Pétard de bois ! Mais vous y croyez pas ! I vont nous courir sur l’haricot (1) encore longtemps ces deux zygotos…
La Marie-Madeleine ne décolère pas et ses jugements sur Donald Trump et Vladimir Poutine sont bien tranchés et sans tendresse ! Je les partage mais aussi je me délecte de son parler haut en couleur. Puisqu’en cette conjoncture nos vieux jurons devraient nous servir encore longtemps, alors, -pétard de bois !- cultivons-les avec les égards qu’ils méritent. (2)
Car enfin, saperlipopette ! Que deviendrions-nous si tous nos « bon sang », nos « vindzou » ou nos « crénom » venaient à se tarir ? J’entends dire parfois qu’il n’y a pas de mot pour fustiger tous ces olibrius ! Au contraire nous en sommes bien pourvus si l’on prend soin de ne pas les oublier.
Les « bon sang de bonsoir », les « bon sang de bon sang », les « coquin de sort », les « pétard de bois », les « nom d’un chien » ne demandent qu’à rendre service à nos états d’âme si l’on veut bien les tirer de l’oubli et leur laisser une deuxième chance.
Mazette ! Avec nos scrogneugneux d’aujourd’hui, au train où vont les choses nous pourrions manquer cruellement de jurons performants quand les gougnafiers et les gourgandines vont se reproduire et se multiplier. Et c’est à très brève échéance. Diantre ! C’est peut-être déjà commencé… Nom d’une pipe, regardez à droite, regardez à gauche : les Jean-foutre et les paltoquets son déjà parmi nous accompagnés de leur cour de godiches et de ribaudes.
Déterrons au plus vite nos « ventre de biche ! » (5), nos « sapristi ! » et nos « faquin ! » avant qu’il ne soit trop tard. Car si nous nous laissons prendre au dépourvu, nom d’un petit bonhomme (6), les fripons et les malotrus pourraient bien avoir le dernier mot.
Ne nous laissant pour seule consolation qu’un mot de cinq lettres.
Notes pour y voir plus clair :
Avertissement : un voyage parmi nos anciens jurons est une expérience salutaire qui nous rapproche de l’imagination fertile de nos ancêtres. Attendons-nous à quelques attendrissement complices intergénérationnels…
(1)- Mon correcteur orthographique me demande d’écrire : « sur le haricot ». Car c’est la fins des z’haricots. Et c’est là, un « h » aspiré qui impose son article entier comme dans la haine ou la honte.
Ainsi l’on dit : Le héros du hameau, est ce hâbleur dont les harangues sont autant de harpons pour accrocher la haine des harceleurs, ces fumeurs de haschisch cachés dans les haies de hêtres du village où se terrent les hérissons. Et non pas : l’héros du hameau, est ce hâbleur dont les zarangues sont autant d’harpons pour distiller l’haine des zarcelleurs, ces fumeurs d’haschisch cachés dans les les zaies d’hêtres du village où se terrent les zérissons.
(2)- Pétard de sort est de construction curieuse. On la date de 1885. Mais le pétard existait déjà en 1495. Il désignait à l’origine une petite pièce d’artillerie qui éclate de façon brutale. Le sort vient du latin et désigne à l’origine une petite tablette de bois qui servait à procéder à des tirages aléatoires parmi des candidats. Le tirage au sort est donc une sorte de tirage à la courte paille mais beaucoup moins bucolique et bien plus solennel.
(3)- Saperlipopette -bien qu’il n’ait jamais démérité- se fait rare alors que pourtant nous en avons toujours autant besoin. C’est un brin de poésie puisque c’est Rimbaud qui nous l’a proposé en 1864. Rimbaud avait essayé aussi saperlipouille et saperpouillotte mais c’est saperlipopette qui a finalement enlevé le morceau. Et c’est très bien ainsi. Saper-, dérive de sacré qui est très utilisé pour renforcer un juron ce qui est sacrément pratique.
(4)- Olybrius devenu olibrius en 1568 est le nom de plusieurs personnages déplorables et funestes des temps anciens. Dans les années 250 un gouverneur d’Antioche et un gouverneur de Gaule portaient ce nom. Ils martyrisèrent Sainte Marguerite d’Antioche pour l’un et Sainte Reine pour l’autre. Ne vous gênez pas, faites comme chez vous ! Et en 472, Olybrius fut un empereur d’Occident, l’un des derniers empereurs romains. Un grand baluchon qui ne régna que quelques mois avant de s’enfuir à Constantinople après le sac de Rome par les Vandales.
Évitons d’appeler nos enfant Olibrius, ça porte la poisse.
(5)- Si vous voulez une chambre à coucher « ventre de biche » précisez d’abord que vous parlez-là d’une référence de couleur proche du brun clair, du roux-chamois. Le juron de même couleur mais sur un ton différent est dû à Alexandre Dumas qui l’utilise dans plusieurs de ses œuvres car il était courant au XIXème.
D’ailleurs le ventre était un matériau très utilisé pour construire des jurons : ventre Saint-gris, ventre-dieu, ventre du pape, ventre de ma mère, mille ventres, ventre de moine… Tous ces jurons sont aujourd’hui disparus. On peut le regretter mais le processus semble irréversible.
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