Sommes-nous seuls dans l’univers ?

Révélations américaines sur les OVNIS, que faut-il en penser ? Auteur d'un ouvrage particulièrement documenté sur le sujet, le jurassien Philippe Joutier nous livre son expertise sur cette question vertigineuse, ainsi que les éléments de réponse scientifiques qu'elle laisse entrevoir...

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Philippe Joutier.

Philippe Joutier, en 2017, Alan’s voyant-médium lédonien, bien connu des jurassiens, annonçait que nous n’étions pas seuls dans l’Univers. En mars de cette année, il évoquait certaines déclarations du Pentagone annonçant des révélations imminentes. Vous avez écrit un livre sur les ovnis et connaissez bien le sujet.  Aujourd’hui où en sommes-nous de ces PAN ( Phénomènes aérospatiaux Non identifiés selon la terminologie officielle) ?
Des révélations sont annoncées régulièrement, mais détrompées tout aussi régulièrement. Pendant la guerre froide, chaque bloc supposait l’autre détenteur d’armes secrètes issues de la technologie nazie. Des mythomanes ont gagné pas mal d’argent en s’affirmant concepteur de ces engins. Aujourd’hui la reconnaissance désormais officielle de ces PAN par la France mais surtout par les États-Unis a réactivé ces affabulateurs qui ont compris l’aspect juteux du filon. Naturellement tous sont bardés de références. Et bien sûr, ils savent ! Celui qui tient la palme en ce moment est un certain David Grusch prétendument officier du renseignement au Pentagone et dont les activités étaient si secrètes que ses références sont invérifiables. Tout est bidon !

Mais pensez-vous comme Alan’s que nous ne sommes pas seuls dans l’univers ?
C’est une question vertigineuse. Existentielle. Elle interroge l’Humanité depuis son origine. Quelle angoisse si nous étions vraiment seuls ! La première réponse fut religieuse. La Terre, centre de l’Univers était unique et l’humanité forcément singulière puisque d’essence divine. Aujourd’hui la science tente de cerner la question.

Vous pensez au programme SETI ?
Vous avez raison de l’évoquer. On sait aujourd’hui de façon absolument certaine qu’il n’existe pas d’autre forme de vie intelligente dans notre système solaire. Il faut aller la chercher plus loin. Beaucoup plus loin. SETI , c’est «  Search for Extra terrestrial Intelligence ». Programme démarré dans les années 1960 sur une idée de l’astronome Frank Drake. Il supposait que des intelligences extraterrestres produiraient forcément des bruits électroniques artificiels et qu’il devait être possible de les différencier avec nos radiotélescopes. Vous noterez qu’on se limite à la seule vie intelligente en laissant forcément de côté les autres formes vivantes.  Depuis, SETI a toujours été entretenu sous différentes formes, SERENDIP, BREAKTHROUGH LISTEN financé par un Russe et surtout SETI@home qui mobilise les astronomes amateurs volontaires pour cette extraordinaire recherche .

Résultat ?
Hélas, néant ! Sauf peut-être une fois. Mais tellement fugace…Et jamais reproduit. Différencier un signal artificiel est très compliqué. Frank Drake a également tenté de cerner le nombre possible de civilisations intelligentes extraterrestres dans une équation fameuse. C’est une formule probabiliste à sept paramètres, nombre d’étoiles, nombre de celles compatibles avec la Vie, durée moyenne d’une civilisation, etc…

A quelle quantité aboutit cette formule ?
Les opinions divergent. Certains avancent le nombre de 10 000 possibilités. Mais la formule est très spéculative. Trop d’incertitudes.

Pourtant on découvre presque chaque jour des exoplanètes, il serait invraisemblable que certaines n’aient pas suivi notre évolution ?£
Prudence. Pensons au nombre de facteurs qui ont permis l’apparition de la vie sur terre. Une étoile au bon stade de son développement, elles ne sont pas si nombreuses. Une planète à la bonne distance. Et dotée d’un champs magnétique qui retient l’atmosphère, Mars n’a pas eu cette chance, enfin une planète géante, Jupiter, à proximité qui nous épargne la collision avec nombre de corps célestes erratiques que son énorme masse dévie ou récupère. L’équation de Drake a  été contestée par le physicien Fermi. Pour lui, notre soleil est une étoile jeune et  si des civilisations avancées sont apparues dans des systèmes plantaires plus anciens, leurs traces devraient être évidentes. Où sont-elles ?

