Édito. Soir de colère

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Édito.
Le ciel se teintait d’une étrange lueur ocre, orangée, puis soudainement, en ce soir de fin janvier, il vira au rouge vif.
C’était un signe des éléments. La tornade de la révolte, de la fureur, de l’insubordination voire de l’insurrection était irrémédiablement enclenchée.
Toutes ces années de soumission à des injonctions absurdes, à des normes contradictoires, à des décrets imposés abusivement par des pseudo-sachants totalement déconnectés du quotidien de l’immense majorité du peuple (exploitants agricoles ou consommateurs), c’en était trop. Définitivement trop.
Puisque depuis si longtemps les instances étatiques, coincées entre le marteau élyséen et l’enclume de Bruxelles, ne parvenaient à réellement régler le dilemme, il n’y avait d’autre choix que de manifester son instinct de survie en employant la manière forte. La seule qui, depuis que le monde est monde, fonctionne efficacement en pareil casultime recours (profondément humain) lorsque l’intégrité et la dignité personnelle deviennent mises en péril : s’emparer de la fourche, de la faux, ou du tracteur et ne plus s’en servir seulement pour moissonner ou arracher les pommes de terre…
S’opérait alors une mystérieuse transcendance avant de partir au combat. Toute peur s’évanouissait.
Il faut dire que l’objectif était plus que louable : sauver sa vie, vouloir et pouvoir vivre comme il se doit, des fruits de son travail.
Il allait falloir faire le grand choix : la liberté ou la mort à petit feu ?
Il s’agissait désormais bien plus que d’une question d’honneur. En réalité, il n’y avait plus d’autre issue que celle de renverser la table, accomplir un coup d’éclat retentissant, afin que cette toute-puissance arrogante, silencieusement subie depuis tant d’années, par ceux qui n’y comprennent rien à la réalité du métier de ceux qu’ils dirigent (leurs perceptions n’étant axées que sur des fiches de synthèse, des bruits de couloir et des tableurs Excel) cesse à tout jamais. En clair, que justice soit faite.
C’était évident, cette rougeur du crépuscule l’annonçait.
Il y aurait peut-être du sang et des larmes, mais demain serait assurément meilleur qu’hier…