Jura. Quelle mobilisation pour le vignoble durement touché ?

Arrêté autorisant l’achat de vendanges, volonté de mettre en place un comité scientifique… Etat et élus veulent agir pour aider les vignerons qui font face à une année particulièrement compliquée.

0
803
Photo d'illustration.

« Le changement climatique ne nous attend pas. Nous sommes en mode adaptation 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et nous n’avons pas le choix. » C’est en ces mots que la présidente de la Société de viticulture du Jura, Valérie Closset, a débuté la réunion de pré-vendanges vendredi 30 août à la Chambre d’agriculture.

C’était l’occasion d’abord et traditionnellement de dresser un bilan sanitaire de la saison. Les vignerons ont dû faire face à une pluviométrie importante. La période clémente n’est arrivée que tardivement, mi-juillet. La vigne a connu un débourrement précoce, puis plusieurs épisodes de gel et le plus important dans la nuit du 22 au 23 avril. Là où il y a eu plus de 70 % de dégâts, il n’y a plus rien à sauver.

Il a fallu faire face aussi à une très forte pression rarement connue dans le Jura due au mildiou. La maladie a entraîné elle aussi des pertes conséquentes. « Humainement, c’est une année très compliquée, résume la présidente. Je vous félicite d’avoir tenu le vignoble en état. Tous nos espoirs sont dans 2025. »

Le millésime 2024 se rapproche de celui de 2017, voire 2019, 2021, années qui ont souffert du gel. Le savagnin est le cépage qui a le moins souffert. Il y a des parcelles sans raisin, notamment dans le sud Revermont.

Les professionnels indiquaient qu’il fallait être prêt à commencer les vendanges ces jours.

Une étude de la microflore

Loïc Lafay du laboratoire bordelais Excell, qui travaille sur tous les vignobles français et en Espagne, analyse actuellement la microflore sur les raisins d’une vingtaine de parcelles jurassiennes. « Depuis 2019, on constate que les microorganismes augmentent en quantité et en qualité, pose le spécialiste. Cela a des incidences sur la vinification. » Les professionnels veulent rentrer dans une logique de prévention.

La démarche, initiée par la Société de viticulture, n’a pas convaincu quelques professionnels présents qui estiment que les résultats ne reflèteront pas le vignoble dans sa globalité, le nombre de parcelles prélevées étant insuffisant et les itinéraires techniques des vignerons apportant leur lot de variations.

Un arrêté pour acheter des vendanges

La SVJ a également demandé un arrêté autorisant l’achat de vendanges suite à aléas climatiques. Celui-ci a été pris par le préfet le 26 août dernier.

« Je sais que l’assurance récolte mise en place n’est pas satisfaisante et que beaucoup d’entre vous ne sont pas assurés », s’est exprimée la députée, Danielle Brulebois, qui réfléchit à différentes mesures de solidarité.

Un comité scientifique pour l’agriculture ?

Pour Clément Pernot, « il faut mettre en place un comité scientifique dans le Jura pour l’agriculture en général. Il nous faut rapidement trouver des solutions et les ressources nécessaires et financières pour les mettre en place ».

La présidente a conclu la réunion en rappelant que Soelis s’engage à fournir des vendangeurs, même à la carte. « Ces vendanges vont être de la petite épicerie. »