L’invité de la semaine : Hubert Cédot

A l’occasion de l’Assemblée générale de l’Union Syndicale de Retraités CGT du Jura, rencontre avec le secrétaire général de l’Union Départementale, qui, au terme d’une carrière bien remplie est revenu sur son long engagement politique et syndical.

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Hubert CEDOT.

Hubert Cédot, vous qui êtes depuis longtemps dans la lutte syndicale, que retirez-vous de toutes ces années et quelles sont les raisons d’être optimiste ?
J’arrive au bout d’une longue carrière, je suis secrétaire générale de l’Union Départementale après avoir été responsable régionale et départemental des PT.T. Je suis rentré au parti communiste en 1966, donc j’ai plus de 50 ans d’engagement politique et syndicale. Les luttes que j’ai entreprises n’ont pas cessé pour autant et le monde d’après ressemble au monde d’avant. Je suis malgré tout un optimiste réaliste. Être réaliste, c’est mesurer les obstacles auxquels on est confronté et aussi mesurer les possibilités que l’on a.
On est dans une situation où beaucoup se posent des questions, certains sont dans le renoncement, nous savons que ce n’est pas simple, mais les valeurs que l’on a semées sont une sorte de terreau. Terreau qui commence à porter ses fruits.
Personnellement, je pense que l’on a les ingrédients pour créer les conditions d’avancer si les gens prennent en compte toutes les données et réagissent demain.

Pour vous, la vie ne s’arrête pas à la retraite. Comment vivre cette seconde partie de l’existence ?
Nous demandons de meilleures pensions et que pour les retraités, ce ne soit pas la fin mais un épanouissement dans un nouveau parcours de vie. On veut que les retraités aient la possibilité d’être utiles autrement à la société. Par leur engagement bénévole et citoyen y compris familial, ils sont souvent aidants pour la génération d’avant et celle d’après. Si les retraités ont un bon pouvoir d’achat, ils pourront mieux vivre ce nouveau parcours. Les retraités sont très actifs. C’est aussi pour eux la possibilité de vivre dans leur environnement familial avec leurs amis et dans un contexte territorial intergénérationnel. Ceux que l’on déplace à 30 ou 40 km dans des EHPADS, comme souvent dans le Jura, on les coupe de leur milieu de vie, de là ou ils s’épanouissent. Alors qu’ils pourraient y être encore utiles.

Les jeunes semblent moins engagés, que ce soit au niveau associatif, syndicaliste et politique, comment l’expliquer ?
Je fais confiance aux jeunes, c’est à nous de leur permettre d’avoir toutes les données du problème. Aujourd’hui, on leur demande de faire des choix en les limitant à une seule pensée dominante, celle du monde capitaliste. Il faut leur montrer qu’il y a autre chose. Les syndicats et les partis politiques peuvent être des sources d’information. Il y a des valeurs chez les jeunes, comme la dignité et le respect qui ne sont pas si mauvaises que cela. Ceci étant, il faut leur permettre de les exprimer à partir d’une analyse d’un contexte différent. Demain se fera par les jeunes. Ceux-ci sont dans une période où ils se posent beaucoup de question, ils sont inquiets, parfois résignés, car il faut assurer le quotidien, et souvent vivre au jour le jour. Ils sont face à des difficultés où la première des choses est de subsister Permettons leur d’alimenter leur réflexion et surtout leur faire confiance. Quand on voit tout ce qui s’est passé avec La COVID, tous ces jeunes qui se sont investis, il y de quoi d’être optimiste.

Le rôle des syndicats semble décliner que ce soit en nombres d’adhérents ou en moyens de pressions. Le type d’un mouvement spontané comme les gilets jaunes serait-il plus profitable ?
il est vrai qu’on a formaté les gens en leur disant que ne pas être organisé c’est être libre, et que se retrouver dans une organisation, ce n’est pas l’idéal. Mais je pense que cela a commencé à évoluer. On retrouve maintenant dans certains syndicats l’arrivée de jeunes qui commencent à comprendre que s’ils ne s’organisent pas, ils vont subir…
Il y a eu l’expérience des gilets jaunes qui ont vu que de ne pas être dans une organisation avait des limites. On a aussi cultivé et encouragé ce réflexe d’agir sentimentalement plutôt qu’avec réflexion pour avoir une action pérenne. C’est vrai que c’est un problème auquel on est confronté aujourd’hui où les gens ont la tentation de se couper de tout ce qui est institutionnel. C’est pour nous une erreur.
C’est à nous aussi de corriger cela, mais je pense qu’on est face à une tentation encouragée par une offensive médiatique et culturelle qui va dans le sens d’inciter à ne pas s’organiser. Cette culture « Tapie », de la gagne à tout prix en écrasant les autres, a vécu.

Selon vous, comment sortir de ce marasme ambiant ?
On ne va pas tout changer du jour au lendemain, mais prenons comme exemple la sécurité sociale quand la France à la sortie de la guerre, même ruinée a été modèle. Si on commence à faire quelque chose dans un contexte mondial où le mal de vivre et les difficultés sont encore pires que chez nous, cela peut être de nature à encourager les autres à s’aider mutuellement pour avancer. Je pense qu’il faut des fois avoir 10 ans d’avance pour que nos arguments soient compris. On découvre souvent maintenant des choses qui avaient été énoncées mais non comprise à l’époque, et qu’on redécouvre maintenant. Il ne faut plus mettre des cautères sur une jambe de bois mais faire du neuf.
Les petites pousses vont germer, c’est la philosophie.avec laquelle je suis en phase dans mon organisation, il ne faut plus mettre des cautères sur une jambe de bois mais faire du neuf. Les utopies d’hier peuvent être les réalités de demain.