
Le paysage associatif dolois s’est enrichi d’une nouvelle structure depuis quelques semaines. Et rien ne semblait prédestiner une telle initiative. En effet, Gregory Factory est portée par Alexandre Grzelczyk, Dolois atteint de schizophrénie.
Depuis fin septembre, Gregory Factory est devenue une association de loi 1901 reconnue par l’État. « Un aboutissement pour moi », confie Alexandre, fondateur et vice-président, qui réalise des films publicitaires. À la question de savoir pourquoi il s’agit d’un aboutissement, son sourire en dit long. « Je suis fier car j’ai commencé le montage vidéo il y a longtemps. J’ai bossé comme un dingue pour créer l’association, et la voir enfin exister est une vraie fierté », raconte-t-il.
Un parcours singulier
Derrière l’association se cache un itinéraire atypique. Diplômé d’un BTS Management des unités commerciales « pour avoir des bases », Alexandre se tourne progressivement vers la radio, où il devient animateur sur les ondes de RCF. « C’est aussi là-bas que je suis tombé malade », explique-t-il. Mais c’est aussi là qu’il découvre le montage vidéo, qui lui servira de socle pour lancer Gregory Factory.

Comme il aime le rappeler, rien n’aurait été possible sans le Groupe d’Entraide Mutuel (GEM) de Dole, l’association Une Autre Rive. « Ça a été un véritable tremplin, notamment grâce à Lise, l’animatrice, qui m’a aidé sur l’administratif. » Aujourd’hui, Gregory Factory réunit six adhérents, dont trois membres du bureau.
La vidéo au service des associations
Les activités de l’association se concentrent autour de la réalisation de films publicitaires pour des associations ou des événements. Récemment, un travail a été effectué avec les Jongleurs de Notre-Dame, « où nous avons réalisé un film de deux minutes pour présenter l’association. » Chaque film est réalisé dans une qualité optimale, en 4K, « car les clients attendent de la qualité, on veut faire quelque chose de clés en main », explique Alexandre.
Avec une cinquantaine de réalisations depuis trois ans, et une présence active sur les réseaux, Alexandre souhaite aujourd’hui transmettre ce qu’il a appris au plus jeune, « j’ai 42 ans, c’est à moi de transmettre ce que j’ai appris ». Il poursuit : « Je donne une partie de moi-même, j’aime transmettre des émotions par le biais de la vidéo ».
Au-delà de la production de films publicitaires, l’association souhaite aussi aider les jeunes, tout comme ses adhérents. « On met à disposition du matériel pour qu’il puisse aller sur le terrain, faire des vidéos, mais on apprend aussi le montage », explique-t-il. Elle peut aussi réaliser des affiches, comme le montre l’affiche des Semaines d’Information sur la Santé Mentale en Pays Dolois, créée par Alexandre.
Transformer le handicap en force
À travers Gregory Factory, Alexandre a trouvé un moyen de canaliser son handicap. « J’avais besoin d’être occupé pour me sentir bien », explique-t-il. Le GEM lui a permis d’affronter plus sereinement la schizophrénie, en partageant avec d’autres adultes concernés et en favorisant l’intégration sociale. Son compagnon Jean-Luc, président mais aussi caméraman de l’association, l’aide également à se stabiliser. « Créer me fait un bien fou », assure Alexandre.
Et les projets ne manquent pas : « Nous venons tout juste de terminer Les jeudis en musique ». La captation vidéo d’un concert du groupe Les Korniaules est aussi prévue. Et Alexandre de conclure : « Quand on veut s’en sortir, les portes s’ouvrent ».