Champagnole & Région. Une exposition sur le Mont Rivel à Champagnole

Elle vient d’être inaugurée au musée et permet de revenir entre autres sur la catastrophe du 27 juillet, dont la Ville va commémorer les 60 ans ce samedi.

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Cette catastrophe a marqué à jamais la « Perle du Jura ». Première à être venue découvrir l’exposition avec Sandra Coullenot, Framboise, de Champagnole.

 

Jusqu’au 27 septembre, le musée propose une exposition temporaire « Il y a 60 ans, la catastrophe du Mont Rivel ».

« On part de la géomorphologie du Mont Rivel avec les fossiles », présente Sandra Coullenot. Le Mont Rivel, dominant Champagnole, est d’abord le témoin d’une histoire vieille de 160 millions d’années. Avant l’apparition de cette butte naturelle, c’est un paysage marin qui se trouvait ici.

Une agglomération gallo-romaine

Une deuxième vitrine montre l’occupation antique. A partir du 1er siècle, le lieu fut occupé par une agglomération gallo-romaine, constituée d’un important centre culturel doté de deux de deux temples connectés par une aire sacrée. Les occupants exploitaient déjà les gisements de calcaire de la région pour la production de chaux.

L’exposition retrace ensuite l’ère industrielle. L’occasion de rappeler que « Champagnole possède un riche passé industriel – parfois attesté depuis plusieurs siècles – avec des filières importantes comme celles du bois, de la métallurgie sans oublier les activités de minoterie et de tannerie bénéficiant toutes deux de l’énergie hydraulique fournie par l’Ain en contrebas de la ville ». A la fin du 19e siècle, l’exploitation de la carrière du Mont Rivel s’ajoute à ces activités. La production de ciment débute, elle, en 1920.

Le 27 juillet 1964, vers 12 h 10, des galeries d’exploitation s’effondrent. Quatorze hommes sont piégés. L’effondrement coûtera la vie à cinq hommes. Le musée revient sur ce sauvetage. Des objets – contemporains à l’extraction du Mont Rivel – sont à découvrir (lampe-chapeau avec casque, batterie et ceinture, piochon, restitution d’un « pendu » avec seau, scie égoïne et bleu de travail). Ils proviennent du musée de la mine de Blanzy. Est proposé également un retour sur la couverture médiatique de l’événement (photos, articles) et aussi des courriers.

L’histoire de l’exploitation de la carrière

Sandra Coullenot raconte qu’au départ, les calcaires étaient extraits pour la fabrication de chaux et le banquier de Salins – Alfred Bouvet – crée une fabrique en 1895. C’est plus tard, à partir de 1920, avec la création de la ligne à chemin de fer, que la production de ciment débute (cimenterie Bouvet-Ponsar). Des phases de modernisation des outils de production s’en suivront pour répondre aux demandes croissantes du domaine de la construction. En 1974, l’usine connait une crise importante, une partie de l’activité ayant été délocalisée à Rochefort.

Si Champagnole n’a jamais été un pôle minier, l’extraction de calcaires hydrauliques a permis à des dizaines de salariés d’en vivre : ils étaient carriers, conducteurs, chefs de fours, ouvriers d’entretien ou encore cadres administratifs. Ainsi, le calcaire – aussi appelé rauracien pour son faciès géologique du Jurassique supérieur – fut prélevé au sein de tout un réseau de galeries horizontales soutenu par d’énormes piliers. Des perforatrices mécanisées de types « Jumbo » prélevaient le calcaire à ciment puis le chargeaient dans des camions pour une livraison à la cimenterie implantée au pied de la montagne de la « Perle du Jura ».

A la suite de la catastrophe du 27 juillet 1964, l’exploitation s’est opérée à ciel ouvert jusqu’en 1995 date de l’arrêt de l’extraction pour des raisons économiques. Cette cessation d’activité industrielle marque la fin d’une ère dans une ville où les cimenteries ont façonné le paysage économique. Au début des années 1990, les Ciments de Champagnole deviennent les Ciments d’Origny. C’est à cette société que la ville rachète le site en 1996 dans l’objectif de lui redonner sa valeur patrimoniale. « Aujourd’hui, les carrières désaffectées et les vestiges de la cimenterie se dressent comme des monuments silencieux de cette période révolue », conclut Sandra Coullenot.