Rubrique. Comme un lundi : Besoin de gauche

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Comme un lundi : Les lumières 2024

Elle était toute chamboulée ma voisine l’autre jour, je ne l’avais pas croisée depuis plusieurs semaines, comme si elle s’était planquée avant une catastrophe, et c’était bien ça, elle s’était enfermée chez elle en attendant que ça passe. Et l’orage brun est passé, elle a dit, soulagée comme la grande majorité des Français. J’ai eu à peine le temps de faire ouf, qu’elle était partie dans sa démonstration comme une candidate en meeting.

Elle m’a parlé de pouvoir d’achat, de retraite, d’écologie, de sécurité, d’impôts, de justice sociale, et elle a conclu que le peuple voulait du social, qu’il avait besoin de gauche, de mesures de gauche, besoin de redéfinir et de repenser sa façon de vivre en société, de faire société, de regarder l’autre, les autres. C’est pas simple. C’est plus facile d’accuser son voisin de nuisances que de comprendre pourquoi il les génère.

Oh bien sûr il en a qui, mais aussi des qui, et puis surtout il y a ceux qui… Bref on l’a échappé belle, pour le moment, car le RN n’est pas passé si loin de renverser la table et les valeurs républicaines qui sont toujours dessus. Les Français ne veulent pas de l’extrême droite, mais ils sont prêts à brandir la menace Le Pen/Bardella si on ne les écoute pas, voilà ce que j’en dis, elle a ajouté. Dernière chance, comme dit Ruffin.

Les députés vont devoir apprendre à faire des compromis, à diriger à plusieurs ou la motion de censure viendra encore remuer le couteau dans la plaie béante de notre démocratie, et après nous le déluge, et on remet ça avec ce vote RN qui ne sert à rien puisqu’on vous dit que c’est NON. Bon, y en a quand même qui veulent, qui font fi des brebis galeuses du Bar de la… , un endroit reculé où l’on a arrêté de boire du petit lait.

Et puis n’oublions pas que le RN a encore progressé, que la pensée d’extrême droite est de plus en plus assumée, que la prochaine fois le casting sera blanc comme neige peut-être, s’ils sont plus malins qu’aujourd’hui.

Pas sûr, vu qu’il en a encore qui sont capables de dire que les chambres à gaz sont des détails de l’histoire, et puis s’approche le procès de Marine Le Pen et 26 autres personnes pour détournement de fonds publics. D’ici là, le pire n’est pas certain, Macron n’est pas en vacances, mais c’est l’été, il y a du soleil et tout le monde ou presque rêve d’un pays apaisé dans lequel on vote pour quelqu’un et plus contre quelqu’un, un pays où dans les rues, la première valeur commune est le respect.

J’ai la naïveté de penser que rien n’est totalement perdu, et de l’espérer, a conclu ma voisine. J’ai été très heureux de la retrouver.

Par Eric Genetet.