Le 29 septembre 1385, c’est la Saint Michel et quand les Comtois tournent leurs yeux vers le ciel ils ont l’impression que le miracle est arrivé. C’est que cette année-là on attend la pluie depuis la Pentecôte. Pas une goutte de pluie, pas de rosée, un soleil de feu qui consume tout. Le Doubs, l’Ognon et même la Loue sont à sec. Les moulins cessent de tourner, le bétail n’a plus rien à boire. Beaucoup de sources et de fontaines sont taries et les paysans croient à une colère divine ou à quelque vilaine prouesse de sorcière qui aurait ensorcelé le temps.
Le blé et le seigle brûlent sur pied, les vendanges seront misérables, on abat du bétail faute de fourrage pour les nourrir.
C’est la disette et bientôt la famine. À Dole et Vesoul, sur les marchés le prix du pain double, puis il triple. Certains sont contraints d’aller cueillir des glands dans les bois ou des baies sauvages dans les buissons. Il y a des pillages aussi…
À Besançon, on fait une immense procession à la cathédrale Saint-Jean. À Luxeuil, on prie Saint Colomban protecteur contre les calamités naturelles.
Et le 29 septembre : il pleut !
L’arrière-saison sera belle… Mais il est bien tard pour beaucoup qui y auront laissé la vie.
