« 2022, c’est l’année du bicentenaire de la naissance de Pasteur. En 2019, on nous avait interrogé sur une éventuelle participation de notre part, avec un projet autour de Pasteur ; proposition que j’avais plutôt décliné, ne voyant pas très bien comment le musée pouvait proposer quelque chose d’intéressant dans ce contexte-là », confie Amélie Lavin, ancienne conservatrice du musée des Beaux-Arts de Dole. Puis, la sidération laissée par la pandémie de coronavirus est venue. Jugés non essentiels, les musées sont donc restés fermés. Dans un contexte d’obsession sanitaire, l’idée de cette exposition a émergé peu à peu.

Amélie Lavin, ancienne conservatrice du musée des Beaux-Arts de Dole, présente l’exposition.

Ceux qui délivraient le soin étaient les soignants, mais Amélie Lavin estime que l’art est « une autre forme de soin, du côté du sensible, de l’attention, une forme d’ouverture à l’extérieur, à l’autre. Nous pensions peut-être avoir un rôle à jouer ». Les musées étaient-ils si non essentiels que cela pour soigner ? Rien n’est moins sûr…

 

Cinq sections thématiques

Réalisée avec notamment des philosophes, cette exposition invite à penser la médecine et l’art comme deux techniques de soin. Elle est organisée en cinq sections thématiques.

La première section, consacrée aux « figures de soin », s’ouvre avec le célèbre tableau de Louis Pasteur observant dans son laboratoire une molle épinière de lapin atteint de la rage. Œuvre d’Albert Edelfelt datée de 1885, cette huile sur toile est une véritable héroïsation du savant. S’ensuit une galerie de portraits avec différentes figures de soin (moines, clercs…) à différentes époques.

Œuvre d’Albert Edelfelt datée de 1885, cette huile sur toile est une véritable héroïsation du savant.

La deuxième section, sûrement l’une des plus profondes, invite le visiteur à s’interroger sur la question de la norme qui définit le malade. La norme est toutefois ambivalente et a évolué au fil du temps. Dans cette section, une œuvre d’Agathe Pitié, intitulée Le Siège (2021), a particulièrement retenue notre attention car s’inscrivant dans le contexte de pandémie de coronavirus. Une véritable articulation entre œuvres anciennes et contemporaines apporte une valeur ajoutée à l’exposition.

 

L’art peut-il prendre soin de nous ?

Une constellation de gestes est ensuite proposée pour la troisième section ; de l’huile sur toile de Jean Jouvenet où Louis XIV guérit les écrouelles (1690) à deux œuvres à toucher, dont une rampe en braille de Nathalie Elemento intitulée Si quelqu’un parle, il fait clair (2019). Ces gestes médicaux peuvent être considérés comme un art en soi.

L’huile sur toile de Jean Jouvenet où Louis XIV guérit les écrouelles (1690).

En poursuivant dans l’exposition, les visiteurs se retrouvent face à l’aspect invisible du soin. « La photographie participe à cette quête du visible : l’imagerie médicale ou les images artistiques développent un nouvel imaginaire visuel qui amène à la surface du visible la question de l’invisible », expliquent les instigateurs de l’exposition. Possibilité alors de voir notamment une radio de main et un buste d’étude en plâtre du XIXe siècle.

La dernière section, peut-être la plus philosophique et originale, questionne sur la relation entre l’art et le soin. La question est posée : L’art peut-il prendre soin de nous ? Plusieurs éléments de réponse, dont un ex-voto pour sauver la Méditerranée de Régis Perray (2016) pour dénoncer la pollution des eaux. En bref, une œuvre pour prendre soin de la terre et donc, de nous.

Reconnue d’intérêt national par l’État, cette exposition a reçu le soutien de la DRAC Bourgogne-Franche-Comté, du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, du Conseil département du Jura et de l’association des Amis du musée de Dole. L’exposition bénéficie également du label Pasteur 2022 de l’Institut Pasteur et de l’Académie des Sciences.

Deux événements autour de l’exposition

En plus de l’exposition, deux événements auront lieu. Vendredi 25 novembre, à 18h30, se déroulera la soirée d’activation des corps communs de l’artiste Sarah Roshem. Deux mois plus tard, les 19 et 20 janvier, des journées d’études autour de l’exposition avec de nombreux intervenants (philosophes, médecins, artistes…) sont proposées.

Le jeudi 19 janvier, de 14h00 à 17h30 et le vendredi 20 janvier, de 9h00 à 12h00 et de 14h00 à 17h30. Salle Edgar Faure de l’hôtel de ville. Entrée libre.

Des jeudis du musée auront aussi lieu. Le prochain se déroulera le 8 décembre à 18h30 et accueillera Alexis Anne-Braun, maitre de conférences en esthétique et philosophie de l’art à l’ENS-PSL et co-commissaire de l’exposition. Des visites guidées et des visites-ateliers sont aussi prévues.

 

Informations pratiques : Le musée des Beaux-Arts de Dole (85, rue des Arènes – 39100 Dole) est ouvert tous les jours de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00, sauf le dimanche matin et le lundi. L’exposition « Prendre soin. Restaurer, réparer, de la Renaissance à nos jours » est visible du 14 octobre 2022 au 12 mars 2023.