L’année des moustiques ?

Ils semblent proliférer à grande vitesse en cette fin de printemps. Depuis plusieurs jours, bon nombre de villes et villages jurassiens font face à des invasions de moustiques. Par ailleurs, notre région n’échappe pas à l’expansion du moustique-tigre désormais solidement présent en Côte d’Or, dans le Doubs et le Jura.

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La capacité du moustique-tigre à être vecteur du chikungunya, de la dengue ou du virus zika, en fait une cible de surveillance prioritaire pour les autorités sanitaires.

Une prolifération inquiétante

Cette année, bien plus que d’autres, les moustiques semblent nous envahir.
Face à cela, bon nombre de communes jurassiennes s’équipent de bornes anti-moustiques ou incitent à veiller aux eaux stagnantes. Ce qui, pour l’instant, ne semble pas suffisant pour limiter les piqûres et gâcher le quotidien des habitants.

« J’espère que des actions seront rapidement mises en place car ce n’est plus vivable. Nous n’allons pas passer notre été enfermés dans nos maisons ! » s’indigne une internaute sur la page Facebook d’un bourg de la région doloise.
C’est un fait, depuis peu, beaucoup de villages jurassiens font face à une véritable invasion de moustiques.
Des dizaines de témoignages pleuvent sur les réseaux sociaux, postés depuis la Bresse jurassienne, le Grand Dole, la région lédonienne, le Val d’Amour ou le Triangle d’Or.
Face à cela, les collectivités tentent de réagir rapidement en implantant des bornes anti-moustiques (solaires et autonomes), notamment auprès des écoles et des accueils périscolaires. Des lâchers de libellules (prédatrices des moustiques) sont parfois également envisagés.
D’autres recommandent plus sobrement de ne pas laisser d’eau stagnante (fonds d’arrosoir, et sous-coupe des pots de fleurs notamment), afin d’éviter la prolifération. D’autres encore organisent des conférences publiques en présence d’experts en biodiversité, mais rien n’y fait. Du moins pour l’instant.
« On se fait littéralement bouffer tous les jours. On ne peut plus manger en terrasse le soir. Il faut faire quelque chose ! » résume un jeune agriculteur proche de Chaussin, pour qui la baisse du nombre d’oiseaux serait peut-être un début d’explication…

Aedes albopictus est désormais parmi nous

Aedes albopictus, dit moustique-tigre, est installé depuis de nombreuses années dans 64 départements.
La capacité du moustique-tigre à être vecteur du chikungunya, de la dengue ou du virus zika, en fait une cible de surveillance prioritaire pour les autorités sanitaires et leurs partenaires, durant sa période d’activité en métropole : du 1er mai au 30 novembre.
L’objectif de cette surveillance renforcée est double : il s’agit à la fois de ralentir la progression de l’implantation du moustique-tigre et de limiter le risque d’importation et de circulation des virus dont il peut être le vecteur en métropole.
De plus, le moustique-tigre est très nuisant, il pique aussi en journée et sa piqûre est douloureuse.

En région Bourgogne-Franche-Comté

Aedes albopictus est aujourd’hui implanté dans cinq départements : en Saône-et-Loire, depuis 2014 ; en Côte-d’Or et dans la Nièvre depuis 2018 mais aussi et surtout, dans le Doubs et le Jura depuis 2020.
L’ARS (via un opérateur de démoustication) met en œuvre une surveillance dans les 8 départements de la région par un réseau de pièges-pondoirs, principalement sur les unités urbaines les plus peuplées, afin de suivre la dynamique de progression d’Aedes albopictus. Une enquête entomologique de terrain est réalisée pour confirmation en cas de nouvelle implantation, elle peut mener à considérer une nouvelle commune comme colonisée.
L’Agence Régionale de Santé intervient également lorsqu’un cas de chikungunya, dengue ou zika est déclaré à ses services (ces maladies sont à déclaration obligatoire).
Une enquête de prospection entomologique peut alors être déclenchée pour identifier ou non la présence du moustique-tigre sur les lieux fréquentés par la personne pendant la période de virémie (présence du virus dans le sang). En ce cas, un traitement insecticide peut être décidé afin d’éviter la propagation de la maladie. Jusqu’à présent, la situation ne s’est pas présentée sur nos terres.

Reconnaître et signaler le moustique-tigre

Tous les insectes qui volent ne sont pas des moustiques !
Aedes albopictus est petit : moins de 1 cm d’envergure. Il est noir avec des taches blanches sur le corps et les pattes, il a une ligne blanche sur le thorax et un appareil piqueur.
Le site https://signalement-moustique.anses.fr/signalement_albopictus/ permet de bien l’identifier et de le signaler.
Le portail est complémentaire du dispositif de pièges-pondoirs.

Éviter son implantation

Avant de voler et de piquer, les moustiques se développent dans l’eau, sous forme de larves.
Chacun peut avoir les bons gestes pour éviter la prolifération d’Aedes albopictus en supprimant les petits réservoirs d’eau stagnante :
– Vider (une fois par semaine) coupelles et soucoupes sous les pots de fleurs, gamelles des animaux, replis des bâches, seaux, pieds de parasol…
– Couvrir les récupérateurs d’eau
– Ranger (à l’abri de la pluie) les jouets, brouettes, seaux, arrosoirs
– Entretenir les gouttières, rigoles et chenaux
– Jeter déchets et pneus usagés
– Créer un équilibre dans les bassins d’agréments : les poissons mangent les larves de moustique.

Aedes albopictus est petit : moins de 1 cm d’envergure. Il est noir avec des taches blanches sur le corps et les pattes, il a une ligne blanche sur le thorax et un appareil piqueur.