Éditorial

La bise du vainqueur

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Photo d'archive du Tour de France 2019. (Crédit photo : A.S.O).

Cela s’est passé mardi après-midi. Ayant œuvré à la rédaction et à la centralisation de votre journal local favori depuis les premières lueurs de l’aube, je décidai alors aux environs de 16 heures, de m’accorder une petite heure de répit, le temps de profiter de la fin de la quatrième étape du Tour de France, reliant Sisteron à Orcières-Merlette. Laquelle promettait le « début des hostilités » pour cette première arrivée au sommet d’un col de première catégorie.
Je vous ferai grâce du déroulement de la course puisque c’est à l’arrivée, plus exactement lors de la remise des récompenses sur le podium, que je restai littéralement cloué à mon fauteuil.
En effet, je m’attendais à assister à ce rituel incontournable, où d’élégantes jeunes, fraîches et jolies femmes, parées de couleurs vives (j’ai toujours adoré le subtil romantisme, très français, quasi-poétique, suscité par leurs robes à pois) accueillent les gagnants du jour et les aident à enfiler leur maillot distinctif, avant de terminer par une pudique bise sur la joue.
Mais que nenni !
Figurez-vous que cette pratique a disparu, puisque jugée (unilatéralement…) « sexiste » par nos chères amies féministes et « progressistes » ! Lesquelles argumentent non sans une odieuse véhémence que « les femmes ne sont pas des objets (de désir), ni des récompenses ». Pourtant dans leurs rangs, nombreuses sont celles à s’enorgueillir acquérir chaque fin d’année dès sa sortie, le calendrier des dieux du stade : publication affichée en tête de gondole dans la plupart des enseignes de grande distribution sans que cela ne dérange ni n’offusque personne. Un calendrier, précisons-le, composé de photos érotiques de rugbymen, mais aussi d’autres sportifs professionnels posant dans le plus simple appareil. Bref…
Néanmoins, pour Marlène Schiappa, les hôtesses du Tour de France véhiculent « des choses assez stéréotypées sur la répartition des rôles, entre l’homme champion et la femme qui fait une bise et qui est là parce qu’elle est sexy ». Même son de cloche pour Anne Hidalgo qui a fait savoir qu’elle ne voulait plus de jeunes femmes « potiches » embrassant le vainqueur du Tour sur les Champs-Élysées.
C’est oublier un peu vite que lors des courses féminines, ce sont des hommes qui remettent les fleurs aux sportives, sur le podium. Encore une fois la réforme égalitariste ne fonctionnerait-elle que dans un sens (uniquement celui qui les arrange) ?
Toujours est-il que le temps où les coureurs se retrouvaient entourés par deux charmantes hôtesses est révolu ! Il y aura désormais à leurs côtés une femme et un homme. Ou un homme et une femme. (Dictature de l’égalité de formulation quand tu nous tiens…).
Pour autant l’immense majorité des hôtesses sont unanimes à fustiger cette décision qui ne prend aucunement en compte leur avis, et les prive d’un travail (et oui c’est un travail…) qu’elles apprécient et qui les valorise.
Surtout, c’est oublier que de magnifiques histoires d’amour ont vu le jour sur les podiums entre hôtesses et coureurs. A l’image de Christophe Moreau, qui y a rencontré sa future épouse Émilie lors du Tour de France 2000. Pour l’anecdote, le franc-comtois accomplit l’année suivante la seule entorse protocolaire connue de l’Histoire de la grande boucle, en déposant un baiser sur la bouche de sa belle, lorsqu’il montait chercher son maillot jaune sur le podium de Dunkerque…
Comme quoi, celles qui prétendent détenir l’unique vérité sur le romantisme et la mécanique du désir, feraient bien de revenir aux fondamentaux anthropologiques.
Ceux qui depuis la nuit des temps nous déterminent dans nos rôles, nos codes respectifs, et incitent deux êtres qui se séduisent mutuellement (notamment via la valorisation de leurs attributs physiologiques), à concrétiser leur union en œuvrant à la reproduction et donc, à la perpétuation de notre espèce…