Didier Castino dresse le portrait bouleversant d’un homme qui tente de se reconstruire après quinze ans derrière les barreaux. Éditions Les Avrils.
Dans son nouveau texte, Didier Castino raconte l’histoire d’Édouard, Marseillais des quartiers Nord, multirécidiviste, qui sort de prison pour la cinquième fois en 2006, décidé à ne plus y retourner. Quinze ans derrière les barreaux ont façonné sa vie, faite d’allers-retours entre enfermements et liberté, entre ombre et lumière.
À travers ce destin, l’auteur interroge une question essentielle : sort-on jamais vraiment de prison ?
Le récit oscille entre deux mondes. L’intérieur, d’abord, où tout se rétrécit : l’espace, le temps, les sensations. Les journées s’étirent dans la promiscuité, la routine, la rumeur constante. On s’accroche à des gestes minuscules — un mot, un livre, une visite — pour ne pas sombrer. La prison devient une mécanique du corps et de l’esprit, un territoire connu et maîtrisé. Puis vient l’extérieur, la liberté rêvée, mais déconcertante. Le monde a changé : les proches se sont éloignés, le fils a grandi. L’air libre devient une autre forme d’épreuve. Édouard affronte la méfiance, le vide, la tentation du retour à l’adrénaline. Car la prison, plus qu’un lieu, laisse une empreinte indélébile : elle modèle les réflexes, les pensées, la perception même du monde.
L’auteur livre un texte brut, sensible et poétique, porté par une langue sobre et précise. Il s’abstient de tout jugement moral : il ne cherche ni à excuser ni à condamner. Il montre simplement un homme, avec sa complexité et ses contradictions. Le lecteur, selon sa propre sensibilité, pourra s’attacher à Édouard ou rester à distance, mais nul ne restera indifférent.
Ce roman bouscule autant qu’il émeut. Il invite à réfléchir sur la réinsertion, la liberté, et la capacité de chacun à renaître après la chute. Avec pudeur et justesse, Didier Castino signe une œuvre nécessaire, d’une grande humanité et d’une sobriété saisissante.
Isa sur Insta : lodyssee_des_mots
