Plus que de simples maisons, ce sont des fragments de mémoire collective qui s’apprêtent à renaître à Tavaux et Damparis. Dans les prochains mois, les anciennes habitations ouvrières, ancrées dans le patrimoine local, vont faire peau neuve. Témoins de l’essor industriel impulsé par l’usine Solvay au XXe siècle, ces bâtisses vont être transformées en logements modernes, confortables et économes en énergie.
Pendant des décennies, ces maisons ont accueilli les ouvriers de l’usine, implantée à quelques encablures. Elles étaient le cœur battant d’un quartier vivant, où familles et générations se succédaient. Mais peu à peu, la cité ouvrière s’est vidée. Les habitations, laissées à l’abandon, ont commencé à se dégrader, jusqu’à n’être plus que l’ombre d’elles-mêmes. Propriétés de la société Inovyn, les 37 maisons ont finalement trouvé un nouveau destin en 2021 : elles ont été rachetées par Grand Dole Habitat pour 1,5 million d’euros.
Un projet semé d’embûches
Ces 37 logements se répartissent dans plusieurs quartiers de Tavaux et Damparis. La plupart sont situés à proximité immédiate de l’église Sainte-Anne, classée monument historique. Un classement qui, paradoxalement, a ralenti le projet. « Et qui aura causé beaucoup de soucis, son classement étant venu s’ajouter entre-temps, causant des délais supplémentaires », explique Yves Magdelaine, directeur général de GDH. Être dans le périmètre protégé de l’édifice implique en effet des normes et des contraintes spécifiques, parfois complexes à appliquer.
La découverte d’amiante et de plomb dans certaines maisons est venue alourdir le chantier. Ces matériaux dangereux doivent être traités avant toute intervention, ce qui rallonge délais et coûts. La proximité de l’usine Solvay, classée SEVESO, constitue une autre difficulté. « Ce qui induit qu’il faut rajouter une pièce de confinement dans chaque logement », indique Jean-Michel Daubigney, maire de Tavaux. Autant de contraintes qui ont transformé ce projet de réhabilitation en véritable défi technique.
Un passé historique à rétablir
Pour autant, le pari est jugé nécessaire. « Il y a quand même des qualités de construction pour l’époque, où en n’étant pas habitées depuis une grosse dizaine d’années, elles sont encore en bon état », souligne Yves Magdelaine. Preuve que ces maisons, malgré leur vétusté apparente, possèdent une solidité et un potentiel encore exploitables.
L’objectif est double : préserver un pan du patrimoine ouvrier local tout en répondant aux besoins actuels en logements. « Ces travaux répondent aussi à une vraie attente des riverains, afin de ramener un peu de vie dans le quartier », insiste le maire de Tavaux.
Les travaux prévus sont conséquents : isolation thermique intérieure, mises aux normes électriques, réfection des murs et des aménagements intérieurs… Rien ne sera laissé au hasard. L’idée est d’offrir des logements confortables, respectueux des nouvelles exigences énergétiques et adaptés aux familles d’aujourd’hui.
À terme, l’opération aboutira à un parc diversifié : 23 logements de type 4 (de 69 à 76 m²), 9 logements de type 5 (de 89 à 97 m²) et 5 logements de type 6 (environ 110 m²). De quoi répondre à une large palette de besoins, du couple avec enfants aux familles nombreuses.
Le calendrier est déjà fixé : un premier logement témoin devrait être livré dès la fin de l’année 2025. Les premières livraisons interviendront en juin 2026, avant une fin de chantier programmée pour janvier 2027. Le coût total de l’opération est estimé à 8 millions d’euros, dont un million financé par le Fonds vert de l’État.