L’économie régionale en mode montagnes russes

La Banque de France et l’Observatoire de la Construction du Jura ont livré quelques éléments de réflexion pour les mois à venir. Une période à haut risque…

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Denis Prat, directeur de la Banque de France, a sondé les entreprises de la région. Photo archives.

La boucle « prix-salaires-prix » se mettra t-elle en place durant cette année 2022 ? Une question majeure puisqu’une hausse des salaires peut induire une hausse des coûts de production qui se répercute sur les prix de vente. Et comme face à celle-ci, les salariés négocient des hausses de salaire, l’inflation croît de plus belle. La Banque de France n’a pas répondu à cette question mais son Directeur départemental, Denis Prat, a reconnu qu’il fallait surveiller ce phénomène en 2022. L’institution a également livré les résultats de son enquête annuelle menée auprès de 1106 entreprises en Franche-Comté. Une enquête menée avant la guerre en Ukraine…et donc remise en cause par cette dernière. Denis Prat a toutefois mis en exergue que « peu d’entreprises franc-comtoises sont exposées » ou commercent avec la Russie. L’incertitude mondiale pèse toutefois sur les gros investissements, remis à plus tard, à l’instar des véhicules. La Banque de France a ainsi souligné que le secteur automobile pourrait connaître encore quelques trous d’air en 2022, avec une activité égale ou inférieure à 2021.

Big bang dans la construction

Qu’en sera-t-il de l’immobilier, plébiscité depuis les premiers confinements ? Une chose est sûre : beaucoup de ménages y ont investi le surplus d’épargne assez considérable amassé pendant le Covid (achats, rénovations, équipements de la maison, etc.). Grande première : le Jura est désormais doté d’un « Observatoire de la Construction », grâce à un partenariat avec de nombreux acteurs institutionnels. Son représentant a révélé la disparition de nombreuses entreprises de plus de 10 salariés au profit de micro-entrepreneurs encore plus nombreux. Une « atomisation » du secteur du bâtiment qui laisse planer un peu le doute sur la compétence ou la pérennité de ces entrepreneurs individuels. Avec une exception toutefois dans le secteur des entreprises RGE (reconnues garantes de l’environnement) : ces entreprises s’avèrent moins nombreuses, mais plus grosses, et sans faire le lit de la micro-entreprise. Mener des travaux de rénovation énergétique suppose en effet plusieurs pré-requis : de l’ingénierie financière pour monter les divers dossiers de subventions, un gros fonds de roulement pour attendre le versement des aides publiques, sans oublier les formations adéquates pour prétendre au label RGE.

La rédaction

L’Ukraine commence à peser

Dans sa dernière tendance régionale (environ 8 500 entreprises ou établissements interrogés entre le 29 mars et le 5 avril), la Banque de France souligne que « l’activité au mois de mars s’inscrit en très léger repli dans l’industrie et évolue peu dans le bâtiment. Dans le bâtiment et les travaux publics, les carnets de commandes sont consistants. La hausse des prix des achats est forte et devient difficile à répliquer dans les devis. L’amélioration s’est poursuivie dans les services marchands couverts par l’enquête, notamment les services aux particuliers (hébergement, restauration, location) en lien avec la sortie de la crise sanitaire ». Par ailleurs, « accentuées par la guerre en Ukraine ainsi que par les premières mesures de confinement en Chine, les difficultés d’approvisionnement repartent à la hausse dans l’industrie (60 % des entreprises, après 54 % en février) et dans le bâtiment (56 % des entreprises, après 46 % en février). Cette progression est particulièrement marquée dans le secteur agroalimentaire »…mais aussi automobile : « cette industrie reste frappée par …/…la pénurie persistante de semi-conducteurs à laquelle s’ajoutent des ruptures d’approvisionnement en faisceaux électriques ». Enfin, « les difficultés de recrutement sont stables et concernent environ la moitié des entreprises » souligne l’institution.