Justement, quid de ces fameux OVNIS ?
J’attendais l’objection (sourire amusé). Sommes-nous visités ? Par prudence, les scientifiques parlent  de phénomènes plutôt que d’objets. Leurs existence n’est plus contestée. J’évoque dans mon livre certains incidents reconnus officiellement par le pentagone, et accessibles aujourd’hui : ceux du Princeton, croiseur lance-missiles par exemple.
En novembre 2004, il détecte ce qui sont indubitablement des objets aériens inconnus. Trajectoires aléatoires inintelligibles, ils surgissent de nulle part à haute altitude, plongent à grande vitesse, s’immobilisent puis repartent verticalement avant de disparaitre aussi soudainement qu’ils sont apparus. Le Princeton alerte le Nimitz un porte avion nucléaire qui envoie deux  F18 Hornet pour tenter de comprendre. Chaque avion comporte outre son pilote, un équipier. Ce sont donc quatre personnes qui sur zone observent un objet qui semble immergé sous la surface puis un autre, immobile mais oscillant, quelques mètres au-dessus des flots. Aucuns effets de propulsion ou d’échappement visibles. Le Nimitz fait décoller deux autres appareils, équipés de caméras. Leurs films sont facilement accessibles sur le net.
Ce sont les vidéos « FLIR  ». Un autre film est également déclassifié,  la vidéo « GIMBAL» qui a pris la vedette . Elle émane d’un autre groupe de chasses aéronavale, celui du porte-avion « Theodore Roosevelt ».

Les États-Unis jouent donc la transparence ?
Aujourd’hui. Mais pendant la seconde guerre, ces phénomènes étaient pris pour des armes secrètes. Cette théorie culminera avec la guerre froide, chaque camps soupçonnant l’autre d’en maîtriser la technologie. Incapable d’intercepter ces objets, accusé d’être déclassé techniquement, le Pentagone tentera de s’en sortir en dissimulant ce qui pouvait l’être,  en niant le reste et en jetant le discrédit sur les témoins. Bref c’est le couvercle.

Ce sera le rapport  « Blue Book » ?
Effectivement. Il date de 1952. Confié au capitaine Edward  Ruppelt, il devait obligatoirement conclure à l’inexistence des ovnis. C’était la commande.
Il n’y arrivera pas ! 12 000 cas sont étudiés dont 30% inexplicables…
Ruppelt sera remplacé par le capitaine Charles Hardin plus docile. Mais il tord tellement la réalité qu’il doit être à nouveau remplacé par le docteur Edward Condon. Malgré tous ses efforts,  le rapport Condon n’arrive pas davantage à faire un sort à tous les témoignages, mais réduit l’inexplicable à 5%. Pour s’en sortir, il conclut qu’il ne faut pas s’y arrêter et que, même si ces 5% dérangent, basta, ils trouveront sûrement une explication… mais… plus tard !

On leur attribuait déjà une origine extraterrestre ?
Plutôt terrienne. Nous sommes en pleine guerre froide. Américains et Soviétiques ont embarqué les savants nazis et japonais et chacun soupçonne l’autre d’avoir touché le jackpot en détenant les scientifiques à l’origine de ces armes. De prétendus chercheurs nazis surgissent dans les média et se font du fric en affirmant que ce sont eux qui les ont mis au point. Dans ce bestiaire des mythomanes, les plus actifs se nomment Georg Klein, Luser, Epp, d’autres n’existent tout simplement pas : Habermohl, ou sont incertains, notamment le prétendu Miethe, au passé fictif et aux diplômes bidons, mais qui réussira pourtant à apparaitre pendant cinquante ans dans toutes les historiettes qui vendront au public les ovnis comme engins nazis. Je démonte cette légende dans mon dernier livre.

