Que reste-t-il du « plus beau métier du monde » ?
Les plus grandes précautions avaient été prises.
Pas de communication interministérielle, itinéraire dérobé, diversions anticipées (au cas où), service de sécurité renforcé, information de la visite communiquée sous embargo par la Préfecture la veille…
Cela n’a cependant empêché ni les rassemblements syndicaux, ni les concerts de casseroles de se produire aux abords du collège Maryse Bastié de Dole où s’est rendu le Ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, accompagné par la ministre déléguée en charge des personnes handicapées, vendredi midi.
Ils auraient pourtant tellement aimé dialoguer, lui dire la difficulté croissante du métier : les effectifs très insuffisants, les conséquences des budgets en baisse, la charge mentale des correspondances incessantes via EcoleDirecte, la pénibilité, la rémunération qui stagne face à une inflation à deux chiffres, ou encore, ce sentiment dévalorisant et démotivant, d’être souvent abandonné par leur hiérarchie au moindre écueil susceptible de faire une vague… les obligeant ainsi à se transformer en psychologue, en médiateur familial ou en assistant social, en plus d’assurer les cours.
Pour preuve, le nombre de postes vacants pourrait franchir la barre symbolique du millier en cette rentrée 2023, puisque les candidats n’ont pas été pas assez nombreux à s’inscrire au concours où pourtant 8 000 postes de professeur sont à pourvoir !
C’est dire si la situation s’annonce critique, et le désamour pour la profession se vérifie.
Sur place, bon nombre d’enseignants s’avouaient désabusés de constater « ce que le système scolaire français est en train de devenir ».
Qu’on se le dise, le plus beau métier du monde n’est plus ce qu’il était.
Un ministre normal
Mais non, en bénéficiant d’une diversion lui permettant d’arriver dans le collège Maryse Bastié par une entrée secondaire, le ministre a fait comme si tout était normal.
Endossant sagement son rôle de sachant, l’historien spécialiste d’histoire sociale des États-Unis et des minorités est venu parler « inclusion » lors d’une table ronde dédiée aux pôles d’appui à la scolarisation (PAS) : dispositif visant à renforcer la scolarisation des élèves en situation de handicap.
Il semblerait qu’il ait aussi été évoqué le dispositif Passerelle, destiné à favoriser l’évolution professionnelle des enseignants et psychologues de l’Éducation nationale (psyEN).
Il semblerait seulement, puisque la presse n’était pas conviée aux échanges…
On notera enfin que la visite s’est déroulée sans représentant officiel du conseil départemental, collectivité territoriale compétente en terme de gestion des collèges (même si le maire de Dole Jean-Baptiste Gagnoux et la députée Danielle Brulebois sont aussi conseiller départemental de leurs cantons respectifs).
En effet, la commission permanente se réunissait au même moment.
Décidément, entre la visite surprise d’Emmanuel Macron à Dole le 27 avril, celle du ministre des Collectivités territoriales, Dominique Faure le 19 mai, et maintenant celle de Pap Ndiaye, on dirait bien qu’il y a sérieusement de l’eau dans le gaz entre la Macronie et le Jura.
« Sans tambours ni trompettes, « Cirque et fanfares » joue les prolongations »
Sans tambours ni trompettes, « Cirque et fanfares » joue les prolongations » déclarait, visiblement remonté, Clément Pernot sur son compte Facebook.