L’Édito. Sur le papier

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La voilà qui vient d’arriver dans notre boîte aux lettres et/ou nos e-mails : la fameuse déclaration des revenus.
Si on ne peut nier que certains efforts ont été entrepris par les pouvoirs publics, notamment depuis 2019 que la déclaration en ligne est obligatoire, laissant plusieurs millions de contribuables pantois devant leur ordinateur (et encore, lorsqu’ils possèdent un accès internet fiable, ce qui n’est pas systématiquement le cas en tous points du territoire), force est de constater que le système s’avère factuellement beaucoup moins efficient qu’il l’est prétendument vanté par nos dirigeants.
Commençons par les files d’attente interminables où, avant même l’heure d’ouverture des bureaux de l’administration fiscale, des dizaines de personnes s’entassent, piétinent, ressassent leurs interrogations, déclaration papier en main.
« Je suis arrivé un quart d’heure avant l’ouverture, il y avait déjà plus de 10 personnes devant moi. A 9 heures, la file n’avait presque pas bougé. Alors j’ai fait demi-tour et je suis reparti » me relatait jeudi dernier, quelque peu désabusé, Philippe, veuf depuis l’année dernière, avec toutes les complications que cela implique pour lui, en termes de modifications du “foyer fiscal” qu’il lui faut opérer.
« Faut-il que je couche avec une tente devant la porte ? » ironisait-il à ce sujet.
Même son de cloche concernant l’accueil téléphonique, où fréquemment les services sont surchargés et qu’il apparait, en définitive, impossible de joindre un interlocuteur pouvant nous éclairer, même après plusieurs dizaines de minutes d’attente.
Sans parler, lorsque nous arrivons enfin à obtenir un contact humain, des réponses complètement erronées qui nous sont parfois fournies. Comme par exemple que l’abattement fiscal de 7650 euros dédié aux journalistes “se fait tout seul”…
(Non, il faut utiliser le stylo de la case 1AJ, qui permet alors de rectifier le net imposable et de mentionner la déduction dans la case 1GA ).
Fâcheuse expérience que j’ai personnellement vécue, vous vous en doutez.
Ainsi, qu’il s’agisse de sécurité, d’emploi, de santé, d’enseignement, de nombreux autres domaines régaliens, et plus globalement de justice sociale, on ne peut que déplorer cette insuffisance de moyens humains et matériels, au regard de ceux qui les financent. Cette asymétrie entre les droits et les devoirs de chacun. Jusqu’à quand subirons-nous cette déliquescence généralisée ? Que faut-il pour y mettre fin ?
Comme trop souvent, notre réalité est bien éloignée des belles promesses écrites sur le papier….