Dans le Jura, l’annonce de la société EO2 de vouloir implanter l’une des plus grandes usines françaises de granulés de bois suscite une vive opposition. L’association Pays de Salins Environnement monte au créneau et appelle à une mobilisation citoyenne pour stopper ce qu’elle qualifie de « grand projet inutile », menaçant à la fois la forêt jurassienne, l’environnement local et l’équilibre socio-économique de la région.
Pour les membres de l’association, les conséquences seraient immédiates pour la cité thermale réputée pour sa Grande Saline classée au patrimoine mondial de l’UNESCO : pollution de l’air, hausse significative de la circulation — avec 150 camions supplémentaires chaque jour en plus des 400 déjà présents — nuisances sonores, et risques accrus d’incendie. Plus de 3 000 habitants seraient directement touchés. Le tissu économique local, déjà fragile, repose en grande partie sur le tourisme et les petites entreprises. L’association dénonce un projet qui pourrait déstabiliser ces secteurs.
Forêts en danger et artificialisation des terres
L’empreinte écologique du projet inquiète tout autant. Huit hectares de terres agricoles seraient artificialisés, avec à la clé la destruction de plusieurs zones humides et la mise en péril d’une exploitation biologique de Comté AOC. Mais c’est surtout l’impact sur la forêt jurassienne qui mobilise. EO2 prévoit d’exploiter jusqu’à 65 000 hectares de forêt chaque année, accentuant une pression déjà forte sur une ressource naturelle fragilisée.
Loin d’un modèle vertueux d’économie circulaire, selon l’association, « l’entreprise prévoit de prélever directement du bois dans nos forêts, sur une surface d’exploitation de 65 000 hectares annuels, générant une pression supplémentaire sur des ressources naturelles déjà fragilisées ».
Suite aux avis du Préfet de Région et du Préfet du Jura, les membres de Pays de Salins Environnement ont appelé à une mobilisation citoyenne rapide, via une pétition sur Greenvoice.
L’association vise un maximum de signatures avant le 31 août, date choisie en lien avec le possible début des travaux sur le site des Mélincols, autorisés dès le 1er septembre par arrêté. À ce jour, les terrains ne sont pas encore vendus à EO2. Une promesse de vente, actée le 2 juillet 2024, fait l’objet d’un recours au tribunal administratif, non suspensif cependant au démarrage des travaux. Ces incertitudes freinent le projet et renforcent, selon l’association, la nécessité de la pétition. Depuis la médiatisation de l’affaire par Mediapart, le soutien grandit : Greenpeace héberge désormais la pétition et plusieurs médias nationaux suivent le dossier.
Plus de 9 500 signatures au 25 avril. Le chiffre augmente chaque jour.