Aujourd’hui les idées ont évolué ?
Le phénomène n’est plus nié. Le Pentagone révélait en 2017 l’existence d’un programme d’étude.  Créé en 2007 à la demande du sénateur Harry Reid, pour déterminer si les ovnis représentent une menace pour la sécurité des États-Unis. Ses conclusions confirment l’existence d’un phénomène irréductible à nos connaissances actuelles. En France, les témoins n’ont jamais été tournés en dérision. La gendarmerie a des instructions précises pour les entendre.

Vous-même êtes diplômé des Hautes études de la Défense Nationale et il y a eu un rapport là-dessus…
Oui, le rapport COMETA . Rédigé par cet Institut, dont des généraux, un amiral, des ingénieurs généraux de l’Armement et des scientifiques. Il concluait à l’hypothèse extraterrestre. On le trouve facilement sur Internet.

Que faut-il penser des crash d’ovnis ? Et de leur récupération ?
Vous pensez à Roswell, à Kecksburg ! Ou encore à la zone 51. Hélas c’est du Folklore. Non, les ovnis ne tombent pas bêtement en panne comme n’importe quelle voiture. C’est une vision anthropomorphique. Ces événements sont complétement élucidés. Mais les démentis glissent sur notre besoin de rêver et sont de toute façon impuissants contre les théories du complot lorsqu’elles soutiennent qu’à prétendre vouloir les expliquer, c’est bien la preuve que ces événements sont inexplicables. Savoir que le terrifiant chevalier noir, ce mystérieux objet en orbite au-dessus de nous n’est qu’un banal morceau de couverture thermique, bousille trop notre envie de merveilleux pour l’accepter ! Heureusement chaque année à Kecksburg un festval OVNI a lieu. Obligation de se déguiser en alien. Génial. Et tellement décadent ! Au moins, on rigole…

S’ils viennent vraiment d’ailleurs, alors d’où ?
Et comment font-ils ? C’est LA question. La grande question. Pas de notre système en tout cas. Et au-delà, les distances deviennent tout de suite incommensurables. Avec nos moyens actuels de propulsion, d’une vitesse de l’ordre de 15km/s il faudrait 80 000 ans pour un aller simple vers Proxima b, la première exoplanète proche. Quant à imaginer des vitesses de milliers de km/s, d’ailleurs limitée dans le cadre de notre physique à 300 000km/s la moindre collision avec une poussière spatiale volatiliserait instantanément le vaisseau. Si nous sommes visités, ces visiteurs utilisent une physique radicalement différente de celle du vieil Einstein !

Existe-il d’autres hypothèses ?
Peut-être. Nous connaissons Jean Claude Bourret. Journaliste et ancien rédacteur en chef de FR3 et de TF 1 il a beaucoup enquêté sur ces phénomènes et en a tiré de nombreux ouvrages qui font autorité sur ces questions. Rédigé avec un physicien, le dernier ouvre sur d’autres possibilités.

Comment aller plus loin ?
La sagesse commande de dissocier les deux questions : celle de la possibilité d’intelligences extérieures et celle de leur éventuelle visite. Il y a beaucoup d’astronomes amateurs souvent de haut niveau. Je les invite à participer à la recherche de signaux intelligents avec SETI@home que j’ai évoqué et qui utilise les ordinateurs personnels de volontaires pour analyser un sous-ensemble de données distribuées par un serveur installé à l’université de Berkeley.

Pour aller plus loin, quelques ouvrages :
Jean Claude Bourret : Le nouveau défi des ovnis ; L’armée parle ; La science face aux extraterrestres ; La nouvelle vague des soucoupes volantes ».
Son dernier  vient de sortir chez  Trédaniel et s’intitule « Les OVNIS voyagent dans le temps ».
Philippe Joutier : « Les ovnis fantômes du 3eme Reich » édité chez Dualpha.
Tous peuvent être commandés sur internet ou mieux, en librairie.