Rubrique. Grands Mots Grands Remèdes : Par-dessus la tête

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Gérard Bouvier
Docteur Gérard Bouvier

Il va bien tout nous foutre cul par-dessus tête ce couennot. I s’croit mais -si on veut bien- c’est jamais qu’un bécasu toujours à mandriner et à mener du potin avec ses mentes ! Si c’était que d’moi j’laurais bien laissé manger au loup c’t’ébrédaulé d’première !

On se calme Marie-Madeleine ! C’est vrai que l’ordre établi est aujourd’hui menacé par un président américain élu par son peuple. Mais avant d’entrer dans la polémique écoutons plutôt ce que les mots qui racontent le désordre ont à nous révéler.

Votre « cul par-dessus tête » Marie-Madeleine n’est guère photogénique mais il est bien approprié. On le retrouve dans bousculer, culbuter, basculer… C’est logique puisqu’en 1482 le verbe culer signifiait marcher à reculons. Une déambulation incompatible avec le respect de la bonne marche du monde.

Chambouler entre parmi nos mots en 1807. Une boule a bien du mal à rester immobile et plantée sur son chant qui est la bande étroite qui entoure une roue.

C’était un équilibre instable et chambouler s’est vite fait doubler par chanceler plus courant pour décrire la démarche incertaine de l’ivrogne. C’était avant que la baisse de la consommation rapproche (plus sobrement) le sens de ce mot de : bouleverser.

Tournebouler vient du très vieux français tourneboele où boele désigne… le boyau. Cet inconfort digestif de nos ancêtres s’est perdu quand la boele est devenue avec les malfaçons du temps qui passe : la boule. La boule est aujourd’hui la tête pour tous ceux qui n’ont pas encore perdu la boule. Et le verbe s’est dévoyé au profit des bouleversés et des agités du bocal !

Débarouler comme valdinguer, saccager comme ravager et c’est la promesse de tout retrouver sens dessus dessous. Un projet prioritaire pour les détraqués et les dérangés. En attendant de les voir à leur tour dégringoler.

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