magasin pour vendre des produits et des espaces pour l’extraction de miel, le stockage et aussi un laboratoire. »

Beaucoup de transhumance

En hiver, les ruches sont dans le Jura, dans un rayon de cinquante kilomètres autour du siège. « Au printemps, je fais beaucoup de transhumance suivant la floraison », explique Julien Compagnon : en Saône-et-Loire, pour l’acacia et le colza ; sur le premier plateau du département pour le miel de forêt et de tilleul ; en montagne pour le miel de sapin et montagne. Il va même jusque dans la Drôme pour le miel de lavande.
« Je demande l’accord aux propriétaires des terrains, souvent des agriculteurs, lavandiers…, explique Julien Compagnon. C’est une tâche assez facile pour moi car, avec mes parents agriculteurs et ma scolarité à Montmorot au lycée agricole, mes plus proches amis sont agriculteurs alors ils m’accueillent tous avec joie. Je charge tout sur mon pick-up, sur des palettes et je transhume avec des ruches fermées car je charge à la main. » Une fois arrivée, il les rouvre. Les abeilles sortent, elles s’habituent pendant une journée à leur nouvel habitat puis elles se remettent au travail.

Sécheresse, frelons asiatiques, varois

Julien Compagnon témoigne aussi que le métier est de plus en plus difficile. « Il y a eu beaucoup de mortalité cet hiver du fait de la sécheresse, les frelons asiatiques, le varois… » Du fait de la sécheresse, il n’y avait pas de pollen donc il fallait les nourrir mais ça ne remplace pas le pollen et le nectar qu’elles trouvent sur les fleurs. Les frelons asiatiques ont fait du mal l’année dernière, il n’y en a jamais vu autant. Quant au varois, il s’agit d’un acarien qui attaque les larves, les abeilles naissent déformées et meurent.
« Depuis tout petit, j’adore les insectes, sourit le passionné. Quand j’ai eu ma première ruche, j’ai été très intéressé. J’ai perdu plusieurs ruches une année, cela m’a démotivé. Le lien avec les apiculteurs m’a remotivé. » Julien Compagnon aimerait avoir plus de ruches, mais le personnel manque.

ENCADRE
Médaillé trois fois

Au concours général agricole de 2019, Julien Compagnon avait eu la belle surprise de recevoir une médaille en argent sur son miel de montagne clair. Cette année, il en a récolté trois ! Une de bronze pour le forêt, une d’argent pour le sapin, une d’argent pour le montagne foncé.
« La chambre d’agriculture prélève le miel, le met sous scellé, puis nous envoyons le colis pour refaire les analyses. Le miel est validé ou non pour concourir », précise Julien Compagnon, qui a présenté cinq miels (l’acacia et le lavande aussi).
« Quand nous avons reçu le mail avec Anaïs pour nous dire que nous étions lauréats, c’était la surprise. Cela fait toujours plaisir par rapport au travail qu’on fournit, d’abord personnellement mais aussi pour les clients, habitués à venir chez nous et qui sont ainsi sûrs de la qualité. Ce sont des années de dur travail qui sont récompensées. »

Crédit photo : Auguste et Léopold.