Formation. Une association pour une égalité des chances

Vincent Thommelin présente « Du Jura aux Grandes Ecoles », créée dans le but de promouvoir les études longues et accompagner les jeunes ruraux qui souhaitent accéder à ces études-là.

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L'association est intervenue fin décembre au lycée de Salins.

Vincent Thommelin, pouvez-vous dans un premier temps nous présenter votre parcours ?

Jurassien, j’ai grandi à Séligney vers Le Deschaux. J’ai étudié au lycée de Dole puis en classe prépa à Dijon puis en école de commerce à Toulouse avec un double diplôme avec Sciences po. Depuis 2021, je travaille comme collaborateur parlementaire de Danielle Brulebois. Depuis un an et demi, je suis président de l’association Du Jura aux Grandes Écoles, une association créée en 2022. Elle est une déclinaison départementale de la fédération Des Territoires aux Grandes Écoles, fondée en 2017. L’objectif est d’accompagner les jeunes jurassiens dans leur orientation, l’association a pour ambition de fédérer une communauté d’étudiants et de diplômés de tous âges souhaitant agir pour faire vivre l’égalité des chances dans le Jura et œuvrer à son développement.

D’où vous est venue cette volonté d’accompagner les jeunes ?

J’ai fait le constat que beaucoup de mes camarades ont abandonné des filières car ils avaient été mal orientés, notamment vers les grandes écoles. Quand j’ai fait mon stage en cabinet ministériel, j’ai vu les chiffres d’accès aux grandes écoles pour les ruraux, cela m’a révolté. Grâce à un autre Jurassien Christophe Boillon, nous avons créé cette association dans le but de promouvoir les études longues et accompagner les jeunes ruraux qui souhaitent accéder à ces études-là.

Combien existe-t-il d’antennes départementales de cette fédération ?

On est 55 aujourd’hui. Celle du Jura a été créée il y a trois ans, Christophe Boillon en était le président avant moi.

Quelles sont vos actions ?

Le cœur de nos actions, ce sont les interventions auprès des premières et terminales pour présenter notre association et nos actions et présenter aussi les chiffres qui sont édifiants. Un élève parisien a trois fois plus de chance d’accéder à une grande école, (commerce, ingénieur, IEP, sciences po…) surtout sur concours. L’inégalité est encore plus importante avec les non franciliens. Dans ces grandes écoles, la moitié des effectifs vient des grandes villes alors que les lycéens des grandes villes représentent 20 % en France et alors que le niveau des lycéens est sensiblement le même entre Dole, Saint-Claude, et Paris 18e.

Comment expliquez-vous ces chiffres ?

On fait trois constats. L’autocensure d’abord qui est un facteur qu’on trouve très régulièrement. Ils ont les capacités, les bons dossiers mais il y a toujours le « c’est pas fait pour moi ». C’est dommage car les jeunes ruraux font souvent de très beaux profils.

L’éloignement des filières est également important. Dans le Jura, si on veut faire une classe préparatoire, on est obligés de quitter le département. Ce peut être une source de stress d’un point de vue financier.

La question des finances est très importante. Il faut pouvoir se loger, plus le coût de la vie, etc…

Quelles sont vos autres actions ?

Le mentorat. Dans nos échanges, des élèves n’osent pas questionner. Cela permet des accompagnements plus personnalisés. Le but est d’accompagner l’élève avec parcoursup, quel stage choisir, vers quelle filière s’orienter…

Cette année, nous souhaitons mettre en place un système de bourse au mérite en partenariat avec le crédit agricole. Quand on discute avec les parents, l’aspect financier est toujours le premier critère qui revient.

Combien de bénévoles avez-vous ?

Nous sommes sept. L’association vit à travers ses membres. Nous accueillons volontiers de nouveaux adhérents. Il y a de nombreux beaux parcours d’étudiants jurassiens très sensibilisés à cette question-là. Je les engage à me contacter. Dans l’association, pour moitié on a des jeunes diplômés, et aussi des personnes encore en étude. Pour s’identifier, c’est plus facile pour les jeunes quand leurs mentors sont encore en étude ou viennent d’arriver sur le marché du travail.

Trois membres travaillent à Paris, les autres sont en étude à Lille, en Allemagne… Avant les vacances de Noël, nous sommes intervenus au lycée Considérant à Salins-les-Bains, nous rentrons régulièrement dans le Jura.

Est-ce que réussir, c’est ne pas travailler dans le Jura ?

Non pas du tout. C’est une très bonne question. Nous voulons promouvoir l’égalité des chances, mais aussi faire la promotion des territoires. L’association est jeune et on ne peut pas tout faire, mais on essaie de promouvoir aussi le retour des jeunes dans le Jura car il y a plein de belles choses à faire. Ça passe également par recréer du lien avec les entreprises… On peut réussir partout, le premier objectif étant d’être heureux et dans le Jura on peut l’être. Notre message est juste de dire aux jeunes de faire ce qu’ils veulent et de le faire à fond, pas forcément de faire des grandes études, ce n’est pas du tout notre sujet ni le message qu’on veut porter. Il y a aussi plein de beaux parcours à faire dans le Jura en dehors des grandes études.

Contact sur les réseaux sociaux : Instagram djge39, page facebook Du Jura aux Grandes Ecoles et linkedin.